G.De Serres : « Faire l’histoire avec ces joueuses »
29 Jan 2025 10:42 / A LA UNE, ACTUALITÉS, EQUIPES DE FRANCE, EQUIPE DE FRANCE SENIOR FEMMES

L’an dernier, Gabrielle De Serres rejoignait l’Equipe de France, une fierté de représenter le pays natal de sa grand-mère pour elle. Après un premier but international et une victoire au Tournoi des 4 Nations, elle se présente avec conviction pour marquer l’histoire avec les Bleues au TQO.
Crédit photo : Nicolas Zangerle
La saison dernière, tu étais sélectionnée pour la première fois avec l’Equipe de France. Comment en es-tu venue à jouer sous les couleurs bleues à 25 ans ?
J’étais dans une impasse avec le hockey. Je savais que je voulais continuer, mais je ne savais pas dans quel secteur, car l’année précédente ne s’était pas super bien passée. Du coup, j’ai un peu douté sur ma passion pour ce sport. Comme je suis française, j’ai pris l’opportunité d’y aller et de voir comment ça serait de jouer dans une équipe, qui représente plus que des intérêts personnels. Quand tu es joueuse professionnelle, malheureusement, tu dois toujours penser à ta performance pour t’assurer que tu auras une équipe l’année prochaine. Moi, je préfère jouer avec un but commun, où il n’y a pas cette contrainte, où l’équipe passe avant toi-même. J’avais eu une bonne expérience à l’université où on représentait les couleurs de l’école, donc je voulais retrouver cet esprit en représentant la France. C’est un honneur d’être dans l’équipe du pays natal de ma grand-mère, qui est une personne très importante pour moi.
Comment s’est passée ton intégration ?
L’intégration s’est bien passée ! Les filles sont super gentilles et accueillantes. Evidemment, c’est un changement quand tu es nouvelle, comme dans n’importe quelle équipe. Il faut donc essayer de se faire une place et de te représenter le mieux possible. Mais je pense que la transition s’est vraiment bien faite. Avec l’évolution de la dernière année, je sens que je fais définitivement partie de cette équipe. C’est vraiment un honneur de jouer avec toutes les filles pour représenter la France !
Tu marques ta première réalisation rapidement avec les Bleues lors de ce match historique face à la Slovénie en avril (record de buts avec un succès 19-0). Comment l’as-tu vécue ?
Je pense que c’était le but 12 sur 19, donc ça le rend un peu moins spécial (rires). Même si cette réalisation n’a donc pas eu un impact énorme, c’est toujours bien d’avoir une influence sur la partie. D’avoir marqué très rapidement après mon arrivée, m’a aidée pour la confiance, et j’espère aussi pour la confiance de l’équipe envers moi, de leur montrer que je peux apporter et avoir un impact sur la glace.
En plus du record de buts pour l’EDF Féminine, Emma Nonnenmacher, Elina Zilliox, Léa Berger et Gabrielle De Serres ont inscrit leurs premiers buts en A 🥰#TeamFranceHockey pic.twitter.com/doZiyBk4jo
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Du 10 au 14 décembre dernier, vous vous êtes rendus à Odense, au Danemark, où vous avez remporté le Tournoi des 4 Nations. Pour toi, c’est un signal fort que vous envoyez avant cette phase de qualification pour les Jeux ?
Oui très clairement ! En tant qu’équipe, on a trouvé le système et le style de jeu, ainsi que la manière dont on devait s’encourager. Je pense qu’on était vraiment toutes sur la même longueur d’ondes, avec le même objectif. Cela nous a permis de gagner les trois matchs et d’engendrer beaucoup de confiance. On a pu aussi établir les systèmes de jeu, qui vont nous aider dans le futur.
Parmi les adversaires, vous avez affronté le Japon, que vous rencontrerez aussi au TQO. Quels enseignements avez-vous pu tirer de cette rencontre ?
Le Japon a un style de jeu très organisé, très systémique. Les avoir affrontés dans ce tournoi, quelques mois avant le TQO, nous a permis de mieux savoir comment les jouer, pour pouvoir les contrer. C’est un gros avantage d’avoir cette information, pour être au niveau optimal contre cette nation.
Quelles seront les forces des Bleues pour le TQO ?
Nos grosses forces pour le TQO vont être notre habilité à s’adapter et notre créativité de jeu sur la glace. Même si comme toutes les équipes, on a des systèmes de jeu, on a aussi beaucoup d’opportunités pour laisser les joueuses utiliser leur créativité en défense et en attaque. Cela nous aidera contre des équipes beaucoup plus systémiques.
« Avoir l’opportunité de faire les Jeux Olympiques fait remonter les rêves d’enfance »
Tu dirais que vous avez plus de liberté par rapport à d’autres équipes avec un schéma bien précis ?
Oui, je dirais que nos systèmes permettent justement l’utilisation de la créativité pour prendre l’avantage dans certaines situations. D’autres nations ont des systèmes qui limitent, forcent les joueuses à n’utiliser que quelques options. Je pense que ça sera bénéfique pour nous de pouvoir s’adapter à ce que les adversaires nous donnent.
Dans moins de deux mois, l’Equipe de France Féminine tentera de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Que représente les JO pour toi ?
Aller aux Jeux Olympiques est le rêve de tout athlète quand tu es jeune. Avec le temps, tu te dis que c’est un peu moins réaliste. Avoir donc cette opportunité fait remonter les rêves d’enfance. Il y a quelques mois, cela me paraissait encore inimaginable de y aller, car c’est la plus haute compétition internationale pour représenter une nation à ce niveau-là. Cela serait vraiment incroyable !
En cas de qualification, cela serait la première fois que les Féminines se hissent aux JO. Quel est ton ressenti de potentiellement marquer l’histoire du hockey féminin français ?
Cela serait un honneur incroyable ! Dans n’importe quel scénario, de pouvoir faire partie d’une équipe qui pourrait marquer l’histoire, serait une belle réussite. Depuis qu’on a gagné le tournoi des 4 Nations, c’est une pensée toujours présente dans ma tête, d’avoir l’idée de l’impact pour l’équipe et pour le hockey féminin français. Cela serait juste fantastique !
« J’aime vraiment la défense car tu as l’opportunité d’avoir un impact dans les deux zones »
Et tu le sens bien ?
On a vraiment un bon groupe de joueuses, talentueuses sur la glace, et d’excellentes personnes aussi en-dehors. L’idée de partager cette potentielle réussite et de faire l’histoire avec elles serait un souvenir auquel je tiendrais pour toujours assurément.
Pour revenir à tes débuts, raconte-nous tes premiers pas dans le hockey sur glace, dans ton premier club !
J’ai commencé à jouer au hockey quand j’avais quatre ans, dans ma ville. Je voulais rejoindre ma grande sœur qui avait commencé à y jouer et on a pu être ensemble au niveau Atome (- de 11 ans). Le hockey est devenu très rapidement une passion, et ça ne s’est jamais arrêté depuis.
Le développement au Canada fait que tu commences en 3 contre 3 jusqu’à ce que tu sois dans la catégorie d’âge requise pour jouer en 5 contre 5. J’ai pas mal suivi le parcours traditionnel avec des changements de catégories, tous les deux ans. J’ai souvent joué avec les mêmes joueuses, ce qui était vraiment bien pour pouvoir créer des amitiés de longue date dans le hockey. Il y avait de la compétition pour être dans la meilleure équipe, mais ensuite ça te permet d’avoir de belles opportunités.
Tu es située en défense mais on te voit régulièrement portée à l’offensive. Comment décrierais-tu ton jeu ?
J’ai toujours pensé que j’étais une défenseure assez défensive, mais récemment, quelques personnes ont fait des commentaires à l’égard que je n’étais pas aussi défensive que je le pensais. Mon jeu a beaucoup évolué avec le temps. Je pense que la partie la plus importante de la défense, c’est de pouvoir sortir la rondelle efficacement de la zone et de relancer l’attaque. Mais c’est aussi justement de pouvoir aider l’offensive, pour attaquer à 5 contre 5 et non à 3 contre 5, ce qui augmente nos chances de réussite.
LA LUCAAAAAAAAARNE INCROYABLE DE GABRIELLE DE SERRES
57’09 : 🇫🇷 3-3 🇳🇴#TeamFranceHockey pic.twitter.com/GbNa77t2Rc
— Équipes de France Hockey 🏒 (@Hockey_FRA) April 22, 2024
Tu évoques ton évolution de jeu. Qu’est-ce qui explique ces changements ?
Je pense que c’est de prendre le retour donné par les coachs au cours des années, et d’essayer de l’appliquer. L’idée est que ça puisse faire progresser mon jeu en tenant compte de mes qualités, et que ça corresponde au système de jeu de l’équipe avec laquelle je joue.
Qu’est-ce qui te plaît le plus à ton poste ?
(elle réfléchit) Bonne question ! J’aime vraiment la défense car tu as l’opportunité de jouer et d’avoir un impact dans les deux zones. De mon expérience personnelle, en attaque, je trouvais que je n’avais pas autant l’occasion d’être impactante dans les deux parties du terrain. Faire cette première passe pour sortir de la zone de façon efficace est un jeu que j’aime particulièrement. C’est probablement aussi parce que ça s’aligne avec mes habilités. Je pense que tout le monde aime être bon à quelque chose (rires), et ici ça me permet d’apprécier mon poste, encore un peu plus. Tu dois faire preuve de beaucoup d’adaptabilité en défense, ce qui rend chaque match intéressant.
Crédit : Hockey Hungary
Tu as pu expérimenter le hockey canadien et français, quelles différences as-tu pu observer entre les deux ?
C’est assez dur à comparer car au Canada, le nombre de personnes qui jouent au hockey, est nettement plus élevé. Il y a donc plus d’infrastructures qui permettent un développement plus en profondeur, à différents niveaux. Il y aussi beaucoup plus de monde avec qui tu compétitionnes. Tu peux donc rester chez toi le week-end car tes coéquipières ont été meilleures. En France, il faut déjà être de haut calibre pour avoir les mêmes styles d’opportunité.