EDF. C.Bertrand : « Tout donner pour le maillot bleu »
24 Juil 2025 11:17 / A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

Actuellement à Vaasa, Charles Bertrand prépare son retour en Finlande, le pays où il a le plus jouer dans sa carrière. Dans cette interview, l’attaquant des Bleus évoque son choix de retourner en Liiga, mais aussi la saison palpitante qui arrive pour l’équipe de France.
Crédit : CityPress
Charles, que fais-tu en ce moment ?
Je suis actuellement à Vaasa, en Finlande, où on a emménagé en début de semaine. On a passé notre été en Finlande avec la famille, entre Rauma et Tampere. J’ai bien rechargé les batteries.
Tu as justement signé à Vaasa à l’intersaison. Pourquoi ce choix ?
On voulait rentrer en Finlande avec ma famille depuis quelques temps, c’est un souhait familial. Nous sommes très attachés à ce pays. Ma femme est Finlandaise et moi j’y ai joué pendant de nombreuses années. J’avais aussi envie que mon fils me voie jouer en Finlande et qu’il puisse commencer sa scolarité là-bas. Ce retour nous semblait logique.
Et pourquoi Vaasa en particulier ?
Je cherchais un club en Liiga depuis quelques temps et puis Vaasa s’est manifesté. J’y ai vécu une très bonne expérience au début de ma carrière, donc c’était un choix cohérent pour moi de revenir ici.
Ta première expérience à Vaasa t’avait révélé aux yeux du grand public avec une première saison à 47 points en 2014-2015.
Oui tout à fait. À l’époque, le club voulait développer des jeunes et les faire exploser. Je faisais partie de ces jeunes et j’ai eu la chance d’avoir des responsabilités rapidement. Les saisons d’avant étaient des années de transition entre Mestis et Liiga, donc elles étaient plus compliquées, comme pour 90% des joueurs (rires).
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Quels seront tes objectifs personnels et collectifs ?
Collectivement c’est toujours la même chose : gagner le plus de matchs possibles et intégrer une culture de la gagne. J’aimerais aider le club à finir plus haut que la saison dernière. Personnellement, je sors de deux années « moyennes » alors je souhaite me relancer. C’est un bon challenge.
C’est un championnat que tu connais très bien.
La Liiga est le championnat qui m’a formé depuis mes années juniors. J’ai appris ma façon de jouer ici, donc ce championnat me convient bien. J’espère que cette saison sera bonne !
Quelles sont les spécificités du jeu en Liiga ?
Depuis toujours c’est un championnat très rapide avec une grosse puissance de patinage des joueurs. Il y a une culture défensive, même si dorénavant les équipes jouent un peu plus vers l’avant. Globalement les équipes cherchent plutôt à fermer le jeu, en adoptant un jeu « strict ». Dans les équipes finlandaises où j’ai joué, on nous demandait souvent d’être très disciplinés défensivement avant tout. Cela va être intéressant de voir si le jeu est plus ouvert maintenant.
Entre Hugo Gallet, Dylan Fabre, Justin Addamo et Jules Boscq, tu vas croiser beaucoup de Français cette année !
C’est cool de les croiser ! Quand j’ai commencé, il y en avait aussi plusieurs avec Anthony Guttig, Yohann Auvitu, Damien Fleury ou encore Teddy Da Costa. C’est toujours sympa de les voir dans la saison et de les affronter. Je pense que c’est toujours bon signe de voir des jeunes qui veulent se développer en s’expatriant. C’est une bonne chose pour l’équipe de France. Maintenant, je veux les battre sur la glace, c’est normal (rires).
Que penses-tu de la Finlande ?
J’adore le style de vie finlandais. C’est un pays avec peu d’habitants et beaucoup de nature, donc c’est calme et ça me convient bien. Je m’entends bien avec les Finlandais en général, ils ont beaucoup de respect les uns envers les autres. Je me plais vraiment bien ici. Mon finnois est encore à perfectionner mais je me débrouille pas mal !
Charles Bertrand lors de France – Finlande en 2023 (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
Tu sors de trois années à Ingolstadt en Allemagne. Que retiens-tu de ton expérience allemande ?
J’en garderai un très bon souvenir ! C’était vraiment cool de jouer pour Ingolstadt. Ma famille et moi y avons passé du bon temps. La première année était plus réussie donc forcément plus agréable, mais globalement c’était une très bonne expérience.
Vous êtes tout proche du titre sur la première saison…
C’était vraiment une saison super à vivre. Tout était bien, le club, le management, le groupe. On avait un esprit assez familial dans le club, sans la sensation de « business » qu’on peut avoir dans des clubs plus gros.
Le jeu était plus ouvert en Allemagne ?
Effectivement, le jeu est plus porté vers l’avant en DEL. Parfois, on avait même l’impression qu’on demandait aux défenseurs de défendre et aux attaquants d’attaquer. La DEL est une très bonne ligue, un peu plus dur qu’en Liiga mais moins rapide. Il y a plus de joueurs expérimentés en Allemagne. Les patinoires étaient dingues aussi. Il n’y a pas une arène où l’ambiance n’est pas au rendez-vous !
Tu t’attends à une aussi grosse ambiance à Vaasa ?
La Finlande n’est pas le pays le plus réputé pour son ambiance dans les patinoires (rires). Mais Vaasa est une ville marquée par une culture assez « suédoise », et cela se ressent dans la patinoire. Il y avait une très bonne ambiance lors de mon premier passage là-bas. Evidemment, l’ambiance est toujours meilleure quand l’équipe gagne…
Charles Bertrand lors de son premier Mondial en 2012 (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
C’est une saison capitale pour l’équipe de France qui arrive avec une première participation aux Jeux Olympiques depuis 2002. Tu attends février avec impatience ?
J’ai hâte ! C’est très facile de se motiver en pensant à la saison qui arrive. On réalise tous qu’on a beaucoup de chance de participer aux Jeux Olympiques. Tous les joueurs ont envie d’y être, et à moi de travailler fort pour vivre les Jeux. Ça serait quelque chose de très grand dans ma carrière.
Tu en rêves depuis le début ?
Depuis toujours ! On n’est pas passé loin de la qualification à plusieurs reprises… mais finalement on a échoué à la dernière marche à chaque fois, ce qui montre qu’on n’était pas si proche non plus. On a la chance d’y participer en février grâce à notre deuxième place acquise au TQO de Riga et on est tous ultra contents.
Tu avais 11 ans lors de la dernière participation des Bleus aux JO, à Salt Lake City en 2002. Tu t’en rappelles ?
Franchement non (rires). J’étais à fond dans le hockey à 11 ans pourtant. J’ai dû regarder des matchs mais je ne m’en rappelle pas. Je crois que j’ai plus de souvenirs de Nagano en 1998. Je me revois regarder du hockey la télé.
Quels sont tes premiers souvenirs des Jeux Olympiques ?
Je pense que c’était un match de la République Tchèque, avec Jaromir Jagr et les anciens maillots. Quand j’étais jeune, j’aimais bien l’équipe tchèque car vers 12 ans je faisais régulièrement des stages près de Prague lors des vacances scolaires, donc j’ai commencé à suivre l’équipe et à l’apprécier. Ces camps-là m’ont beaucoup apporté.
Qu’est-ce que représente les Jeux Olympiques à tes yeux ?
Cela dépasse largement le hockey. Cela représente tous les sportifs qui cherchent l’excellence dans chaque discipline. J’ai du mal à imaginer vraiment comme ça va être, mais j’imagine que cela dépasse chaque sport. On va croiser des athlètes inspirants tous les jours.
Mettre le hockey français à la télé, dans une compétition aussi importante, c’est aussi une grosse fenêtre de visibilité pour notre sport. Vous, les joueurs, avez conscience de la portée de l’événement ?
C’est l’une des compétitions les plus regardées donc on en a conscience, oui. Après j’ai du mal à répondre à cette question, je pense qu’il faut attendre d’y participer, si j’ai la chance d’y être, pour réaliser l’envergure des Jeux. Tout cela est nouveau pour nous.
Les Bleus vont affronter le Canada, la Suisse et la République Tchèque. Quelles seront nos armes face à ces pays ?
Ce sont de très grosses nations. Notre groupe varie, mais globalement on a un noyau dur de joueurs qui se connaît très bien, et c’est une force. Certaines nations ont beaucoup plus de turnover. Tout le groupe tire dans le même sens et on a une envie commune de profiter et de tout donner pour bien représenter ce maillot bleu.
En espérant créer l’exploit…
On ne va pas se mentir, cela va être dur (rires). Il faut être réaliste par rapport aux équipes qu’on va jouer. Avant de penser résultat, il faut penser à notre performance collective. On devra répondre présent à chaque match. Pendant les Mondiaux, on voit qu’on est capable d’accrocher de grosses équipes. Concentrons-nous sur nous et le résultat viendra après, on aura ce qu’on mérite. On veut montrer nos valeurs au reste du sport français et montrer qu’on est fiers de jouer pour l’équipe de France.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette saison ?
Du bonheur, dans tout. Ça suffira (rires).
Charles Bertrand buteur face à la Suède au Mondial 2024 (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
Propos recueillis le 22 juillet.
Charles Bertrand, en bref :
- Né le 5 février 1991 (34 ans) à Paris
- Carrière en sélection : 9 Mondiaux, 11 points en 62 matchs
- Carrière en clubs : Lukko (2010 – 2013), TPS et Farjestad (2013-2014), Vaasa Sport (2014 – 2016), Ässät (2016 – 2017), Kärpät (2017-2018), Sibir Novosibirsk et Fribourg-Gottéron (2018 – 2019), Tappara (2019 – 2022), Ingolstadt (2022 – 2025), Vaasa (2025 – ?)
- Palmarès : Champion de Liiga (2018, 2022), Meilleur buteur de Liiga (2018)