Christine Duchamp, DTN : « Je crois réellement à la qualification des deux équipes »
23 Août 2021 17:00 / A LA UNE
A quelques jours du premier Tournoi de qualification olympique de nos deux collectifs Senior, Christine Duchamp, Directrice Technique Nationale, revient sur le travail effectué depuis son arrivée à ce poste et sur l’importance d’une qualification olympique pour le hockey français.
Cela fait maintenant 2 ans et demi que vous avez été nommée Directrice Technique Nationale. Que retenez-vous de ces deux ans ? Est-il trop tôt pour faire un premier bilan ?
C’est un peu tôt en effet dans la mesure où il y a eu le covid entre temps ! À mon arrivée nous avons fait une contre-performance avec les deux équipes Senior et depuis nous n’avons pas eu l’opportunité de rebondir avec des Mondiaux annulés. L’attente est longue. Les garçons étaient en élite depuis longtemps, cette descente a été très douloureuse. Chez les filles, le maintien était très difficile pour une première expérience en élite car il y avait deux équipes reléguées sur dix, mais une descente est toujours une déception.
En temps normal, nous pourrions faire un bilan après deux ans et demi, mais là, c’est plus compliqué. Depuis mon arrivée, j’avance dans la continuité du travail fait précédemment, en apportant néanmoins quelques changements. Ce n’est pas en deux ans que l’on modifie fondamentalement les choses. Nous avons le sentiment d’avoir payé très cher les descentes, car le groupe élite a joué cette année contrairement à nous. C’est un peu une double peine.
Mais je retiens tout de même tout le travail accompli, tous les défis relevés par l’ensemble de la famille du hockey : je retiens la solidarité, l’abnégation de tous pour maintenir le hockey français en vie dans cette période compliquée. A l’image de notre sport, nous avons été une équipe qui a livré un match de haut niveau en nous appuyant sur les valeurs de notre discipline. Nous avons aussi relativisé devant des enjeux plus importants que le sport.
Quelles ont été les priorités de la DTN durant ces deux ans ?
L’idée principale était de comprendre comment s’adapter à la situation sanitaire. Nos habitudes ont été bouleversées. Nous avons dans un premier temps essayé de maintenir tout ce qui pouvait l’être, puis, lorsque nous avons vu qu’il était impossible de réunir les joueurs, les entraîneurs, les différents acteurs du hockey, nous avons décidé d’aller vers eux et notamment d’individualiser le travail. Nous avons fonctionné autrement, avec les équipes de France jeunes comme seniors. Par exemple, nous avons fait du travail spécifique par poste, les cadres ont fait des visites plus fréquentes dans les structures (pôles, centres de formation). Il fallait aussi garder le lien avec les joueurs et les joueuses que ce soit sur l’aspect mental, psychologique ou social. Sur le développement, nous avons beaucoup travaillé avec les ligues et les zones, pour accompagner les clubs, pour essayer de les aider à garder la dynamique. Il fallait innover plutôt que d’être frustré sur des aspects que l’on ne pouvait maîtriser.
ℹ️ Christine Duchamp nommée Directrice Technique Nationale de la FFHG ➡️ https://t.co/3bzg4j56W0 ?? #HockeyFrance #WeCanBeHeroes pic.twitter.com/nkPAeJ2RqL
— Équipes France Hockey (@Hockey_FRA) January 25, 2019
Quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire sur le Hockey français ?
C’est encore difficile de les mesurer. Nous pourrons le faire en nous comparant à la concurrence, c’est-à-dire avec les autres pays et avec les autres sports en France. Qui s’en sortira le mieux ? Nous avons vu durant la crise que les sports collectif d’intérieur étaient plus impactés que d’autres. Avons-nous réussi à nous adapter, à innover pour revenir comme en 2019 et même continuer notre progression ?
Nous espérons que les licenciés reviendront pratiquer leur sport préféré cette saison. Ce que je sais, c’est que les clubs sont déjà mobilisés pour l’accueil de leurs licenciés et pour le recrutement pour la saison 2021-22.
Concernant les équipes de France, la crainte que l’on peut avoir est que l’écart se creuse entre les grosses nations qui ont continué à jouer et les nations un peu en dessous, comme nous, qui avons été privés de matches internationaux (amicaux comme en compétition) pendant presque 2 ans. Ce que j’ai envie de retenir, c’est que le hockey français a fait son maximum. Nous sommes dans la dernière ligne droite pour les qualifications aux JO, il faut désormais aller de l’avant.
Entre le TQO et l’objectif de remonter en Élite, cette année est-elle plus importante que les autres pour nos équipes de France ?
On pensait que c’était l’année dernière qui était plus importante que les autres (rires). Les résultats se construisent dans la durée. Il y a besoin de bases solides pour une progression réelle, mais une belle performance met un coup d’accélérateur bien sûr.
Quelques jours avant le premier TQO, celui des Seniors Masculins en Lettonie, comment appréhendez-vous les deux tournois ?
Il y a beaucoup d’attente, et avec les Jeux de Tokyo cet été, je crois que ça amène encore plus d’impatience. Nous avons vu lors des campagnes précédentes que la qualification se joue à peu de choses. La dimension collective sera primordiale : réussir à trouver ce supplément d’âme pour décrocher la qualification.
Un des enjeux pour les garçons était d’avoir le groupe au complet le plus tôt possible. C’est plaisant de voir que les clubs de Synerglace Ligue Magnus font de leur mieux pour libérer les joueurs, j’ai le sentiment qu’ils sentent qu’ils font partie du projet olympique, en tout cas c’est ce que je souhaite. Nous avons aussi eu des changements de dernière minute dans le programme de préparation à cause de la situation politique en Biélorussie. Mais, on s’adapte, c’est le mot d’ordre (rires) ! L’adaptation permanente fait partie du haut niveau.
Pour les filles, nous avons réussi à les regrouper assez régulièrement depuis l’été dernier, avec l’effectif presque au complet à chaque fois. Nous avons manqué de matches, mais nous avons au moins permis au groupe de rester en contact, de travailler ensemble, et avons saisi toutes les opportunités pour jouer notamment contre des pôles espoirs masculins. Là encore, nous avons pu apprécier la collaboration des clubs pour le projet olympique.
Christine Duchamp et son adjoint Jean-Patrick Thirion
Sur quoi vont se jouer les qualifications ?
Avec notre statut de tête de série numéro 2, on pense souvent qu’on devra battre le numéro 1 pour gagner. Mais on sait que dans ces tournois les quatre équipes ont réellement la possibilité de se qualifier. Nos deux collectifs ont assez d’expérience pour savoir que chaque match sera difficile, avec peu de place pour l’erreur. Il faudra donc enchaîner les performances. Chaque adversaire sera un défi. A mon sens, l’énergie collective sera la clef : un mélange d’enthousiasme, de rigueur, de détermination et de folie ! Je sais que l’on a les joueurs et les joueuses capables d’allier tout cela. Je crois réellement à la qualification des deux équipes.
Les équipes à domicile auront-elles un avantage ?
C’est toujours un avantage d’avoir son public et de jouer dans un contexte plus familier… Mais quelque fois, ça amène un peu plus de pression. A nous de nous focaliser sur le positif, sur ce qui nous amène de l’énergie : c’est aussi très motivant de battre une équipe chez elle !
Vous sentez les deux collectifs motivés ?
Ce n’est pas très difficile d’avoir de la motivation dans ces moments-là (rires). L’important est de trouver la bonne alchimie. Les Bleus n’ont pas travaillé ensemble depuis longtemps, c’est aussi pour ça qu’on a tout fait pour les regrouper au maximum. On a besoin de vivre des choses ensemble pour bien jouer collectivement. Chez les Bleues, c’est justement la force de l’équipe d’avoir un groupe qui se connaît très bien, avec un effectif qui est à maturité. Presque toutes les joueuses sont présentes à chaque regroupement.
Que représenterait une qualification, ou deux, pour les Jeux Olympiques ?
Ce serait magnifique pour les joueurs et joueuses avant tout, ils et elles le méritent ! Mais cela récompenserait aussi le travail de tout le hockey français. Ce serait aussi une mise en lumière de notre discipline. Les sports collectifs brillent depuis quelques années et il y a un engouement naturel qui pourrait nous suivre en cas de qualifications. Les Français aiment les sports collectifs ! Ce serait un magnifique coup de boost pour notre sport. Une première étape, très importante pour nous, qui pourrait nous permettre de continuer à avancer et nous développer. Les Hommes ont souvent été très près de la qualification : quand ça se joue à un seul but, on peut parler de frôler la qualification ! Les Femmes n’ont jamais été aussi proches : au dernier mondial élite, nous avons perdu d’un but face à la Suède… un seul but aussi ! A nous de marcher dans les traces du hand, du basket, du volley…
Calendrier Tournoi de Qualifications olympiques
Senior Masculin
Du 22 au 30 août à Riga (Lettonie)
Adversaires : Italie, Hongrie, Lettonie
Programme des Bleus* :
- Jeudi 26 août : France – Hongrie (14h30)
- Vendredi 27 août : France – Italie (15h00)
- Dimanche 29 août : Lettonie – France (16h00)
*Horaires indiqués en heure française
Les trois matches des Bleus seront diffusés en direct sur Sport en France (chaîne accessible sur : Orange (174) | Bouygues (192) | FREE (190) | SFR (129) | Molotv.tv | www.sportenfrance.com).
Senior Féminin
Du 11 au 14 novembre 2021 à Luleå (Suède)
- Adversaires : Slovaquie, Suède, Équipe à déterminer

















