Interview. J.Perret : « J’aime passer du temps où je me sens bien »
13 Jan 2025 12:13 / A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

Arrivé en 2017 en République Tchèque, Jordann Perret s’y épanouit si bien qu’il vient de prolonger son contrat de trois saisons avec le club de Mountfield. Rencontre avec l’attaquant des Bleus, ravi de cette prolongation.
Crédit photo : Xavier Lainé/FFHG
Tu as prolongé ton contrat de trois saisons avec Mountfield. C’était une décision logique pour toi ?
Totalement. C’est un endroit où je me sens bien. Tout me plaît ici. On a une bonne bande de gars, une super équipe et on joue le titre chaque année. Tout était aligné pour que je reste !
Tu pensais rester aussi longtemps en République Tchèque quand tu as signé ?
Non (rires). La première année je voulais juste tenter ma chance, et finalement j’y suis toujours. Je prends du plaisir sur la glace et en dehors dans le club de Hradec, donc c’est top.
Rester aussi longtemps dans un club de championnat majeur n’est pas commun pour un Français. Comment expliques-tu ta longévité ?
C’est vrai que c’est rare. Je ne sais pas trop l’expliquer… Je me donne à 100% à chaque entraînement et à chaque match pour être le plus performant possible. J’ai aussi le même coach à Mountfield depuis que je suis arrivé et ça fonctionne bien entre nous. Rester dans une Top ligue comme l’Extraliga aussi longtemps est une fierté pour moi, et je suis bien content de la stabilité que j’ai trouvé. Je m’y sens bien et j’aime passer du temps où je me sens bien.
✍️ BONNES NOUVELLES! JORDI ZŮSTÁVÁ V HRADCI!!!
➡️ https://t.co/1LiqGqMrM4 pic.twitter.com/MDd4GNivDm
— Mountfield HK (@MountfieldHK) January 9, 2025
C’est aussi un exemple pour les jeunes français qui aimeraient goûter à ces championnats de très haut niveau.
Il faut toujours y croire et travailler dur pour y arriver ! On l’entend souvent, mais c’est vrai, c’est ce qui m’a amené ici. Aujourd’hui je suis bien content d’avoir fait les efforts quand j’étais plus jeune pour arriver là. Je continue encore à les faire, car il le faut toujours.
On a senti dès le début de saison que tes dirigeants te faisaient confiance avec cette nomination en tant qu’assistant cette saison. Hors Slovaques et Tchèques, vous n’êtes que deux étrangers à porter ce rôle en Extraliga.
Je ne le savais pas, mais c’est vrai que c’est plutôt rare d’avoir des étrangers prendre les rôles de capitaine ou assistant ici. Il n’y a pas beaucoup d’étrangers dans les équipes, voire même aucun dans certaines. Le staff me l’a proposé en début d’année et j’ai accepté cette responsabilité. Même si cela ne change pas grand-chose, ça fait toujours plaisir d’avoir ce petit truc en plus.
Comment vis-tu ce nouveau rôle dans le vestiaire ?
Comme je l’ai dit, ça ne change rien en l’homme ou le joueur que tu es, alors il faut rester fidèle à toi-même. J’essaye d’être un exemple, d’aider tout le monde sur la glace et en dehors, d’accompagner les plus jeunes et de faire le lien entre le groupe et le staff avec l’aide du capitaine.
Tu as l’air d’être adoré par les supporters.
Quand le club a annoncé ma prolongation en plein derby, ça m’a fait chaud au cœur de voir autant d’acclamations pour moi. C’est vraiment plaisant d’être remercié de tous les efforts fournis depuis le début. C’est sûr que c’est toujours plus sympa d’être à un endroit où les supporters t’apprécient plutôt qu’ils te huent (rires). J’ai la chance d’être aimé ici et c’est génial. En plus, ici, les fans sont incroyables ! Ils sont à fond derrière nous à chaque match. Le jour où t’es fatigué, tu sais qu’ils sont là pour te pousser et t’amener la petite énergie supplémentaire dont tu as besoin.
Tři další roky pro Jordiho. A na zimáku jste to věděli jako první 🔥 pic.twitter.com/5YqUP7835O
— Mountfield HK (@MountfieldHK) January 9, 2025
Sur la glace, ta saison est aussi réussie avec 17 points en 31 matchs. Tu espères battre ton record de 26 points en 2021-2022 ?
Je n’ai jamais porté trop d’importance à mes statistiques. Ce n’est pas un objectif, je ne veux pas me prendre la tête avec les points… même si c’est toujours important d’en avoir, car c’est la récompense des efforts fournis. Tu peux faire un très bon match sans marquer de point, donc il ne faut pas se focaliser là-dessus. Pour l’instant je suis satisfait de ma saison, je joue bien et il faut que je continue comme ça. Si je peux aider l’équipe en marquant des buts, c’est top. C’est ce que les coachs attendent aussi de moi.
C’est important d’avoir des statistiques en Extraliga, d’autant plus avec ce statut d’étranger ?
Tu as beau être un très bon joueur, si tu n’as pas beaucoup de points tu ne seras pas le premier de la liste (rires). Dans les grosses ligues, ça compte forcément. Donc c’est toujours bien d’en avoir…
Comment décrirais-tu ce championnat ?
C’est une des meilleures ligues d’Europe, avec un niveau très élevé. Le jeu est physique, avec beaucoup de vitesse et de technique. C’est dur d’y jouer, mais une fois que tu as l’habitude ça va. Il y a de très bons joueurs, notamment avec les joueurs NHL qui reviennent et les joueurs de KHL qui sont arrivés en masse depuis quatre ans. Le niveau a énormément monté ces dernières années. Il n’y a qu’à voir les résultats en CHL, avec toujours une équipe tchèque dans la course au titre.
Au début de saison il y avait quatre Français en Extraliga (avant la fin de carrière de Valentin Claireaux). Est-ce que tu as remarqué un changement dans le regard des Tchèques sur les Français depuis quelques temps ?
Sacha et Yorick Treille ont joué ici, puis je suis arrivé, Valentin et Yohann sont venus aussi. Performer en tant que Français peut ouvrir la porte à d’autres joueurs. Si on prend mon exemple, les clubs peuvent remarquer mon investissement, mes performances et mon attitude qui est bonne. Nos performances font de la bonne pub pour le hockey français.
Jordann Perret sous les couleurs du HK Mountfield (Crédit : Stanislav Soucek Photography)
Quelle a été ta meilleure saison en République Tchèque jusque-là ?
C’est difficile comme question ! Toutes les saisons sont spéciales mais on se rappelle mieux de celles où l’on performe. Je garde un bon souvenir de la saison où on gagne la saison régulière (2021/2022). Mais celle de 2022-2023 est sûrement la meilleure. On est allé en finale et l’ambiance était dingue. C’était la première finale de l’histoire du club. Les supporters nous attendaient à la patinoire à trois heures du matin pour nous encourager. Ils venaient même nous encourager au morning skate avec des tambours ! On est allé en finale de CHL en 2020, c’était marquant aussi…
Quels sont les objectifs collectifs du club chaque année ?
L’objectif est de se qualifier en playoffs en terminant dans les quatre premiers pour éviter les huitièmes, ce qu’on arrive à faire souvent. Et puis pour les playoffs, aller au moins en demi-finale et tenter le titre. Maintenant qu’on a fait une finale, ce serait bien de ramener la première coupe.
Voir cette publication sur Instagram
A quoi ressemble la ville de Hradec Kralové ?
C’est une petite ville tranquille de 80 000 habitants, plutôt jolie, à 1h30 de Prague en voiture. Il y a un fleuve qui passe au milieu de la ville, c’est sympa. Pas mal de restaurants, de magasins, un centre commercial… On s’y plait vite !
Tu as parlé de restaurants. Tu as un plat typique à nous recommander ?
On ne dirait pas mais il y a plein de bons petits plats ici ! Il y a notamment les dumplings (ndlr : sorte de quenelles) avec du bœuf en sauce. C’est un repas typique à essayer quand on vient en Tchéquie !
Qu’est-ce que tu fais de tes journées hors hockey ?
Je suis bien occupé avec mes deux enfants. J’essaye de passer le maximum de temps avec eux, en jouant dans des parcs et en visitant les environs. On profite des après-midis libres. Notre déplacement le plus loin est à trois heures de route, donc j’ai la chance de rentrer chez moi tous les soirs. C’est un luxe.
Mluvíte česky? (traduction : tu parles Tchèque ?)
(rires) Je le comprends assez bien et je le parle (il coupe)… non, disons que je le baragouine ! J’arrive à me faire comprendre par mes coéquipiers. Avec ma prolongation de trois ans, je n’ai plus d’excuses, il faut que je prenne des cours pour le maîtriser mieux.
Jordann Perret avait marqué face à l’Ukraine lors du TQO (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
Tu as le mal du pays ?
Bien sûr. Quand tu es sportif de haut niveau, tu dois faire des sacrifices. S’éloigner de la France en est un ! La famille, les copains, le pays, la nourriture, tout me manque.
L’équipe de France se regroupera en Norvège début février. Tu as hâte de retrouver les Bleus ?
Ça va faire du bien de retrouver cette famille tricolore. Rien que de parler français le temps d’une semaine, c’est bon pour le mental (rires). Physiquement, c’est parfois fatiguant mais ce n’est pas très grave. J’ai hâte de rejouer pour ce maillot. On a le Mondial de Stockholm à préparer avec un nouveau staff. On espère performer le plus possible.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette nouvelle année ?
La santé avant tout. Quand tu l’as, le reste va ! De la réussite collectivement et individuellement avec Mountfield et les Bleus. Et une qualif’ olympique…
Propos recueillis le 10 janvier
Jordann Perret, en bref :
- Né le 14 octobre 1994 (30 ans) à Autrans
- Carrière en sélection : 7 Mondiaux, 9 points en 45 matchs
- Carrière en clubs : Grenoble (2012 – 2016), Rouen (2016 – 2017), Dynamo Pardubice (2017 – 2019), HK Mountfield (2019 – Aujourd’hui)