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Eric Blais : « Amener cette équipe le plus haut possible »

29 Juin 2023 12:00   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

Le nouveau sélectionneur de l’équipe de France U20 Eric Blais se confie sur son arrivée à la tête des Bleuets, son goût pour la formation, sa double casquette d’entraîneur des Rapaces de Gap et des U20, ainsi que sur les évènements à venir du collectif, véritable « antichambre » de l’équipe de France Sénior.


Eric, tout d’abord, peux-tu nous confier ton état d’esprit quelques jours après ta nomination en tant que sélectionneur de l’équipe de France U20 ?

Je suis très enthousiaste et j’ai hâte de commencer avec le groupe au mois d’août. Le fait qu’on fasse appel à moi pour ce défi m’apporte beaucoup de motivation. Je prends cette mission comme un privilège. J’ai cette volonté d’avancer sans trop me poser de question, alors quand l’opportunité s’est présentée je n’ai pas hésité.

Que représente l’équipe de France U20 à tes yeux ?

C’est l’antichambre de l’équipe de France Sénior ! Cela regroupe des jeunes qui jouent déjà au haut-niveau et qu’il faut accompagner jusqu’au très haut-niveau. C’est une équipe qu’on doit amener dans une direction collective, sans oublier le développement individuel de chacun. C’est un double défi très motivant pour moi.

Tu avais participé au Mondial D1B U20 en 1992. Quel souvenir en gardes-tu ?

J’en garde un super souvenir ! On était proche de la médaille, avec trois équipes au même nombre de points sur le dernier match. On avait un groupe incroyable à l’époque, sur la glace et en dehors. Vraiment une super expérience…

Le joueur Eric Blais de 1992 serait-il content d’être entraîné par le Coach Eric Blais de 2023 ?

C’est difficile de répondre à ça, très difficile (rires). J’ai énormément évolué en tant que personne et en tant que coach tout au long de ma carrière. Il y a quatre ans, à ma prise de poste chez les Rapaces en Synerglace Ligue Magnus j’étais déjà différent de maintenant ! J’essaie toujours de travailler sur moi-même pour progresser. 

Tu as l’habitude de travailler avec des jeunes joueurs français avec ton club des Rapaces de Gap. Former les talents de demain, c’est l’une de tes préférences dans ce métier ?

Oui, clairement. J’ai toujours baigné là-dedans. Quand je suis arrivé à Gap il y a 10 ans avec Luciano Basile, j’avais déjà la double casquette « Adjoint en Magnus et Entraîneur du Hockey Mineur ». Aujourd’hui, on axe aussi notre équipe des Rapaces sur la jeunesse. On sait qu’il y aura pas mal de jeunes cette saison, qui seront présents sur un temps donné avant de s’envoler vers de meilleures équipes en France ou à l’étranger. Les accompagner pour franchir ce palier est une grande source de motivation.

En quoi l’approche est différente par rapport à des joueurs plus confirmés ?

La différence est surtout sur le plan mental. Cet aspect est déjà primordial pour les anciens, mais il l’est encore plus pour les jeunes, qui veulent tout tout de suite. Ils ont une volonté de jouer vite, beaucoup, d’avoir de bons rôles, mais parfois le mental bloque pour passer un pallier. C’est important de travailler l’aspect technique et le sens du jeu, mais l’aspect mental et l’estime de soi sont particulièrement intéressants à travailler à mes yeux. Même les joueurs plus expérimentés ont besoin d’accompagnement. Prenons l’exemple d’un joueur qui a du mal a trouvé le chemin du filet. Il ne faut pas croire que le joueur va trouver la solution seul et débloquer les choses, non. On se doit de prendre le temps et de discuter pour trouver ce qui ne va pas. Il suffit parfois de pas grand-chose pour avoir un déclic… On voit beaucoup ça avec les jeunes, souvent impatients. Ils veulent souvent jouer, mais parfois il leur manque de la constance ou d’autre chose. Alors pourquoi leur donner ce qu’ils veulent tout de suite ? Je préfère les pousser à monter les curseurs sur les axes d’amélioration. Il faut qu’ils soient lucides et patients. Et à nous, entraîneurs, de leur dire où ils en sont et quels sont les paliers à passer pour aller plus haut.  

Tu vas passer d’un rôle de coach au quotidien en club à celui de sélectionneur qui ne voit son groupe que quelques fois dans l’année.

C’est une approche différente mais ça ne me stresse pas. Ce sera une nouveauté pour moi, très différente de ce que je connais en club. Il faudra bien appréhender chaque paramètre pour être le plus efficace possible. J’ai bien été briefé par la DTN sur les enjeux à venir, qui sont plus sur la philosophie de jeu que le reste pour le moment. Le délai est très court pour sortir une équipe et être performant d’ici le Mondial. C’est un défi motivant.

Tu n’as justement que quelques mois pour travailler avec ton groupe en vue du Mondial, qui aura lieu en décembre à Budapest. Chaque stage aura une grande importance…

C’est sûr, et il n’y en aura pas beaucoup. On commence par une semaine à Cergy-Pontoise et ensuite on s’envole pour Karlstad où l’on va enchaîner des matchs. Je ne regarderai pas que le jeu, mais aussi la personnalité de chacun. Qui gère bien la difficulté ? Qui est capable de maintenir sa réussite sur la durée ? Ça va être très intéressant de voir comment chacun se comporte.

Quelles vont être les premières consignes que tu donneras au groupe à Cergy-Pontoise mi-août ?

Je vais insister sur l’implication ! Malheureusement je vais devoir rester en dehors de la glace sur la première semaine à la suite d’une opération à un genou. Mais je serai quand même là pour donner mes premières consignes : vitesse d’exécution, intensité, lecture de jeu. C’est basique dans ce sport, mais tellement important. Quand tu joues les meilleures équipes, tu te rends compte que ce sont ces basiques qui montent d’un niveau ou plus… A nous de monter les curseurs dès les premiers entraînements.

Quelles sont les valeurs que tu aimerais transmettre au groupe ?

L’acharnement avant tout ! J’aime « être dans la face de l’adversaire ». Ce n’est pas manquer de respect mais c’est significatif pour moi : indépendamment de notre niveau, je veux qu’on soit acharné sur la glace. Nous devons monter sur la glace avec la volonté de travailler plus fort que l’adversaire. Ce ne sont que des mots, mais ce sera mon travail d’amener les joueurs dans cette direction, comme Yorick Treille a très bien réussi à faire ces dernières années. Quand tes joueurs sont prêts à mouiller le maillot, tu peux avancer. À Gap nous n’avons pas le choix que d’être à 100% (rires).

L’implication du groupe va donc être très importante dès le premier stage à tes yeux…

C’est très important d’avoir des joueurs concernés dès le début. Les joueurs connaissent le système, contrairement à moi qui le découvre. Philippe Bozon a un système bien à lui et ce système descend sur les collectifs jeunes. Mais un système ne fait pas tout : chaque joueur devra patiner, manager le palet sous pression, amener de l’intensité, prendre les bonnes décisions… Peu importe notre façon de jouer, je veux voir mon équipe impliquée dans le projet et le plan de match.

Le tournoi en Suède, avec plusieurs matchs, va être important pour juger cette implication ?

Pas seulement au tournoi en Suède, mais dès les premiers entraînements à l’Aren’Ice ! J’ai regardé et en général mes entraînements à Gap durent environ 75 minutes par séance. Il y a peu de temps pour aller boire (rires), c’est très intense. En sélection ça va être un peu différent avec deux séances par jour. On va définir notre manière de travailler avec Alexandre Rouillard (coach adjoint) et Philippe Bozon, qui sera avec nous sur la première semaine. On va travailler la tactique, les habiletés et comportements de jeu, mais aussi beaucoup d’oppositions pas forcément à 5 contre 5.

Que peut-on te souhaiter pour cette première année chez les Bleuets ?

D’amener cette équipe le plus haut possible ! Je prends ce projet à cœur et je suis très bien entouré pour rendre cette équipe la plus compétitive possible pour les prochains championnats du Monde. Je veux voir tous mes jeunes joueurs progresser aussi. J’aimerais avoir quatre blocs qui performent et que chaque joueur comprenne ses responsabilités dans le collectif. Peu importe leur rôle, je veux qu’ils sachent pourquoi et comment ils le jouent. Chacun doit sentir qu’il est important pour l’équipe. J’y mettrai un point d’honneur.

Propos recueillis le 27 juin


Eric Blais, en bref :

  • Né le 19 décembre 1972 à Briançon
  • Carrière de joueur : Amiens, Grenoble, Chamonix, Briançon
  • Carrière d’entraîneur : Gap (depuis 2019)
  • Palmarès d’entraîneur : Double finaliste de la Coupe de France (2023 et 2022)

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