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Sacha Treille : « On rêve du doublé »

08 Fév 2023 12:51   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

Si Sacha Treille n’a pu répondre présent à la convocation de Philippe Bozon pour le stage à Copenhague en raison d’un problème physique, il a en revanche pu répondre à nos questions, dix jours après le sacre de Grenoble en Coupe de France. Le #77 des Bleus aborde sa bonne saison avec les Brûleurs de Loups, ses souvenirs en sélection et ses ambitions pour le Mondial d’Helsinki.

Crédit photo : Xavier Lainé/FFHG


Comment te sens-tu dix jours après avoir gagné ta troisième Coupe de France ?

Très bien ! C’est toujours génial de gagner, c’est pour cela que l’on joue au Hockey. On a vécu un match fort en émotion avec un scénario particulier. Nous ne sommes pas bien rentrés dans notre match mais finalement on a su profiter de nos powerplays pour égaliser puis gagner. La semaine d’après était plus difficile physiquement avec les célébrations et un match deux jours plus tard (rires). Les jours offs qu’on vient d’avoir ont fait du bien, on est de retour à 100% !

Jouer à l’Accor Arena est toujours aussi magique ?

Il y a deux choses magiques en Coupe de France : pouvoir affronter n’importe quelle équipe et jouer la finale dans la plus belle patinoire de France avec un public énorme. C’est la grande fête du Hockey français, en plein milieu de l’année.

Sacha Treille en pleine célébration après la finale de Coupe de France (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)

Tu te rappelles de ta dernière venue à l’Accor Arena ?

Comment l’oublier ? En 2017 pour les Championnats du Monde ! J’y étais allé l’année d’avant en finale de Coupe de France avec Rouen aussi.

Quel souvenir gardes-tu de ce Mondial 2017 ?

C’était juste énorme. Tous les bons souvenirs sont remontés quand j’ai vu l’Accor Arena en configuration hockey. J’ai croisé Jonathan Zwikel avant la finale et on s’est justement dit que ça rappelait énormément de moments du Mondial 2017.

Tu réalises la meilleure saison de ta carrière niveau statistiques (41 points). Comment expliques-tu cette réussite ?

Elle est liée à plusieurs choses je pense. Le travail des coéquipiers de ma ligne, qui sont présents chaque jour avec moi et m’aident à réaliser ces bonnes performances. Mon travail individuel aussi. En vieillissant, j’ai pris conscience de l’importance de la préparation physique et mentale avant les matchs. Le coach m’accorde beaucoup de confiance aussi. Je suis utilisé dans toutes les situations de match donc j’ai la chance de pouvoir m’exprimer librement, avec beaucoup de confiance. Ma réussite, c’est un mix de tout ça !

Tu es comme le bon vin, tu te bonifies avec l’âge !

C’est ce que j’essaie de faire en tout cas (rires). J’ai pris conscience en vieillissant qu’une carrière n’est pas éternelle et que si on veut durer, il faut prendre soin de soi. Que ce soit avant les matchs ou dans les préparations d’été, c’est important d’être sérieux. Cela permet d’éviter les blessures chroniques notamment.

Grenoble est leader de saison régulière, le sacre en CDF, ta réussite personnelle : cette saison démarre très bien pour toi ! Que peut-on te souhaiter pour la fin de saison ?

La santé avant tout, pour pouvoir terminer cette saison aussi bien qu’elle a commencée. Remporter cette Coupe de France nous permet de rêver du doublé, maintenant à nous de nous focaliser sur les playoffs. D’ici mars il faudra garder notre première place de saison régulière car je pense que l’avantage de la glace sera important en phases finales.

Dylan Fabre nous confiait il y a quelques temps que Damien Fleury et toi n’hésitaient pas à conseiller les jeunes et à prendre du temps pour les aider. Tu mesures ce rôle de cadre que tu as désormais ?

Ça se fait très naturellement. Je traîne beaucoup avec les jeunes, c’est peut-être dû à un manque de maturité d’ailleurs (rires). On a la chance d’avoir de très bons jeunes à Grenoble et c’est notre rôle de les recadrer si on voit qu’ils sortent du droit chemin. On a reçu ces petits conseils au quotidien de la part de nos aînés à nos débuts, donc naturellement on les transmet nous maintenant. On se doit d’aider les jeunes. C’est donnant-donnant car la jeune génération nous pousse à nous surpasser. Le Hockey a bien évolué, avec un patinage de plus en plus rapide qui peut parfois rendre les choses compliquées pour les gros gabarits comme le mien. Alors il faut s’entraider mutuellement et c’est toute la beauté d’une équipe.

Quel souvenir as-tu de ton intégration chez les Bleus et du comportement des cadres de l’époque ?

J’ai eu la chance d’avoir mon frère Yorick qui a facilité mon intégration dans le groupe. C’est parfois intimidant d’arriver dans un collectif avec des anciens et je n’ai pas connu cette difficulté. J’ai un bon souvenir de mon arrivée en sélection. Les anciens ont toujours été sympas avec les jeunes et donnaient des conseils, toujours très bons. En équipe de France on a toujours eu des bonnes générations pour nous encadrer, avec Laurent Meunier, Cristobal Huet, Fabrice Lhenry, Jonathan Zwikel et plein d’autres… A l’époque j’avais l’impression que c’étaient des papys mais aujourd’hui c’est moi ! C’est à la fois triste et marrant cette évolution (rires). J’essaie aujourd’hui de donner des conseils aussi bons que ceux reçus plus tôt dans ma carrière.

Les frères Treille, en 2007 à Qiqihar et en 2022 à Helsinki (Crédit photo : Xavier Lainé / FFHG)

Y’a-t-il un conseil qui t’a particulièrement marqué ?

On est souvent stressé quand on arrive en équipe de France. Je me rappelle certains mots comme de jouer libérer, d’oublier le contexte, que les matchs internationaux restent simplement des matchs de hockey, comme ceux qu’on joue depuis tout petit. Cette réflexion m’a aidé.

Parmi les joueurs convoqués au dernier Mondial, tu es le seul de l’équipe à avoir connu la montée en Élite à Qiqihar (Chine) en 2007. Quel souvenir gardes-tu de cette époque ?

C’était un souvenir incroyable, dans des conditions très spéciales. Rien que notre voyage aller avait duré 33 heures entre avion, train, bus et taxi. Un vrai périple ! Côté nourriture c’était aussi une autre culture à laquelle il fallait s’adapter. On avait fait un beau tournoi avec quatre victoires et une défaite aux tirs au but. La montée nous avait permis de nous qualifier pour le Mondial à Québec l’année d’après. Être récompensé directement par un Mondial au pays du Hockey, c’était juste génial.

La différence entre ces deux Mondiaux devait être grande…

C’était le jour et la nuit ! Je me rappelle qu’à Qiqihar les chefs matériels avaient branché les sèche-gants et avaient fait sauter les plombs de toute la patinoire (rires). Ce genre d’histoire n’existe pas dans le monde ultra professionnel du Canada. À Quebec nous avions des espaces détentes avec baby-foot et Playstation pour optimiser le temps du repos, je n’avais jamais connu ça. J’étais encore en Ligue Magnus à ce moment donc ce monde-là me paraissait fou. Avec Luc Tardif Jr, nous étions allés voir presque tous les matchs du Mondial, presque comme des fans. Avec du recul ce n’était pas la meilleure chose à faire niveau sportif, mais on était émerveillés par tout ce qu’on avait devant nous. On s’est maintenu là-bas et derrière on a eu une très belle histoire avec ce groupe en restant plus de 10 ans au plus haut niveau.

L’équipe de France championne du Monde D1A en 2007 (Crédit photo : Xavier Lainé / FFHG)

Sélectionné, tu n’as pu être présent au stage de l’équipe de France à Copenhague à cause d’un problème physique. Qu’est-ce qui attend l’équipe sur ce regroupement ?  

C’est avant tout un rappel sur ce qui attend l’équipe au mois de mai. Nous avons peu de temps pour nous préparer alors chaque moment est important pour se remettre en tête les systèmes de jeu et habitudes sur la glace. J’aurai aimé retrouver les copains de l’équipe de France. On se déteste parfois pendant 60 minutes en championnat mais ils redeviennent vite amis juste après la sirène de fin de match (rires).

Les Bleus vont notamment affronter le Danemark, une équipe qu’on retrouvera au Mondial. Ces matchs de haut niveau sont importants pour savoir où se situer ?

Bien sûr. C’est important de rappeler à tout le monde que face à ces Nations l’espace et le temps sont moindres par rapport à nos championnats respectifs. Il faut affronter ces pays pour se mesurer et être prêt en compétition officielle.

Quelle ambition doit avoir l’EDF pour le Mondial à Tampere ?

J’ai bien sûr envie de regoûter au quart de finale, comme en 2014, mais j’ai toujours du mal à viser trop haut. L’équipe a connu un tas de scénario différents. En Mondial chaque match peut changer la donne et, que ce soit pour la descente ou les quarts, ça pourrait même se jouer sur les autres résultats. Nous voulons aller le plus loin possible, mais aussi éviter la descente qui n’est jamais très loin de nous. Pour ça, il faudra se présenter à chaque rencontre avec une attitude de chiffonnier. Nous ne sommes pas forcément les meilleurs sur le papier mais nous jouons chaque match avec la volonté de gagner. Je sais que si nous mettons tout en œuvre pour gagner, on performera durant ce Mondial.

Entretien réalisé le mardi 7 février


Sacha Treille en bref :

  • Né le 6 novembre 1987 à Grenoble
  • Carrière en clubs : Grenoble (2005 – 2008), Färjestad (SUE) (2008-2009), Mälmo (SUE) (2009-2010), HC Kladno (CZE) (2010-2011), HC Sparta Praha (CZE) (2011-2013), Rytiri Kladno (CZE) (2013-2014), Straubing Tigers (GER) (2014-2015), Rouen (2015-2017), Dynamo Pardubice (CZE) (2017-2019), Grenoble (2019 – ?)
  • Carrière en sélection : Champion du Monde D1A en 2007 à Qiqihar (Chine), 12 Mondiaux Élite (22 points en 74 rencontres)
  • Palmarès : Champion de France x4 (2006, 2019 et 2022 avec Grenoble, 2016 avec Rouen), Champion de Suède (2009 avec Färjestad), Coupe de France x3 (2008 et 2023 avec Grenoble, 2016 avec Rouen), Continental Cup (2016 avec Rouen), Coupe de la Ligue (2007 avec Grenoble)