Y.Treille : « C’était une évidence »
27 Juin 2024 16:01 / A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

Nommé sélectionneur des Bleus il y a une dizaine de jours, Yorick Treille se confie sur ce nouveau rôle qui représente à ses yeux une grande responsabilité en plus d’un immense honneur. L’ancien attaquant évoque notamment son amour pour la tunique tricolore et le Tournoi de Qualification olympique d’août à Riga…
Crédit photo : X.Lainé / FFHG
Que ressens-tu quelques jours après ta nomination à la tête des Bleus ?
Je ressens un immense honneur et une grande responsabilité. Je suis très fier de la mission qui m’a été confiée. Ce n’était pas forcément le plan initial mais une fois que le poste m’a été proposé, c’était impossible de dire non. J’aurai déjà été honoré d’aller au TQO en tant qu’adjoint de Philippe Bozon, alors comment refuser un rôle avec encore plus de responsabilités ? D’autant plus que je connais très bien le contexte. Le projet humain continue, les joueurs et les staffs seront les mêmes ou presque. Après six ans en tant qu’adjoint, je sais que le projet est mené et constitué de bonnes personnes. Je pense que toutes les conditions sont réunies. Je ne pouvais pas refuser, c’était une évidence.
Bien connaître le groupe est un avantage à quelques semaines d’une échéance importante ?
C’est un avantage énorme car un nouvel entraîneur doit s’adapter et apprendre à connaître le terrain, la culture, le pays, le maillot, l’identité… J’ai cette chance d’avoir déjà toutes ces informations en stock après une vingtaine d’année à côtoyer ces joueurs et staffs. Les liens sont déjà tissés et c’est une aide forcément précieuse.
Plus de 10 Mondiaux, des Jeux Olympiques, six années en tant qu’adjoint chez les Seniors, coach principal des U20 : ton histoire avec l’équipe de France est aussi belle que longue…
C’est dur de retranscrire avec des mots ce que représente le maillot bleu à mes yeux. C’est une grande partie de ma vie depuis tout jeune… Beaucoup de mes idoles, comme mon père ou Philippe Bozon ont joué en Bleu. Petit je rêvais de porter le maillot lors des Mondiaux et des Jeux Olympiques. J’ai appris l’hymne national à mes trois ans je crois (rires). Le maillot bleu représente tous ces souvenirs. L’équipe de France, c’était aussi un double projet tout au long de ma carrière. Il y a la vie en clubs et celle en sélection. Ce sont deux avenues qui se nourrissent l’une et l’autre. Quand on performe en club, on a la chance de jouer en sélection, et quand on est bon sur la scène internationale on a souvent de belles opportunités en club. De mes rêves d’enfants à mon intégration en équipe de France U16 à 14 ans, puis faire presque 20 ans en Senior, l’équipe de France a été la colonne vertébrale de ma carrière. C’est un peu toute ma vie…
Yorick Treille durant sa carrière de joueur (Crédit : Xavier Lainé/FFHG)
Quand tu étais joueur, tu t’imaginais devenir coach ou sélectionneur dans ton après-carrière ?
Pas vraiment. J’ai commencé à penser à mon après-carrière vers mes 25 ans. Ma maman étant dans l’enseignement du patinage artistique, j’ai vu les relations qu’elle développait avec ses athlètes et cela m’a toujours marqué. Et comme j’ai toujours baigné dans le hockey, coacher était forcément une possibilité, voire une suite logique. Mais jusqu’à 28 ans je pensais que le rôle d’entraîneur n’était pas pour moi (rires). Sur la fin de carrière, j’avais cette reconversion en tête.
A quoi aimerais-tu que ton équipe ressemble ?
Je veux déjà qu’elle garde les valeurs de l’équipe de France ! Elles m’ont été transmises par Philippe Bozon, Denis Perez et l’ancienne génération à mon arrivée en sélection. Dans l’histoire des Bleus, on a toujours été un peu David contre Goliath. Se battre plus que les autres pour espérer survivre, c’est une des valeurs de notre équipe. On veut garder cette passion du maillot, la solidarité entre joueurs, et l’idée que le collectif est plus fort que le meilleur joueur au monde. On doit croire en nos moyens et avoir de l’ambition. J’aimerais que mon équipe ressemble à un bon mélange de toutes ces choses.
📩 3⃣5⃣ joueurs ont été présélectionnés par le nouvel entraîneur des Bleus Yorick Treille pour le TQO de Riga 🇱🇻 #TeamFranceHockey https://t.co/GHvdaxNTnq
— Équipes de France Hockey (@Hockey_FRA) June 27, 2024
Contrairement aux précédentes compétitions, la France devrait disposer de tous ses meilleurs joueurs pour le tournoi. Il faudra alors trouver un équilibre entre des joueurs qui se connaissent finalement peu sur la glace.
Je n’ai pas peur de le dire, on aura potentiellement une des plus belles équipes de France à Riga. Ce n’est pas rajouter de la pression que de le dire, c’est juste la réalité. Dans un monde parfait, sans blessé, on a le potentiel pour voir une superbe équipe avec beaucoup de très bons joueurs. Ça va être à moi de prendre les bonnes décisions. Il y a de la concurrence et tant mieux ! C’est le rôle du staff de tout analyser pour rendre l’équipe la plus performante possible collectivement et, individuellement, mettre chaque joueur dans des conditions idéales.
Nous jouerons dans l’ordre l’Ukraine, la Slovénie et la Lettonie. Les trois matchs devraient montrer des oppositions différentes.
Chaque équipe a son identité, mais toutes se battront pour une seule chose : la qualification olympique. Chaque match aura sa propre histoire. On parle souvent de la Lettonie sur ce TQO, mais il ne faut pas oublier les premiers matchs. Il faut être focus sur la première rencontre face à l’Ukraine, les joueurs d’expérience le savent. J’ai eu la chance de jouer l’Ukraine en U20 (ndlr : en décembre 2021, victoire 7-6prl), et j’avais rarement vu une telle débauche d’énergie sur la glace. On avait pris 5 buts en 6 minutes. C’est un exemple qui montre l’équipe de « dalleux » qu’on va affronter. La base d’un TQO, c’est un combat énorme entre chaque équipe. Nos joueurs savent l’honneur que ce serait de représenter la France aux Jeux olympiques… C’est un gros challenge de sortir de ce groupe, mais on a les armes pour.
Tu étais adjoint de Philippe Bozon lors du dernier TQO à Riga. Qu’avait-il manqué au groupe pour atteindre les JO en 2021 ?
Vraiment pas grand-chose… Nous avions fait un grand match face à la Lettonie, avec des gars qui ont tout livré sur la glace. Plein de joueurs ont vécu ce match cruel et cela leur servira cet été. Cela fait partie de l’apprentissage d’un groupe. C’était un moment fort de ma jeune carrière d’entraîneur. J’espère que nos efforts payeront cette fois. On va s’assurer que tout le monde est bien dans sa chaise, et que chacun comprenne que c’est notre heure.
Les Bleus sonnés après la défaite face à la Lettonie lors du dernier TQO (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
Que représente les Jeux olympiques à tes yeux ?
Enormément de choses ! Enfant, je me rappelle du triplé de Philippe Bozon en 1988 contre le Canada, que j’avais regardé le lendemain matin sur une cassette enregistrée par mon père. Je m’en souviens parfaitement. J’étais aller voir des matchs à Albertville en 1992 à mes 11-12 ans. J’avais vu France-Norvège, France-Tchéquie, Suède-Finlande… J’avais les yeux d’un enfant qui voyait ses idoles. Ensuite j’ai eu la chance de jouer les Jeux de Salt Lake City en 2002 en tant que joueur avec les « vétérans » comme Bozon, Perez, Lhenry, Meunier, Barin et tout un groupe. C’était un grand moment, mais j’en garde aussi des regrets car j’ai l’impression de ne pas en avoir profité. Je me disais « c’est normal d’être là à 21 ans » puis on se rend compte que non, ce n’est pas normal (rires). Je l’ai vécu comme si j’allais en vivre cinq autres, et c’est un vrai regret.
Se qualifier aux Jeux, c’est aussi mettre une grande lumière sur notre discipline.
Tout le groupe mesure le boost de visibilité que cela donnerait ! On a des joueurs de classes mondiales très intelligents qui comprennent l’impact qu’aurait une qualification sur le hockey français. Mais de notre côté on doit prendre du recul par rapport à ça et se regrouper dans notre bulle. On doit se concentrer sur le sportif pour faire vivre les Jeux à tout le hockey français.
La perspective du Mondial 2028 derrière laisse espérer de belles années…
C’est clair qu’il faut être très conscient de cette opportunité. Des générations entières n’ont pas eu la chance de vivre ni les Jeux, ni un Mondial Elite à la maison. Du président aux joueurs, on est tous conscients que ce sont des opportunités très rares. C’est de l’essence supplémentaire mise dans le moteur des joueurs.
🚨 Officiel : la France organisera le Mondial Élite 2⃣0⃣2⃣8⃣ à Paris et Lyon 🤩#IIHFWorlds #TeamFranceHockey pic.twitter.com/lSSgWpxS8l
— Équipes de France Hockey (@Hockey_FRA) May 24, 2024
Un petit mot pour les nombreux supporters qui seront derrière les Bleus pour décrocher ensemble les Jeux olympiques ?
Je sais qu’on a des milliers de supporters à travers la France, des passionnés autant que moi ! Certains seront même présents à la Riga Arena, dans une atmosphère plutôt hostile (rires). On apprécie énormément ce soutien et on aimerait le rendre en se qualifiant. Tous les amoureux du hockey en France souhaitent la même chose…
Préparation au TQO, à Sarpsborg (NOR)
- Vendredi 23 août : Norvège – France
- Samedi 24 août : Norvège – France
Calendrier du TQO à Riga (LAT)
- Jeudi 29 août : France – Ukraine (15h00)
- Jeudi 29 août : Lettonie – Slovénie (19h00)
- Vendredi 30 août : France – Slovénie (15h00)
- Vendredi 30 août : Ukraine – Lettonie (19h00)
- Dimanche 1er septembre : Slovénie – Ukraine (12h00)
- Dimanche 1er septembre : Lettonie – France (16h00)
Horaires en heure française*