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Yorick Treille : « Tout le monde a fait un gros boulot »

30 Déc 2021 16:00   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

L’équipe de France U20 a remporté le Mondial D1B de Tallinn mi-décembre. Entretien avec son entraîneur Yorick Treille, qui a glané par la même occasion son premier titre en tant que coach.


Qu’est ce que ça fait de gagner son premier titre en tant que coach ?

Ça fait plaisir ! Remonter en Division 1A, c’était l’objectif annoncé dès mon arrivée à la tête de cette équipe. Nous n’avions pas eu l’occasion de monter l’année passée, cette fois c’est bon ! On a le sentiment que notre place est dans cette division, avec des équipes comme la Norvège et le Danemark par exemple qui représentent le Top 16 mondial. Arriver à cet objectif c’est top.

 Le groupe a douté après la défaite en prolongation contre l’Ukraine (6-7) lors du troisième match ?

On savait que notre chemin ne serait pas parfait du début à la fin donc je ne pense pas qu’il y ait eu de doute dans la tête des joueurs. Ce match avec de l’adversité était nécessaire pour le groupe. Devoir faire face et apprendre des erreurs commises, ça a été une bonne leçon dans la préparation du dernier match.

Vous étiez tout proche du sans-faute. Cela provoque une frustration ?

Dans ces tournois, l’objectif final est le plus important. Depuis juillet nous avons beaucoup évoqué notre identité, notre manière de jouer et le fait que le résultat importait peu… mais une fois dans le Mondial c’est tout l’inverse ! Il fallait quand même rester concentré sur la manière tout en sachant que seul le résultat comptait. C’était l’idée et le discours tenu.

Les Bleuets après le match du titre contre la Slovénie (Crédit photo : Catherine Kõrtsmik)

Gagner un titre dans les derniers instants du dernier match (le but du 3-2 contre la Slovénie arrive à la 54ème), ce sont des émotions encore plus intenses ?

C’était disputé jusqu’à la fin, avec un scénario un peu particulier dû au faux-pas contre l’Ukraine. Face à la Slovénie nous devions forcément gagner dans le temps réglementaire et donc quand les Slovènes reviennent à 2-2, ce sont eux qui tiennent le résultat. Il restait du temps et on sentait qu’on pouvait le faire. On savait qu’on avait une grosse force offensive et pourtant le but vainqueur est venu d’un défenseur, Maxime Corvez. On commençait à fatiguer, ce but nous a fait du bien (rires). La Slovénie nous a offert une belle adversité. Gagner un match tendu, c’est toujours plus sympa. C’est ça le sport !

Quelques semaines plus tard, à froid, peux-tu nous dire ce qui a bien fonctionné dans ce Mondial ?

L’identité de jeu qu’on avait, basée sur le sacrifice et le travail, a été bien respectée. Les gars ont essayé au maximum de dicter le jeu sans reculer. On a aussi mis beaucoup de vitesse et d’agressivité dans notre jeu. Chacun a su trouver son rôle et sa mission dans ce groupe, c’est très agréable en tant que coach et ça a fait la différence sur la glace.

Les individualités ont su répondre présents aussi, avec notamment Tomas Simonsen, meilleur pointeur avec 15 points, et Jordan Hervé, deuxième meilleur buteur de la compétition avec 6 buts. Tu attendais un tel niveau de la part de ton groupe ?

On ne sait jamais qui va performer, mais on savait qu’on avait les joueurs pour le faire ! Le but était de gagner des matchs de manière contrôlée et d’éviter les succès 6-7 comme on a déjà vécu. Il y a beaucoup de talent offensif dans ce groupe et pas que, puisque certains joueurs non-sélectionnés ont également beaucoup de potentiel. La profondeur du groupe a été très importante dans notre succès. Tomas Simonsen s’est particulièrement distingué bien sûr en scorant beaucoup. Il fait une belle saison en Synerglace Ligue Magnus avec Amiens, c’est bien pour lui. C’était une victoire collective, où tout le monde a fait un gros boulot. Souvent dans un tournoi comme celui-ci une ligne a plus de réussite et c’était le cas de la ligne de Jordan et Tomas. Mais derrière eux il y avait plein d’autres joueurs capables d’apporter offensivement.  

Yorick Treille avec ses joueurs et son staff après la victoire face à l’Estonie (Crédit photo : Catherine Kõrtsmik)

Tu es aussi passé par l’équipe de France U20, c’est un passage important dans une carrière ?

Avec du recul on se rend compte que ce sont de beaux souvenirs. Au niveau du jeu, ce sont souvent des compétitions assez ouvertes, où l’on passe vite d’un camp à l’autre sur la glace, avec beaucoup d’engagements. A l’époque nous n’avions pas eu la chance de gagner un tournoi, ni de faire des résultats très intéressants. Aujourd’hui je me dis que c’était de beaux moments, un apprentissage, mais j’en garde aussi de l’amertume de ne pas avoir fait mieux ! On ne se rend pas compte du caractère unique de ces compétitions quand on les joue. C’était la dernière chance des 2002 par exemple qui ne rejoueront pas de Mondiaux U20. Ils peuvent être fiers de quitter cette compétition sur un titre. Ce dont on se souvient le plus quand on fait le bilan en fin de carrière, ce sont ces succès collectifs.

En quoi ce succès peut aider les joueurs dans leur carrière ?

D’abord il faut que les gars gardent en tête que l’équipe de France U20 est un passage, pas une finalité. Ce succès est de l’acquis, des expériences que l’on garde en soi et qui serviront plus tard. C’est intéressant pour la suite, notamment pour les 2003 qui reviendront l’année prochaine pour évoluer en D1A à un niveau supérieur. Ça aidera globalement tous nos jeunes joueurs à prendre de la maturité. Que ce soit sur les Mondiaux, la SLM ou la CHL, de plus en plus de jeunes jouent des matchs à enjeu et c’est positif pour leur développement.

Tu as repéré certains joueurs U20 qui pourraient évoluer chez les Seniors ?

Beaucoup ont le potentiel ! Je suis convaincu que certains joueurs se retrouveront en équipe de France un jour. A court, moyen ou long terme, c’est encore à définir…

Yorick Treille sous le maillot Tricolore (Crédit photo : Xavier Lainé)

Tu es également adjoint de Philippe Bozon en équipe de France. Quels sont les ambitions des Bleus pour cette nouvelle année ?

Depuis 2019 nous n’avons pas eu la chance de nous racheter après la descente, donc l’objectif est bien sûr de retourner en Élite ! Les deux premières nations monteront et on fera tout pour être l’une d’entre elles.

Quel est le programme jusqu’au Mondial D1A à Ljubljana (SLO) ?

Il y aura un rassemblement en février en Autriche puis on débutera la préparation finale en avril. Les joueurs arriveront au compte-goutte suivant les éliminés en play-offs des différents championnats. La préparation est donc difficile à piloter puisqu’on ne connaît pas à l’avance les joueurs disponibles. Mais peu importe les joueurs qui seront à Ljubljana, on aura les armes pour remonter en Élite. Avec l’Autriche, la Slovénie et la Hongrie notamment, le Mondial sera un beau challenge.

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour 2022 ?

Beaucoup de santé et une autre montée, cette fois avec les Seniors !

Entretien réalisé le mercredi 29 décembre


Yorick Treille, en bref : 

  • Né le 15 juillet 1980 (41 ans)
  • Ex-international (13 Mondiaux à son actif)
  • Carrière d’entraîneur :
    • Mulhouse (2018-2020)
    • Sélectionneur EDF U20 (2020 à aujourd’hui).
    • Coach adjoint de l’EDF Senior (2020 à aujourd’hui).