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P.Bozon : « De très bons ambassadeurs pour le hockey français »

08 Oct 2015 11:35   /   EQUIPES DE FRANCE

Matthew Manor/HHOF-IIHF Images
Matthew Manor/HHOF-IIHF Images

Il y a 30 ans, le 29 septembre 1985, Philippe Bozon signait son premier contrat avec le club NHL des Blues de St Louis, une première dans l’histoire du hockey français ! Pour célébrer cette date anniversaire, l’homme aux 144 matches de NHL est revenu sur son parcours. L’ancien international, qui a disputé 8 Championnats du Monde Elite et 2 Jeux olympiques sous la tunique de l’équipe de France, est heureux de voir qu’aujourd’hui les chances pour un joueur français d’atteindre la NHL sont beaucoup plus importantes qu’à son époque. Alors que la saison NHL reprend aujourd’hui pour nos deux tricolores Pierre-Edouard Bellemare et Antoine Roussel, découvrez l’interview de Philippe Bozon, accompagnée d’une belle photo collector. 

FFHG : Philippe, pouvez-vous nous raconter les circonstances de la signature de votre premier contrat avec les Blues de St Louis en 1985 ?

PB : « J’étais en junior majeur au Québec. J’avais connu d’assez bonnes saisons et je pensais être repêché mais ça n’a pas été le cas. J’ai eu ensuite quelques invitations à des camps d’entrainements, dont celle du « Prof Caron »*, à l’époque manager de St Louis. Je savais qu’il était venu me voir jouer assez souvent donc j’ai accepté sa proposition, et après cela les Blues m’ont fait signer un contrat. Puis, comme tous les joueurs sous contrat avec un club NHL je suis rentré en junior faire ma dernière année. Après je suis allé jouer quelques mois en ligue mineure et c’est devenu un peu plus compliqué. Du coup je suis rentré en France, où j’ai évolué deux saisons à Mont-Blanc et Grenoble, puis une demi-saison à Chamonix**. Lors des Jeux olympiques d’Albertville en 1992***, les membres du staff de St Louis, qui avait toujours les droits sur moi, m’ont revu jouer et m’ont fait signer un autre contrat.

Qu’est-ce que l’on ressent au moment de la signature de contrat avec un club de NHL ?

C’est un rêve surtout pour un joueur français à l’époque ! La NHL semblait vraiment loin… On n’avait pas les réseaux sociaux et on ne voyait pas toutes les images que l’on a aujourd’hui. Cela paraissait comme un monde inaccessible et différent. Le rêve commence à prendre forme quand vous voyez des gens qui s’intéressent à vous. C’est incroyable de pouvoir participer à un camp d’entrainement, de voir le niveau et de s’apercevoir que l’on a une chance… On comprend ce que signifie le hockey au Canada rien qu’en participant au championnat junior majeur. Quand on y fait de bonnes saisons, on mesure déjà l’engouement fantastique.

Et la concrétisation réelle du rêve, on imagine qu’elle arrive au moment du premier match officiel en NHL ?

Oui effectivement. Quand on signe le contrat, qu’on fait les camps d’entrainement et qu’on joue en mineur, on se rend compte de toute la difficulté d’accéder à la NHL, et toutes les embûches qui se dressent devant vous. Le rêve a pu paraître brisé quand je suis rentré en France mais il faut toujours continuer à y croire, à travailler et à se développer. Quand j’y suis retourné après les JO, je peux dire que j’étais vraiment mieux préparé à endurer les épreuves et j’étais prêt mentalement à franchir le pas.

Cela demande donc une certaine maturité pour s’imposer outre-Atlantique ?

À l’époque oui. Maintenant il y a eu une vraie évolution. Les choses sont bien différentes. Les organisations suivent beaucoup plus de joueurs et avec plus de précisions, notamment grâce aux camps de développement et de perfectionnement. C’est un monde vraiment différent, où tout le monde est suivi. Où que vous soyez en Europe, vous ne passez pas entre les mailles du filet de la NHL quand vous avez du talent.

Quel est votre regard sur les joueurs français qui évoluent aujourd’hui dans les championnats nord-américains, que ce soit en NHL pour Antoine Roussel et Pierre-Edouard Bellemare, ou en ligues mineures pour Benjamin Dieudé-Fauvel et votre fils Tim Bozon ? 

On voit là avec ces joueurs qu’il existe plusieurs chemins pour arriver à la NHL. Antoine Roussel est passé par plusieurs ligues mineures et a vraiment connu un parcours du combattant incroyable. Pierre-Edouard Bellemare est passé par l’école de formation européenne, et notamment la Suède, contrairement à Antoine et Tim qui sont partis au Canada très tôt. On ne peut pas dire qu’il y ait un parcours plus avantageux qu’un autre pour arriver en NHL et rencontrer du succès. Il faut bien sûr un minimum de talent, mais surtout un gros mental et du travail on peut y arriver. Tout le monde se développe à un rythme différent mais l’important au final c’est de saisir sa chance. Ce sont maintenant de très bons ambassadeurs pour le hockey français. Je suis très heureux de les voir évoluer en NHL et de voir leurs expériences vécues à l’étranger bénéficier à l’équipe de France. »

* Ronald Caron (19/12/1929 – 09/01/2012), en poste de directeur aux Blues de St Louis de 1983 à 1995.
** entre 1987 et 1992, avec ces trois clubs, Philippe Bozon a inscrit 344 points en 180 matches disputés (saison régulière et play-offs confondus).
*** Philippe Bozon faisait partie de l’équipe de France lors de la belle épopée aux JO de 1992, où les Bleus se sont hissés jusqu’en quart de finale (défaite 4-1 face aux Etats-Unis).


Philippe Bozon sous les couleurs des Blues de St Louis en NHL