Cette saison 2015/2016 a marqué le 30ème anniversaire de la Coupe Magnus. Pour clôturer notre série d’articles célébrant cet événement, découvrez une infographie présentant les chiffres-clés depuis la 1ère remise de ce trophée mythique au vainqueur de la Ligue Magnus, en 1986.
Les frères Rozenthal sont entrés dans la légende du hockey français en soulevant, ensemble, la Coupe Magnus avec les Gothiques d’Amiens en 1999. Habitués de l’Équipe de France pendant plus d’une décennie, c’est à l’écart des glaces que les jumeaux transmettent aujourd’hui leur expérience aux nouvelles générations. Rencontre avec ces ambassadeurs du hockey français au palmarès exceptionnel.
Frères Rozenthal : « La Coupe Magnus ? C’est notre Coupe Stanley ! »
FFHG : Que représente la Coupe Magnus pour vous ?
François Rozenthal : Cela représente beaucoup en terme d’émotions. À la fin de ta carrière, ce sont les seules choses que tu retiens. J’ai eu l’occasion de soulever deux fois la Coupe et c’est vraiment un honneur quand j’y repense encore aujourd’hui.
Maurice Rozenthal : Elle a l’aspect d’une Coupe Stanley. C’est notre Coupe Stanley ! La Coupe Magnus c’est vraiment devenu un symbole au fil des années. Pouvoir la porter en fin de saison c’était une immense fierté. Ça récompense tous les efforts déployés durant la saison.
Quel est votre meilleur souvenir dans le championnat français ?
FR : C’était mon premier titre en 1999. Ça a une saveur particulière. Déjà soulever la Coupe Magnus avec mon frère c’était incroyable. Et on avait une équipe avec beaucoup de talents. J’étais jeune au sein d’une équipe très expérimentée aux côtés d’Antoine Richer ou Pierre Pousse. On n’était pas favoris et on arrive à se sublimer lors des phases finales. Je repense à l’adrénaline : cette sensation d’être dans une bulle. C’est une sensation qui me manque depuis que j’ai arrêté le hockey.
MR : Le titre avec Amiens ça reste singulier. Il y avait une vraie attente du public amiénois et c’est quelque chose que l’on n’oubliera jamais ! Je garde aussi en mémoire mes débuts en Ligue Magnus face à des grandes équipes du championnat français telles que Rouen ou Brest. Avec les Flammes bleues de Reims en 1995, j’ai pu jouer face à des joueurs de renom, dont Claude Verret, passé par la NHL ! Il y avait déjà à l’époque un très bon niveau de hockey dans le championnat français nous étions à la lutte pour le podium.
D’ailleurs quel joueur vous a le plus marqué sur les glaces de l’Hexagone ?
FR : Philippe Bozon incontestablement ! Déjà pour ce qu’il représentait. C’était un symbole pour le hockey français. Quand il est revenu de St Louis, il a intégré le championnat en cours de route. En 1995 c’était différent d’aujourd’hui : nous n’avions pas autant accès aux vidéos. À l’époque c’était compliqué de suivre la NHL. Quand il est revenu en France c’était impressionnant : on l’appelait Monsieur Bozon ! Il y a énormément de respect pour tout ce qu’il a accompli.
MR : Reimprecht c’était un exemple sur et en dehors de la glace. Il est le meilleur joueur avec lequel j’ai pu évoluer. C’était un joueur technique qui évoluait sur les trois premiers trios d’une équipe de NHL. Lors de sa venue en 2004, le club de Mulhouse avait mis en place un casque d’or pour le meilleur pointeur et lui avait décidé de ne pas le porter. Steven avait un statut à part dans le vestiaire et il donnait l’exemple. Il restait très humble. Je pense aussi à Christian Pouget, Stéphane Barin, Arnaud Briand… ce sont des joueurs qui ont marqué le championnat et qui ont porté les couleurs de la France en sélection nationale.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la Ligue Magnus ?
FR : Aujourd’hui le jeu est beaucoup plus fluide. Il y a eu des évolutions dans les règlements qui ont favorisé ces changements. La suppression du hors-jeu de passe, et plus récemment avec le dégagement hybride. Ce sont des mesures qui ont favorisé le jeu rapide. Quand je vais voir des matches aujourd’hui j’ai du mal à me rendre compte que j’étais à leur place il y a quelques années ! (rires)
MR : Je pense que le niveau est très élevé. C’est difficile de comparer, car je vois moins de matches. Mais il y a des clubs historiques qui restent dans le haut du tableau, d’autres qui émergent. Là où je ressens la différence c’est au niveau physique. Le championnat est de plus en plus professionnel et les joueurs sont mieux préparés.
D’ailleurs que va apporter selon vous la réforme de la Ligue Magnus ? (passage à 12 clubs, phase régulière en double aller-retour)
FR : C’est une excellente nouvelle pour nos jeunes Français ! Cette mesure va favoriser l’éclosion de jeunes talents en France qui vont gagner du temps de jeu supplémentaire. Ce n’est que du positif !
MR : Cela va rajouter de l’intensité dans le championnat et ça va exacerber certaines rivalités. Nous allons avoir non pas deux, mais quatre derbys Rouen-Amiens en saison régulière ! Et ça va accroître encore un peu plus la légitimité du champion : il faudra vraiment être solide pour aller au bout !
Le hockey vous manque-t-il aujourd’hui ?
FR : La glace ne me manque pas, car on a un club de veilles crosses à Dunkerque et on essaye de se retrouver tous les mois. Pour moi c’est important de garder ce caractère exceptionnel de monter sur la glace. Quand j’étais joueur aller à l’entraînement ça me rendait euphorique et j’avais envie de me donner à 200% parce que j’étais conscient du côté exceptionnel que ça avait de pratiquer ce sport. Je me sentais privilégié.
MR : Comme dit François, on a réussi à tourner la page même si je prends toujours autant de plaisir à voir les matches. Le seul aspect qui me manque c’est l’ambiance qui règne autour d’un vestiaire de hockey et ce qu’on peut y vivre. Peut-être qu’un jour ça me manquera. J’ai l’occasion de revoir mes amis pour fêter un jubilé. On se voit rarement mais quand nous nous revoyons ce sont des moments privilégiés et on profite vraiment.
Comment imaginez-vous la Ligue Magnus dans 10 ans ?
FR : J’imagine qu’elle sera une Ligue reconnue pour ce qu’elle est. Dans toutes les villes ou il y a une équipe de hockey en Ligue Magnus on s’aperçoit que ça fonctionne. Les affluences sont au rendez-vous, il y a un suivi médiatique local conséquent. C’est un sport populaire le hockey ! Il y a de beaux projets d’Arena qui voient le jour (Angers, Dunkerque) qui s’ajoutent aux infrastructures actuelles. Pourquoi pas voir le hockey dans 10 ans au même niveau qu’il est pratiqué en Allemagne ? Le Championnat du Monde 2017 l’an prochain à Paris sera une échéance importante pour le hockey français !
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Depuis 1986, année au cours de laquelle fut décernée pour la première fois la Coupe Magnus, ce trophée tant convoité n’a cessé de passer de mains en mains et de faire des tours d’honneur. En trente ans d’existence, vingt-trois capitaines ont eu l’occasion de brandir à bout de bras la célèbre coupe. En effet, deux capitaines, portant le même maillot du club de Rouen, ont eu la possibilité de toucher le graal à trois reprises, un record. Il y a d’abord eu Claude Verret (1990, 1992. 1993), puis Carl Mallette (2010, 2011, 2012).
Claude Verret joua pendant sept saisons consécutives à Rouen où son talent éclata au grand jour au point d’être surnommé « Magic ». Devenu le leader de l’équipe rouennaise, il fut l’un des acteurs principaux des fameuses « années dragons ».
Ce sympathique canadien, qui avait à la fois un patinage élégant, un sens inné du but et une étonnante capacité d’anticipation dans le jeu, marqua l’histoire du championnat de France en remportant la Coupe Magnus à cinq reprises. Par ailleurs, il disputa deux finales de la Coupe d’Europe.
Personne n’a oublié le passage époustouflant à Rouen de ce joueur très spectaculaire au gabarit pourtant modeste (1m77 pour 78 kgs), qui fut repêché par les Sabres de Buffalo dans la NHL. Claude Verret disputa onze matches dans la Ligue Nationale avec Buffalo avant d’être envoyé dans l’équipe réserve des Américans de Rochester en AHL. Après un détour par le club suisse de Kloten, c’est en France que le Canadien connut la consécration avant que ce dernier ne retourne finir sa carrière en Suisse, d’abord à Lausanne, puis au Servette de Genève, à Zurich et enfin à Rapperswil-Jona.
Carl Mallette offrit pour sa part six années de bons et loyaux services au sein de l’effectif des Dragons de Rouen. Un passage qui lui aura permis de se forger également un palmarès unique en son genre dans l’histoire du hockey français.
En six saisons, « Carlos », comme le surnomment ses proches, aura eu le temps de conquérir pas moins de dix titres : cinq Coupes Magnus, une Coupe d’Europe, une Coupe de France, une Coupe de la Ligue et un Trophée des Champions.
Son appétit aura été tout aussi féroce concernant les distinctions individuelles en Ligue Magnus. Le grand ami de Marc-André Thinel a raflé pas moins de trois titres de meilleur buteur, deux titres de meilleur pointeur, un titre de MVP étranger des médias et quatre nominations aux équipes étoiles de la saison. Des statistiques auxquelles pourraient s’ajouter ses 133 buts et 169 assists en 141 matches de saison régulière (50 buts et 45 assistances en 56 matches de playoffs). Ce qui en fait l’un des meilleurs marqueurs de l’histoire des Dragons de Rouen et le deuxième plus efficace (2,14 pts/match).
Retraité des patinoires à seulement 30 ans, Carl Mallette est retourné au Canada pour devenir entraîneur adjoint des Tigres de Victoriaville (sa ville natale), qui font partie de la Ligue de hockey junior majeure du Québec.
Retrouvez des photos d’archives des anciens capitaines rouennais dans notre galerie d’images ci-dessous.
L’année 1986 a été marquée par un événement important dans l’histoire du hockey sur glace français. En effet, c’est à la fin du championnat de France, qui s’appelait encore « Nationale A », que fut décernée pour la première fois la Coupe Magnus. Retour sur la naissance il y a 30 ans de ce trophée devenu mythique pour la famille du hockey français.
L’honneur de brandir ce nouveau trophée revint en premier lieu au capitaine de l’équipe de Saint-Gervais, André Peloffy. L’ancien attaquant tricolore le méritait amplement puisqu’il fut l’auteur de deux buts décisifs dans les cinq dernières minutes de l’ultime match à domicile. Une rencontre qui s’acheva par une victoire contre Megève sur le score de 5-3.
Le créateur de cette coupe, baptisée « Magnus » en hommage au français Louis Magnus, premier président de l’IIHF, fut le journaliste de L’Équipe Tristan Alric. Dès le lendemain du sacre de Saint-Gervais, ce dernier écrivit un article dont le titre en forme de jeu de mots était : « Une fin Magnus… fique ! ». Ce titre original avait pour objectif, non seulement d’attirer l’attention du lecteur, mais surtout de familiariser le grand public avec ce nom jusqu’ici inconnu et de donner ainsi à ce nouveau trophée une meilleure audience. Malgré cet élan, il a cependant fallu attendre trois ans avant que la Coupe Magnus ne soit définitivement reconnue comme l’unique trophée officiel du Champion de France de hockey sur glace par la Fédération Française des Sports de Glace.
Construite par un artisan de Scionzier en Haute-Savoie, en s’inspirant d’une photo de la célèbre Coupe Stanley, ce nouveau trophée a été fabriqué dans une taille donnant une apparence volontairement très spectaculaire puisque la Coupe Magnus mesure plus d’un mètre de haut et pèse pas moins de sept kilos. Ce sont les présidents des dix clubs de la Nationale A qui acceptèrent à l’époque de participer à une souscription nationale pour assurer son financement.
La volonté de rendre la Coupe Magnus incontournable dans la durée, et de la faire entrer ainsi définitivement dans l’histoire du hockey sur glace français, deviendra une réalité grâce à un coup de pouce du destin décisif. En effet, après les multiples changements d’appellations du championnat de France senior élite (Première série à Nationale A, Ligue Nationale, Nationale 1, Championnat Elite, Ligue Elite ou encore Super 16…), une réfléxion fut menée par Luc Tardif, le futur président de la FFHG, afin de choisir un nom définitif.
Son objectif et celui des dirigeants qui l’entouraient était de donner une image plus cohérente aux yeux du public et des médias qui s’y perdait un peu. C’est ainsi que le championnat de France senior élite adopta en 2004 le nom définitif de « Ligue Magnus ». Dès lors le trophée suprême du championnat de France devint un enjeu encore plus incontournable qui reste plus que jamais d’actualité trente ans après.
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