Bernard Deschamps

S’il fut incontestablement le plus grand gardien de but français de l’après-guerre, Bernard Deschamps le doit à un concours de circonstances. En effet, ce dernier, né en 1944 à Ploemeur en Bretagne, s’exila au Canada à l’âge de 7 ans avec sa famille,  son père ayant trouvé un emploi d’électricien à Hornepayne, une petite ville située dans le nord de l’Ontario, au Canada.

Du coup, Bernard Deschamps resta outre-Atlantique jusqu’en catégorie junior avant de revenir en France en 1963 pour effectuer son service militaire obligatoire. C’est ainsi qu’il devient pendant trois saisons le gardien de but du club de l’ACBB avant de passer « à l’ennemi » puisqu’il rejoint pour trois saisons l’équipe de l’US Métro, qui s’entraîne elle aussi sur la patinoire fédérale de Boulogne-Billancourt.

C’est pendant son séjour à l’US Métro qu’il participe aux Jeux olympiques d’hiver de Grenoble en 1968. Bernard Deschamps reste le gardien de but titulaire incontesté des Tricolores pendant plus de onze ans en formant le plus souvent un duo avec Jean-Claude Sozzi.

Au mois de septembre 1969, sollicité par le club de Chamonix, Bernard Deschamps décide de venir s’installer au pied du Mont-Blanc. Dès son arrivée dans la station alpine, il devient rapidement la vedette incontestée de l’équipe de Chamonix et du championnat de France tout entier. Enthousiasmant les spectateurs par ses nombreux exploits devant la cage, Bernard Deschamps, surnommé « Yoche », est à chaque match la grande attraction dans le temple du hockey français.

Le numéro 1 des Chamois est sacré champion de France à six reprises (1970, 1971, 1972, 1973, 1976 et 1979). Plusieurs fois « enterré » par ses adversaires, et notamment par les supporters des autres clubs qui utilisaient tous les stratagèmes pour essayer (en vain) de le déconcentrer, Bernard Deschamps parvenait à chacune de ses prestations à forcer l’admiration en faisant preuve d’une adresse et d’un sang-froid absolument extraordinaires.

En 1982, à 38 ans, lors du match de la poule finale que Chamonix perd contre Tours, le célèbre portier de Haute-Savoie, qui vient d’être sacré meilleur gardien de la Nationale A à trois reprises (1979, 1980 et 1981), pense avoir fait ses adieux définitifs à la compétition. Mais deux ans plus tard, Bernard Deschamps rechausse ses patins. En effet, au mois de septembre 1984, le club voisin de Saint-Gervais, tenant du titre, réussit à le persuader de reprendre momentanément du service afin de remplacer au pied levé un goal défaillant. Après avoir effectué une « pige » rémunératrice avec Saint-Gervais, il passe cette fois définitivement le relais à Charles Thillien.

Il prend sa retraite en 2003 et retourne vivre en Bretagne, sa région natale, dans le petit village de Locmaria à Belle île en mer. Il quitte donc définitivement la patinoire de Chamonix, le « temple » du hockey français  dans lequel il vécut durant 34 ans.