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Florian Hardy : « Ces 15 ans ont été riches en émotions ! »

29 Mar 2022 17:16   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

Après plus de quinze ans sur la glace, dont dix à garder la cage des Bleus, Florian Hardy a mis un terme à sa carrière de hockeyeur professionnel mercredi dernier. Il revient sur ses derniers instants avec Anglet, ses souvenirs sous le maillot bleu et confie qu’il aimerait rester proche de la glace pour transmettre son expérience.

Crédit photo : Xavier Lainé / FFHG


Un peu moins d’une semaine après ton dernier match avec Anglet contre Nice (7-3), peux-tu nous raconter nous les derniers moments de ta carrière ? 

C’était une superbe journée ! J’ai essayé de la vivre à fond. J’ai la chance d’avoir pu choisir la date, donc j’ai vraiment pu profiter. Anglet m’avait réservé une belle surprise avec une cérémonie où il y avait tous mes copains et ma famille, je m’en rappellerais très longtemps.

Les émotions viennent au fur et à mesure que le chrono défile dans ces moments ?

Le score était assez large donc j’ai bien pu profiter des dernières minutes. Les images revenaient en tête sur la fin de match, puis j’essayais de me créer de nouveaux souvenirs en regardant un peu partout autour de moi.

Tu termines avec l’étoile du match. C’est mérité ?

(rires) Je pense que c’était un peu prévu à l’avance… c’est surtout pour me faire plaisir !

Florian Hardy lors de son dernier match avec Anglet le 23 mars 2022 (Crédit : Louis Rerat-Vallée et One Capture)

Après plus de 15 ans au haut niveau, avec des passages notamment en Allemagne et en Autriche, que retiens-tu de ta carrière ?

Toutes les rencontres que j’ai pu faire. Le Hockey m’a permis de voyager, de rencontrer d’autres personnes et d’autres cultures. J’ai pu jouer à différents niveaux aussi. Je retiens toute cette richesse… et bien sûr tous les beaux moments de sport.

Justement, quels sont tes meilleurs souvenirs avec les Bleus ?

Il y en a eu beaucoup, ces 15 ans ont été riches en émotion ! On me parle souvent du match contre la Russie en 2013, qui était mon premier match (ndlr : les Bleus l’emportent 2-1). C’était mémorable pour moi, car tout était nouveau. Pouvoir démarrer dans un tel match restera gravé en moi. Le match contre la Finlande aussi lors du Championnat du monde à Paris. Ce Mondial était fabuleux à vivre. Comme on joue souvent loin de la maison avec les Bleus, c’est rare d’avoir ses proches en tribune. J’ai pu partager avec eux ce bonheur en 2017.

Entendre les « Hardy Hardy ! » provenant du public devait être une grosse fierté pour toi, d’autant plus si ta famille était présente…

Je ne pensais pas que j’allais vivre ça un jour ! C’était exceptionnel, à jamais dans ma tête.

Si tu devais ne retenir qu’un arrêt en équipe de France ?

Je pense en premier au pénalty contre le Russe Radulov en 2013. J’ai vraiment pris confiance suite à cet arrêt, qui est un tournant du match. Il m’a prouvé que j’en étais capable. Et puis, forcément, celui contre la Finlande de la crosse ! Tout le scénario autour était dingue. Les arbitres sont allés voir la vidéo mais elle ne fonctionnait pas. Pendant ce temps l’action repassait sur l’écran géant et on entendait la clameur du public. C’était un arrêt important dans la physionomie du match en plus. Les deux arrêts correspondent à mes deux meilleurs souvenirs finalement (rires).

L’arrêt aussi beau que décisif devant Radulov et celui de la crosse contre la Finlande (Crédit : X.Lainé / FFHG)

Tu as aussi vécu des moments plus difficiles…

Mon plus grand regret restera les Jeux Olympiques. J’ai fait trois TQO et à chaque fois on a loupé la qualification de rien. C’était le rêve de ma vie, comme celui de mes copains de l’équipe, du staff, de la fédération… Tu te prépares pendant longtemps pour ce tournoi, t’y mets tout ton cœur donc forcément la déception est énorme. Le dernier à Riga était encore plus dur car je savais que c’était ma dernière opportunité de réaliser mon rêve. Les championnats du Monde en Slovaquie ont été difficiles aussi avec la dernière place, c’était la première fois que ça m’arrivait. Les émotions sont démultipliées en équipe de France. C’est génial quand tu gagnes car tu as des frissons dingues, mais malheureusement les émotions sont aussi décuplées dans les moments difficiles. Ce n’est pas toujours simple à gérer.  

Heureusement tu as bien compensé avec beaucoup de beaux souvenirs !

C’est ce que je retiens. Heureusement il y a eu bien plus de bons que de mauvais souvenirs.

Tu te rappelles de ton premier regroupement ?

Je ne m’attendais pas à être appelé. C’était à Paris pour une semaine de stage. Je découvrais le maillot de l’équipe de France. Je me rappelle avoir été très impressionné d’être au milieu de joueurs mythiques. Et puis quelle fierté !

Tu as pu voir arriver de nouveaux gardiens ces dernières années… Comment vois-tu l’avenir des cages des Bleus ?

Les cages seront bien gardées. L’avenir est bon pour les gardiens français, avec des jeunes talentueux qui arrivent. La France va pouvoir s’appuyer sur un gardien solide et déjà expérimenté comme Henri-Corentin Buysse, avec derrière des gardiens talentueux comme Sebastian Ylönen, Julian Junca et Quentin Papillon. J’ai hâte de les voir évoluer. Ils ont le potentiel et les capacités pour vivre de très bons moments avec l’équipe de France.

À l’entraînement en mars 2021 avec Henri-Corentin Buysse et l’entraîneur des gardiens Vladimir Hiadlovsky

Que penses-tu de l’évolution du Hockey français depuis tes débuts ?

J’ai commencé avant la création de la FFHG. J’ai vu une fédération toujours essayer de professionnaliser le sport dans un pays où son développement est difficile. On a un sport exceptionnel qui attire les gens. Tous ceux qui viennent dans les patinoires sont surpris positivement. La Synerglace Ligue Magnus est aujourd’hui très compétitive et va l’être de plus en plus. Je pense qu’il faut continuer à mettre l’accent sur la formation pour avoir des équipes de France performantes, avec des clubs pleinement investis. Il y a encore beaucoup de choses à faire mais je pense que le hockey français est sur la bonne voie.

Tu comptes rester proche de la glace ces prochaines années ?

J’ai envie de rester dans le monde du Hockey… et surtout dans le monde des gardiens de but car c’est celui qui me passionne ! J’ai passé mon diplôme d’état à l’INF (ndlr : Institut national de formation) de la fédération dans le but de m’investir. Je veux redonner tout ce que l’on m’a appris, pour contribuer à mon échelle à la progression du hockey.

Qu’est-ce que tu dirais en tant que coach à un jeune gardien qui veut faire une carrière similaire à la tienne ?

Toujours essayer de prendre du plaisir en jouant. Le haut niveau demande beaucoup de travail et de sacrifices. Il y aura des moments de haut mais aussi des moments plus durs à gérer. La passion et le plaisir sur la glace sont un réel moteur pour travailler et toujours essayer de devenir meilleur.

Le public français à toujours été derrière toi. Est-ce que tu aurais un dernier mot pour les supporters ?

J’ai vu tous les messages sur les réseaux sociaux, en plus des appels reçus, et ils m’ont vraiment beaucoup touché. C’est important de voir l’image qu’on a laissé donc cela me rend fier. Arrêter est toujours difficile, ces marques d’affection me permettent de passer plus facilement le cap. Je remercie tous les supporters des Bleus qui ont été derrière nous. Continuez à supporter notre équipe de France, elle en a besoin et les gars feront tout pour vous faire rêver !

Florian Hardy gardant la cage des Bleus devant une AccorArena pleine pour Canada – France en 2017 (Crédit photo : X.Lainé /FFHG)

Entretien réalisé le vendredi 25 mars 2022


Florian Hardy en bref

  • Né le 8 février 1985 (37 ans) à Nantes
  • Carrière en club : Angers (2005 – 2008), Morzine-Avoriaz (2008-2009), Dijon (2009-2010), Chamonix (2010-2012), Angers (2012-2014), EHC München (GER, 2014-2015), Dornbirner EC (AUT, 2015-2017), Angers (2017-2021), Anglet (2021-2022)
  • Palmarès en club : Coupe de France (2014 avec Angers), Meilleur gardien de SLM (2012 et 2013), Meilleur joueur français de SLM (2013)
  • Avec l’équipe de France : 9 Championnats du Monde Élite, 3 Tournois de qualification olympique