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Lore Baudrit – « Il n’y a pas une journée où je ne pense pas au TQO »

28 Sep 2021 12:01   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

Cadre de l’équipe de France féminine qui jouera son Tournoi de Qualification olympique en novembre à Luléa (Suède), Lore Baudrit revient sur son retour de blessure, sa saison à MODO mais également sur le rêve d’une qualification aux Jeux olympiques et les ingrédients qu’il faudra mettre pour y parvenir.

Crédit photo : Matt Zambonin / IIHF


Lore, tu joues actuellement tes premiers matches en Suède alors que tu reviens de blessure. Peux-tu nous expliquer comment tu as fait pour revenir à 100% ?

Je ne suis pas encore à 100%, mais presque ! J’ai été opérée fin avril. C’était un peu dur car avant mon rendez-vous chez le chirurgien je ne m’attendais pas du tout à un ligament déchiré, plutôt à une entorse par exemple. J’ai enchaîné très rapidement entre l’annonce et l’opération. Le staff, en particulier Emmanuel Colliot, a parfaitement assuré ma prise en charge. Après deux mois d’atèles, j’ai ensuite eu une rééducation de deux mois avec une partie à Chambéry et une au CERS de Cap Breton. Ça m’a vraiment aidé à passer un cap par rapport à mon poignet. J’ai de la chance d’avoir eu le soutien de toute l’équipe de France. J’ai pu aller à tous les stages malgré ma blessure, pour faire des séances individualisées sur glace quand je le pouvais ou travailler avec notre préparateur physique. Le soutien du staff et de toutes les joueuses a été très important pour moi, j’ai pu être sereine face à cette blessure.

Tu fais en sorte d’arriver à 100% pour le TQO ?

Oui bien sûr ! Je dirai que je suis presque à 100%, mais il me reste quelques détails encore comme mon lancé par exemple. Les premiers matches de cette saison m’ont rassuré, à chaque rencontre les sensations reviennent encore un peu plus. Après seulement cinq matches je n’ai presque plus d’appréhension. Je n’ai pas de doute, je serai à 100% pour le TQO. Là je suis à 95% on va dire (rires) !

Quels sont tes objectifs collectifs et personnels avec ton club de MODO ?

On s’est qualifié pour les playoffs la saison dernière. L’objectif sera le même cette année, mais cette fois je pense qu’on peut viser le Top 4 car on a une jeune et belle équipe. On peut avoir un peu plus d’ambition que l’année dernière. Mercredi on a battu Lulea là-bas alors qu’elles n’avaient plus perdues à domicile depuis plus d’un an. Ça nous a donné beaucoup de confiance. Individuellement j’aimerais avoir un rôle majeur dans l’équipe, en jouant dans les premières lignes, le powerplay, les infériorités… De retour de blessure, le coach a adapté mon temps de jeu pour que je reprenne confiance avec tout de suite du temps en infériorité, ce qui m’a aidé à me remettre doucement en mode match. Je ne me mets pas trop de pression sur mon rôle, mais j’espère être efficace et constante pour l’équipe.

Tu es en Suède depuis 2018. Comment qualifierais-tu ce championnat ?

Pour moi c’est le meilleur championnat en termes de structure et de professionnalisation. Le niveau est presque ce qui se fait de mieux dans le monde. C’est la première fois que je me sens presque professionnelle à 100%. Il y a des vrais contrats, de vraies structures. Même quand j’étais au Canada ce n’était pas comme ça ! Tous nos matches sont télévisés, et même gratuitement une fois par journée. La ligue travaille vraiment bien pour professionnaliser notre championnat et c’est agréable pour nous les joueuses. C’est un super championnat. Dans les tribunes ? Cela dépend des villes. À MODO ce n’est pas la folie en tribunes mais à Lulea par exemple, qui est la ville qui pousse le plus le hockey féminin, il y a du monde. Et il y aura du monde au TQO (rires).

Justement, c’est en Suède que va avoir lieu le TQO qui pourrait offrir la première qualification olympique de l’histoire des Bleues. C’est un avantage pour toi d’évoluer « à domicile » ?

J’ai déjà les repères ! Je connais la glace et l’environnement, je sais à quoi m’attendre. Les 3-4 joueuses de l’équipe qui ont déjà joué ici n’auront pas cette petite appréhension de la découverte que vont peut-être connaître les autres joueuses.

Comment les Suédoises de ton club voient l’équipe de France ?

Je pense qu’on n’a pas le même rapport à l’équipe nationale. Ce qui ressort souvent de notre équipe, c’est qu’on est une vraie famille. C’est un peu cliché mais c’est la vérité. Certaines Suédoises m’ont déjà dit qu’à Espoo lors du Mondial Élite nous avions l’air super proches et soudées et que l’ambiance au sein du groupe semblait « cool ». Notre solidarité ressort même pour des Suédoises qui ne comprennent pas le Français et se basent seulement sur le langage corporel (rires) ! En club on a aussi parlé de nos dernières confrontations à Albertville, mais pas plus que ça.

La victoire des Bleues en août à Albertville (1-0) était une première dans l’histoire. On imagine que les Jeux Olympiques sont passés d’un rêve à un objectif réalisable…

Les avoir battues au moins une fois, ça nous donne beaucoup de confiance ! On est passé de « on peut le faire » à « on l’a fait et donc on peut le refaire ». Mais nous restons lucides sur nos forces et faiblesses. Il faudra un match parfait pour les battre à Lulea, c’est ce match qui comptera.

L’équipe de France en pleine Marseillaise lors du Mondial D1A de Rouen en 2015 / © Stéphane Heude

Depuis 2002, le hockey français n’a pas été aux Jeux Olympiques. C’est une motivation particulière ?

Déjà ce serait une première pour l’équipe de France féminine et c’est une motivation énorme ! C’est un rêve pour tout le groupe… On a mis beaucoup d’ingrédient pour que ce rêve ne soit pas qu’une illusion. Les JO sont la plus belle vitrine pour un sport. Cela mettrait un gros boost sur le hockey français. Malheureusement les garçons n’ont pas réussi à se qualifier alors il ne reste plus que nous pour emmener le hockey français à Pékin. On ne se met pas de pression supplémentaire car nous sommes déjà surmotivées. Mais forcément, si on se qualifie, ça va décupler notre visibilité et, on l’espère, aider le hockey à passer un cap en France.

En 2016 à Tomakomai, l’équipe avait terminé troisième derrière le Japon et l’Allemagne. Qu’est ce qui a changé depuis ce dernier tournoi de qualification ?

L’équipe a pris cinq ans en plus, premièrement. Le groupe est le même à 70% environ, ce qui fait une énorme différence par rapport au TQO de 2016 où il nous manquait de l’expérience. Ensuite, nous avons passé un énorme cap physiquement. Tout le groupe a entamé un gros travail physique depuis quelque temps et le Mondial à Espoo nous a fait ouvrir les yeux encore un peu plus sur l’importance de ce point-là pour se rapprocher du Top mondial. On a gagné en expérience et en force physique et je pense que ça peut faire la différence. 

Assistante de Marion Allemoz, tu es une cadre du groupe. Quels sont les messages que tu essayes de faire passer aux joueuses sur le TQO ?

Le message principal est de tout mettre en œuvre pour être prêtes au TQO. Il faut qu’à la fin du tournoi, peu importe l’issue, on puisse se regarder dans les yeux et se dire qu’on a fait le maximum. Si ça passe on fera la plus grosse fête possible et si ça ne passe pas ça sera dur… mais on ne pourra pas s’en vouloir. Notre performance passera par la solidarité, l’abnégation et la persévérance. Ce sont les valeurs de l’équipe, qui a été construite autour de ces mots. « Ne rien lâcher », « tout donner » sont des phrases un peu bateaux, mais elles prennent sens quand on est sur la glace.

Lore Baudrit, ici avec Marion Allemoz, lors du sacre à Vaujany en 2018 / © Olivier Brajon

Quel est votre programme jusqu’au rassemblement de novembre ?

Sur le plan physique chacune gère dans son club et bien sûr le staff de l’équipe de France est à l’écoute si nous avons des demandes. On a également des réunions en visio-conférence avec tout le groupe. C’est important, même si nous prenons naturellement et régulièrement des nouvelles entre nous sur un groupe commun.

Tu as hâte d’y être ?

Il n’y a pas une journée où je ne pense pas au TQO… et je ne suis pas la seule dans ce cas ! J’ai tout fait pour y être malgré ma blessure, et voir que je vais pouvoir jouer est un vrai soulagement.

Entretien réalisée le vendredi 24 septembre


Lore Baudrit en bref :

  • Née le 11 octobre 1991
  • #19 et attaquante des Bleues
  • Club : MODO (Suède)