Du 5 au 21 mai 2017, Paris co-organisera avec Cologne le Championnat du Monde de Hockey sur Glace de l’IIHF. Un événement historique pour la Ville Lumière, qui avait accueilli cette compétition une seule fois, il y a 66 ans. Découvrez, en quatre épisodes, l’incroyable histoire du Mondial 1951.
Chapitre 4 : Le Vel d’Hiv s’enflamme pour le hockey
Concernant l’équipe de France, qui disputa le mondial (avec des maillots bleus traversés de rayures rouges et blanches), elle fut dirigée à l’époque par le coach canadien Alex Myhal, surnommé « Much », qui était le renfort étranger du Racing Club de France. Ce choix, totalement improvisé, vient du fait que la sélection tricolore qui évolua sur la grande patinoire du Vel’d’Hiv, était principalement composée avec des joueurs de deux grands clubs : le Racing et Chamonix (Voir composition).
On notera que si les joueurs de Chamonix étaient logés au cœur de Paris, dans l’hôtel au nom singulier de « l’Univers et du Portugal réunis », au 10 de la rue Croix-des-Petits-Champs près du Palais-Royal, les hockeyeurs montagnards prenaient la plupart du temps leurs repas à la brasserie « La Gauloise » sur le boulevard de Grenelle car elle était à deux pas du Palais des Sports où se déroulaient les matches du mondial.
La cérémonie d’ouverture du Championnat du Monde de 1951 eut donc lieu dans la grande patinoire du Vel’d’Hiv avec, pour l’occasion, des démonstrations de patinage artistique en présence de la célèbre patineuse française Jacqueline du Bief (future Championne du Monde en 1952 à Paris), le grand espoir Alain Giletti (futur Champion du Monde en 1960 à Vancouver), mais aussi les champions anglais du moment : Michael Carrington et le couple Peter et Jennifer Nickx.
Après plusieurs jours d’incertitude, treize pays au total participèrent finalement au Mondial de hockey sur glace à Paris. Ce fut le nombre le plus important depuis 1939 malgré l’absence des Tchèques, des Hongrois et des Polonais. Bref, on s’attendait à vivre une grande animation à « Grenelle » ou à « Nélaton Palace » pour reprendre les divers surnoms donnés à l’ancienne patinoire du vélodrome d’hiver par les reporters faisant ainsi référence aux deux avenues qui convergeaient vers le Palais des Sports. Les principaux journalistes français qui couvrirent à l’époque cet événement étaient Jean Lapeyre, Maurice Capelle, Jacques Freire et André Bibal qui étaient les correspondants officiels pour L’Equipe, Le Figaro et Combat.
C’est le docteur suisse Fritz Kraatz, président de la Fédération internationale, qui déclara officiellement l’ouverture de la compétition en présence de Gaston Roux, le directeur général de la jeunesse et des sports, qui avait à ses côtés Georges Guérard, président de la Fédération Française des Sports de Glace et Jacques Lacarrière président du Comité national de hockey.
Une valeureuse sélection tricolore
Lors du match d’ouverture la Norvège réussit à battre les USA 3-0. Pour l’anecdote, après deux minutes de jeu seulement le Norvégien Gulbrandsen fut fauché et il resta étendu sur la glace. Victime d’une commotion cérébrale, il sera transporté à l’hôpital Boucicaut. Dès le lendemain, la presse parisienne publia des articles à sensation en titrant notamment : « Drame au Palais des Sports, Gulbrandsen s’est écroulé… »
L’Italie, qui allait remporter haut la main le « Critérium européen » en restant invaincue, battit la France d’entrée sur le score de 4-1. Il faut souligner que malgré la présence des Tricolores sur la glace, il n’y avait que quelques dizaines de spectateurs perdus dans les gradins de l’immense Vel’d’Hiv. Il est vrai que la partie débuta à 13 heures et « à moins d’avoir un ami ou une connaissance sur la glace, il valait mieux être attablé devant un bon café » écrivit le journaliste Jacques Freire tandis que son confrère Jean Lapeyre se contenta de souligner que « les hockeyeurs français ont besoin de travailler leur technique et leur tactique… »
On notera toutefois que lors ce tournoi mondial de 1951 la valeureuse sélection tricolore termina deuxième du Critérium européen juste derrière l’Italie laissant derrière elle dans l’ordre tous les pays qu’elle réussit à battre à savoir les Pays-Bas (7-5), la Belgique (10-0), l’Autriche (7-3) et la Yougoslavie (10-3).
Après neuf jours de compétition, le rideau tomba sur le Championnat du Monde de 1951 avec un nouveau sacre incontestable du Canada, le quatorzième de son histoire. En effet, les joueurs à la feuille d’érable jouèrent les rouleaux-compresseurs en balayant successivement la Finlande (11-1), la Norvège (8-0), la Grande-Bretagne (17-1), les Etats-Unis (16-2), la Suisse (5-1) et enfin la Suède (5-1).
Neuf jours de compétition
On notera que même si le lancement du Mondial fut poussif sur le plan de la fréquentation du public, par la suite cette compétition, bien relayée par la presse écrite, devint peu à peu une véritable attraction et le nombre de spectateurs ne cessa d’augmenter au fil des jours. En effet, l’attribution du titre de champion d’Europe (qui prenait en compte uniquement les nations du Vieux Continent sans distinction de groupe) suscita un énorme engouement parmi les 15 000 spectateurs du Palais des Sports de Grenelle à tel point que l’ambiance dans le vieux Vel’d’Hiv fut comparée à l’époque à celle du célèbre stade de football du Maracana de Rio ! Il faut dire que la Suède et la Suisse, qui se retrouvèrent à égalité de points au classement de l’élite mondiale (2e et 3e), se livrèrent un duel à distance haletant lors des derniers jours. Les Suisses semblaient un ton au-dessus mais ils eurent plusieurs gros problèmes de précision dans leurs tirs. Du coup, un journaliste français, qui avait le sens de la formule, écrivit avec une ironie décapante : « Si jamais, on devait me condamner au peloton d’exécution, mon dernier souhait serait que les Suisses tirent la salve. Au moins, je serais sûr de m’en sortir vivant ! »
Par ailleurs, une bagarre générale mémorable éclata dans le Vel’d’Hiv lors du match entre l’Italie et la Belgique. La tension fut telle dans cette rencontre, programmée lors du cinquième jour de compétition, que les agents de police durent monter sur la glace pour séparer les adversaires ! Mais ce duel à crosses tirées put reprendre ensuite comme si de rien n’était pour se conclure avec une nette victoire des Italiens (6-3). Si l’attaquant transalpin Mario Passerini termina finalement premier buteur du Critérium européen (10 buts), soulignons que le français Jean Pépin (9 buts) et son camarade Roger Eté (6 buts) se classèrent juste derrière au classement final du groupe B.
Pour l’anecdote, lors du congrès de l’IIHF qui se tint à Paris en même temps que le Mondial, une décision fracassante fut prise puisque ses dirigeants décidèrent de retirer le hockey sur glace des Jeux olympiques d’hiver ! Mais, fort heureusement, la Fédération internationale revint sur sa position dès le mois d’août de la même année lors de son nouveau congrès organisé cette fois en Roumanie. Ainsi l’IIHF accepta de faire la paix avec le Comité international olympique (CIO) avec qui elle avait eu une très vive polémique lors des Jeux d’hiver de 1948 à Saint-Moritz à cause de la présence de deux sélections américaines de hockey concurrentes, l’une soutenue par l’IIHF et l’autre imposée par le CIO qui la trouvait plus « amateur ».
Auteur : Tristan Alric
Composition de l’équipe de France lors du Championnat du Monde de 1951 à Paris
Gardiens : Edmond Cochet (n°2, Racing), Rolland Wuillaume (n°1, Racing).
Défenseurs : Hubert Nivet (n°3, Racing), Jean Lacorne (n°5, Racing), Roger Eté (n°4, Racing), Calixte Pianfetti (n°7, Chamonix), Bernard Holzer (n°6, COB).
Attaquants : Jean Pépin (n°9, Racing), René Giacometti (n°8, Racing), Raymond Acquaviva (n°10, Racing), Claude Risler (n°12, CSGP), André Longuet (n°11, CSGP), Georges Baudin (n°13, COB), Jacques Heylliard (n° 14, PUC), René Cailler (n°16, Chamonix), Jean Payot (n°17, Chamonix), et le capitaine Paul Revoyaz (n°15, Chamonix)
* Un ancien tricolore est toujours vivant à ce jour : René Cailler de Chamonix. A noter que Jean Pépin et René Cailler étaient demi-frères ayant la même mère.
Du 5 au 21 mai 2017, Paris co-organisera avec Cologne le Championnat du Monde de Hockey sur Glace de l’IIHF. Un événement historique pour la Ville Lumière, qui avait accueilli cette compétition une seule fois, il y a 66 ans. Découvrez, en quatre épisodes, l’incroyable histoire du Mondial 1951.
Chapitre 3 : Un Mondial nouvelle formule
Arriva enfin l’heure du coup d’envoi du Championnat du Monde de Hockey sur Glace de Paris qui se déroula du vendredi 9 au samedi 17 mars 1951 sous la grande verrière du vélodrome d’hiver. L’ancien défenseur tricolore Jacques Lacarrière, qui était désormais le président du Comité national de hockey au sein de la Fédération Française des Sports de Glace, fut chargé de la plus grosse partie de l’organisation. À ses côtés, il y avait deux anciens gardiens de but tricolores : Robert Georges (créateur du logo Lacoste en forme de crocodile) et Philippe Lefébure (l’ancienne star du Vel’d’Hiv avant la guerre), ainsi que deux chronométreurs en chef : Maurice Delvalle et Jacques Ritz.
Les frais engagés par la Fédération Française des Sports de Glace pour l’organisation de ce Mondial de 1951 fut assez conséquent compte tenu de ses modestes moyens puisqu’il s’éleva à l’époque à 15 millions d’anciens francs (230 000 euros). Prudents, les dirigeants de la FFSG avaient eu la bonne idée de contracter une assurance auprès d’une compagnie britannique. En effet, ce contrat prenait en compte une grève éventuelle des transports parisiens. Or, cette grève eut bien lieu pendant le Mondial ce qui obligea les organisateurs à faire appel à un service de transports spécial. Par ailleurs, ce contrat d’assurance incluait aussi une éventuelle grève des moyens d’information, presse ou radio, qui, fort heureusement, ne se produit pas.
Une division en deux poules
Ce Championnat du Monde organisé pour la troisième fois par la France (après les JO de Chamonix en 1924 et le tournoi de 1930 toujours dans la même station), fut le premier à être divisé en deux poules. En effet, suite à l’augmentation des pays participants, la compétition qui se déroula dans l’ancien vélodrome d’hiver fut divisée en deux divisions. Les sept nations les plus fortes, à savoir le Canada, les Etats-Unis, la Suisse, la Norvège, la Finlande, la Grande-Bretagne et la Suède, disputèrent le titre mondial. Les six autres nations, Autriche, Yougoslavie, Belgique, Pays-Bas, Italie et France, se contentèrent de jouer dans une poule séparée et baptisée « Critérium d’Europe ».
Présente dans le tournoi le moins prestigieux, l’équipe de France avait en effet un niveau modeste car le hockey ne s’était pas encore développé dans l’Hexagone malgré une époque mémorable dont l’ancien Vel’d’Hiv fut le théâtre avant la seconde guerre mondiale avec des assistances record qui atteignirent parfois plus de 18 000 spectateurs ! A la fin de la guerre le hockey, abandonné par les joueurs professionnels nord-américains à la suite du décès du promoteur Jeff Dickson, était malheureusement redevenu très confidentiel en France et pratiqué seulement par un groupe restreint de passionnés qui habitaient soit dans la région parisienne soit dans quelques stations alpines.
Avant le coup d’envoi du Mondial de 1951, une conférence de presse fut organisée par le président Jacques Lacarrière dans les salons de l’hôtel Claridge. Par ailleurs, la Fédération des sports de glace organisa également plusieurs autres réceptions de promotion notamment à l’hôtel de ville de Paris, au Lido et au siège parisien de la célèbre entreprise de vins et spiritueux Pernod Fils…
Auteur : Tristan Alric
Composition de l’équipe de France lors du Championnat du Monde de 1951 à Paris
Gardiens : Edmond Cochet (n°2, Racing), Rolland Wuillaume (n°1, Racing).
Défenseurs : Hubert Nivet (n°3, Racing), Jean Lacorne (n°5, Racing), Roger Eté (n°4, Racing), Calixte Pianfetti (n°7, Chamonix), Bernard Holzer (n°6, COB).
Attaquants : Jean Pépin (n°9, Racing), René Giacometti (n°8, Racing), Raymond Acquaviva (n°10, Racing), Claude Risler (n°12, CSGP), André Longuet (n°11, CSGP), Georges Baudin (n°13, COB), Jacques Heylliard (n° 14, PUC), René Cailler (n°16, Chamonix), Jean Payot (n°17, Chamonix), et le capitaine Paul Revoyaz (n°15, Chamonix)
* Un ancien tricolore est toujours vivant à ce jour : René Cailler de Chamonix. A noter que Jean Pépin et René Cailler étaient demi-frères ayant la même mère.
Du 5 au 21 mai 2017, Paris co-organisera avec Cologne le Championnat du Monde de Hockey sur Glace de l’IIHF. Un événement historique pour la Ville Lumière, qui avait accueilli cette compétition une seule fois, il y a 66 ans. Découvrez, en quatre épisodes, l’incroyable histoire du Mondial 1951.
Chapitre 2 : Une préparation agitée
Le samedi 23 décembre 1950, soit juste avant Noël, deux matches de hockey sur glace furent donc organisés sur la nouvelle patinoire de Roland-Garros. A cette occasion la ligue de Paris distribua 5000 invitations gratuites aux scolaires parisiens pour faire la promotion de ces événements. Dans l’après-midi, l’équipe du Club Olympique de Boulogne joua contre le club belge du Cercle des Patineurs de Liège. Ensuite, dans la soirée, c’est le Racing Club de France (champion national en titre) qui affronta l’Entente Saint-Sauveur de Bruxelles dans le cadre d’une compétition baptisée « Coupe de l’ouest de l’Europe ». Tous les journaux paraissant dans la capitale annoncèrent à l’époque l’arrivée spectaculaire du hockey sur glace à Roland-Garros notamment L’Equipe, le Figaro et Combat.
On notera que l’équipe du Racing, dirigée par l’entraîneur-joueur canadien Alex Myhal, était composée avec de nombreux membres de l’équipe de France, qui préparaient donc le Mondial de 1951, comme le gardien Edmond Cochet, les défenseurs Hubert Nivet, Pierre Llhuis, Roger Eté et Jean Longuet ainsi que les attaquants Jean Pepin, Jacques de Mézières, René Giacometti, Jean Lacorne et Raymond Aquaviva. L’équipe de Chamonix, emmenée par les Canadiens Gibson et Leblanc, se rendit à son tour dans la capitale et vint jouer également sur le central de Roland-Garros pour affronter d’abord le C.O.B. puis le Racing.
Quelques jours après que Roland-Garros fut livré provisoirement aux patins des hockeyeurs, le journaliste André Bozon écrivit dans L’Équipe : « Les Parisiens doivent être courageux et résistants au froid pour ne pas craindre la véritable expédition nocturne de Roland-Garros. Concernant la promotion du hockey à quelques mois du Mondial, les dirigeants de l’Île-de-France font fausse route. Il faut appartenir à la race des héros ou des fanatiques pour rester deux heures debout, grelottant dans la nuit glacée à seule fin de contempler un match de hockey ! Il serait plus judicieux d’organiser les rencontres l’après-midi quand la température est plus clémente… »
Le 5 janvier 1951, c’est le journal Le Figaro qui publia à son tour un article qui fit sensation, non pas à cause d’une nouvelle critique acerbe, mais parce qu’il annonçait carrément en titre : « Sabotage à la patinoire Roland-Garros ! ». En effet, le directeur de l’installation provisoire, Fernand Froideval, décida de porter plainte à la suite d’une série d’incidents qui auraient pu avoir des conséquences désastreuses pour la piste de glace provisoire du central de tennis. Ce dernier expliqua dans la presse : « Depuis une dizaine de jours une série de « coïncidences » m’a apporté la conviction d’une action malveillante comme la disparition de 800 mètres de tubes, la fracture d’un cadenas d’une porte du stade, la fermeture de vannes à saumure, des bacs à saumure vidés, des serpentins crevés, de l’émeri trouvé dans les collecteurs ou encore un moteur grillé sans raison apparente ».
Un match de préparation Canada VS Etats-Unis
Suite à ces malversations, un match de hockey qui devait opposer le Racing et le C.O.B. dut être reporté à cause de la panne d’un moteur ayant empêché la fabrication de la glace. Toutefois, après bien des avatars et une surveillance nocturne accrue des installations, ces « sabotages » finirent par cesser et la piste de glace put enfin reprendre normalement ses activités.
Le 27 janvier 1951, en prélude du Championnat du Monde de Hockey sur Glace qui approchait, un match de préparation opposant le Canada et les Etats-Unis eut lieu mais cette rencontre amicale se déroula cette fois sur la grande patinoire du Palais des Sports plus communément appelé « Vel’d’Hiv ». Arrivées sur le vieux continent depuis une dizaine de jours, ces deux équipes nord-américaines effectuèrent une longue tournée en Europe. Mais le Canada, tenant du titre mondial, offrit un beau cadeau aux dirigeants du hockey français puisque ce pays n’accepta de rencontrer les USA qu’une seule fois pendant cette tournée et ce fut sur la patinoire du vélodrome juste avant le tournoi mondial de Paris.
Il faut noter que depuis la création des championnats du monde le Canada était toujours représenté à l’époque non pas par une sélection nationale mais par une équipe de club amateur. Il s’agissait cette fois d’une formation venue du Saskatchewan, les « Maple Leafs » de Lethbridge, emmenée par l’entraîneur-joueur Dick Gray qui évoluait en défense alors que le vendeur de voiture Bill Gibson faisait office de meilleur buteur… Cette équipe de club avait obtenu son billet pour le tournoi de Paris après avoir battu en finale du championnat amateur les « Mercuries » d’Edmonton tenants du titre mondial l’année précédente à Londres…
Les Etats-Unis, dont la formation était dirigée par l’entraîneur Larry Charest, arriva à Cherbourg après une longue traversée de l’Atlantique avec le paquebot Queen Mary. L’équipe américaine représentait quant à elle la manufacture Bates de Lewistone et elle détenait également le titre de champion national amateur. Pour l’anecdote, leur gardien de but titulaire allait connaitre un gros succès pendant le mondial auprès du public parisien car il s’appelait Léon…Lafrance ! Par ailleurs plusieurs joueurs yankees avaient des patronymes bien français comme Robert Dubois, Alain Moreau, Normand Parent, Charles Poirier ou encore Georges Morin. En effet, les hockeyeurs américains habitaient dans l’état du Maine situé à l’extrême nord-est des Etats-Unis, juste derrière la frontière commune avec le Canada, et ils étaient donc pour la plupart d’origine française. D’ailleurs, ils parlaient tous notre langue avec l’accent du terroir…
Auteur : Tristan Alric
Composition de l’équipe de France lors du Championnat du Monde de 1951 à Paris
Gardiens : Edmond Cochet (n°2, Racing), Rolland Wuillaume (n°1, Racing).
Défenseurs : Hubert Nivet (n°3, Racing), Jean Lacorne (n°5, Racing), Roger Eté (n°4, Racing), Calixte Pianfetti (n°7, Chamonix), Bernard Holzer (n°6, COB).
Attaquants : Jean Pépin (n°9, Racing), René Giacometti (n°8, Racing), Raymond Acquaviva (n°10, Racing), Claude Risler (n°12, CSGP), André Longuet (n°11, CSGP), Georges Baudin (n°13, COB), Jacques Heylliard (n° 14, PUC), René Cailler (n°16, Chamonix), Jean Payot (n°17, Chamonix), et le capitaine Paul Revoyaz (n°15, Chamonix)
* Un ancien tricolore est toujours vivant à ce jour : René Cailler de Chamonix. A noter que Jean Pépin et René Cailler étaient demi-frères ayant la même mère.
Du 5 au 21 mai 2017, Paris co-organisera avec Cologne le Championnat du Monde de Hockey sur Glace de l’IIHF. Un événement historique pour la Ville Lumière, qui avait accueilli cette compétition une seule fois, il y a 66 ans. Découvrez, en quatre épisodes, l’incroyable histoire du Mondial 1951.
Chapitre 1 : Une patinoire insolite
Au cours des mois qui précédèrent le Championnat du Monde de Hockey sur Glace organisé à Paris en 1951, ce grand rendez-vous sportif posa un problème logistique pour les hockeyeurs français. Pourtant, dans le journal L’Equipe publié le 27 janvier 1950, soit plus d’un an avant le coup d’envoi du mondial, Gaston Biard écrivit un article a priori optimiste puisqu’il était intitulé : « Il y a des patinoires à Paris ».
Toutefois, dans son reportage le journaliste soulignait que le hockey sur glace français devait faire face à une difficulté puisque parmi les quatre patinoires qui existaient à l’époque dans la capitale, deux d’entre elles n’avaient pas les formes et les dimensions règlementaires. Il s’agissait de la piscine-patinoire de Molitor proche du Parc des Princes, qui ressemblait plus à un trapèze qu’à un rectangle, et celle du Palais de Glace du rond-point des Champs-Elysées, qui était de forme ronde. Par ailleurs, la patinoire Saint-Didier, située rue Mesnil, avait des dimensions assez réduites et posait de surcroît des problèmes de disponibilité.
Quant à la patinoire dans laquelle allait se dérouler le futur tournoi mondial de hockey, celle de l’ancien vélodrome d’hiver, son utilisation restait très ponctuelle puisque le Palais des Sports (son nom officiel), situé rue Nélaton, ne mettait sa piste en glace que quelques jours seulement avant le début de la compétition. C’est après avoir fait ce constat de carence que tous les dirigeants du hockey sur glace français de l’époque cherchèrent une solution afin de préparer dans de bonnes conditions le tournoi mondial parisien. La solution qui germa fut pour le moins inattendue…
Transformer le court central de Roland-Garros
En effet, après la publication de ce premier article qui faisait un inventaire des patinoires parisiennes, et alors que le coup d’envoi du Championnat du Monde approchait, le journaliste André Bozon évoqua à nouveau la préparation des hockeyeurs tricolores en annonçant le 7 décembre 1950, toujours dans le journal L’Equipe, « qu’un projet sportif audacieux allait se réaliser dans l’ouest de la capitale. » Les lecteurs du quotidien furent surpris d’apprendre qu’il s’agissait, ni plus ni moins, que de transformer le court central de Roland-Garros en patinoire !
L’annonce que le célèbre temple du tennis français accueillerait ainsi tard le soir les « rudes hockeyeurs », pour reprendre l’expression employée, provoqua l’étonnement général. Mais le journaliste souligna le côté positif de cette opération singulière en expliquant que grâce à cette solution provisoire « le hockey sur glace parisien, menacé de disparaître, serait ainsi sauvé du déclin par la Fédération de tennis. »
Pour comprendre la raison du lancement de ce projet surprenant, il faut savoir que le directeur de la patinoire Saint-Didier, Jean Renault (piste sur laquelle se disputaient pendant l’hiver presque tous les matches de hockey de la région parisienne), exigea un prix de location beaucoup trop exorbitant dès lors qu’il faudrait multiplier le nombre des rencontres préparatoires au détriment des séances publiques lucratives et des heures réservées au patinage artistique. Du coup, les dirigeants des deux clubs de hockey locataires de Saint-Didier, à savoir le Club Olympique de Boulogne (C.O.B.) et le Racing Club de France, prirent ensemble l’initiative de contacter directement la Fédération Française de Tennis, accompagnés par Louis Bourdereau, le président de la ligue de Paris de hockey sur glace, afin de pouvoir bénéficier de ce lieu prestigieux jusqu’au mois de mars 1951.
Le président de la FFT de l’époque, Pierre Gillou, ne fut pas étonné outre mesure de cette demande quelque peu iconoclaste car il ne s’agissait pas en fait de la première expérience de transformation du central de Roland-Garros en patinoire. En effet, avant la seconde guerre mondiale, l’équipe de France de hockey sur glace avait déjà disputé un match officiel contre la Belgique dans ce même lieu mythique, mais en 1938 la piste était alors naturelle simplement aménagée au cours d’un hiver particulièrement froid après un arrosage intensif du grand court de tennis.
Un mois pour créer cette nouvelle piste de glace
Une fois l’accord obtenu, c’est Marcel Daury, spécialisé à l’époque dans l’installation de patinoires artificielles (il avait construit celle de Chamonix), qui fut désigné comme responsable de ce nouvel aménagement aux portes de la capitale. Ce dernier voulut rassurer tout le monde en expliquant dans la presse que « le court de tennis ne sera aucunement abîmé par la présence des tuyaux réfrigérants car six trous seulement seront percés face à la tribune d’honneur. »
Concrètement cette patinoire artificielle provisoire nécessitait l’utilisation de dix-huit kilomètres de tuyauterie, quatre bacs à saumure, quatre machines réfrigérantes et un groupe électrogène. Un total de 30 m3 de saumure à circulation ultra-rapide permettait la formation d’une couche de glace de sept centimètres d’épaisseur. Ajoutons que vingt projecteurs de 350 watts furent installés autour du court de tennis ainsi qu’une bâche en toile coulissante au-dessus de la piste qui pouvait être déployée ou retirée en dix minutes seulement en cas de pluie.
Il aura fallu finalement un mois pour créer cette nouvelle piste de glace artificielle à la porte d’Auteuil en lisière du bois de Boulogne. « Le stade Roland-Garros sera ainsi entretenu l’hiver et les gosses qui passeront devant les courts auront peut-être l’idée de jouer ensuite au tennis », ajoutèrent les dirigeants de la FFT qui voyaient là une occasion de promouvoir indirectement leur discipline favorite. Il était prévu que les hockeyeurs disputent leurs matches sur le court central uniquement tard le soir, les mercredis et samedis, les entraînements ayant lieu en fin d’après-midi, tandis que les séances publiques payantes étaient programmées aux autres heures de la journée.
Auteur : Tristan Alric
Composition de l’équipe de France lors du Championnat du Monde de 1951 à Paris
Gardiens : Edmond Cochet (n°2, Racing), Rolland Wuillaume (n°1, Racing).
Défenseurs : Hubert Nivet (n°3, Racing), Jean Lacorne (n°5, Racing), Roger Eté (n°4, Racing), Calixte Pianfetti (n°7, Chamonix), Bernard Holzer (n°6, COB).
Attaquants : Jean Pépin (n°9, Racing), René Giacometti (n°8, Racing), Raymond Acquaviva (n°10, Racing), Claude Risler (n°12, CSGP), André Longuet (n°11, CSGP), Georges Baudin (n°13, COB), Jacques Heylliard (n° 14, PUC), René Cailler (n°16, Chamonix), Jean Payot (n°17, Chamonix), et le capitaine Paul Revoyaz (n°15, Chamonix)
* Un ancien tricolore est toujours vivant à ce jour : René Cailler de Chamonix. A noter que Jean Pépin et René Cailler étaient demi-frères ayant la même mère.
Du 5 au 21 mai 2017, Paris co-organisera avec Cologne le Championnat du Monde de Hockey sur Glace de l’IIHF. Un événement historique pour la Ville Lumière, qui avait accueilli cette compétition une seule fois, il y a 66 ans. À partir du jeudi 6 avril, nous publierons sur notre site une série d’articles racontant l’incroyable histoire du Mondial 1951. En attendant, découvrez grâce à l’INA des images d’archives de la finale de l’époque, opposant alors le Canada à la Suède au Vélodrome d’Hiver de Paris.