A.Bouché : « Prouver qu’une Française le mérite »
20 Nov 2015 11:00 / EQUIPES DE FRANCE


Anouck Bouché, première joueuse française à signer un contrat professionnel, a effectué de très bons débuts avec Lugano, inscrivant quatre points lors de ses deux premiers matches, disputés les samedi 14 et dimanche 15 novembre. Quelques jours avant ses premiers pas dans le championnat suisse, elle nous disait toute son impatience de commencer la compétition et de faire ses preuves avec son nouveau club. Après avoir participé en début de mois au stage en Norvège avec l’équipe de France, notre internationale est revenue sur les bons moments vécus au sein du groupe tricolore. Elle nous a aussi confié l’ambition que les Bleues nourrissent pour le prochain Mondial, qui aura lieu au Danemark du 25 au 31 mars 2016.
FFHG : Lors du stage en Norvège avec l’équipe de France, effectué début novembre, les conditions d’entraînement semblaient particulièrement bonnes : comment ce regroupement s’est-il déroulé ?
A.B. : C’est vrai qu’on était dans un superbe complexe… On n’a pas vu grand-chose de la Norvège du coup mais on était dans de bonnes conditions de travail. On a pu faire un entraînement en extérieur, comme quelques photos sorties sur les réseaux sociaux l’ont montré. C’était vraiment sympa. J’ai retrouvé toutes les filles qui étaient au Pôle avec moi et que je n’avais pas vues depuis quelques semaines, mais aussi Estelle Duvin qui est partie aux Etats-Unis et qu’on n’avait pas revue depuis le dernier stage. Pour ma part, il y a des filles dans l’équipe qui sont mes amies depuis 10 ans, c’est donc toujours un plaisir de se retrouver.
C’est aussi l’occasion d’échanger sur les expériences de chacune en club ?
Exactement. Chacune raconte comment ça se passe dans son club ou dans le pays dans lequel elle vit. Cela permet de mettre en commun les expériences. Là par exemple Estelle nous a raconté comment ça se passait pour elle à l’Université du Maine. Je pense que ça peut donner des idées à certaines… Pour moi c’est un peu tard car je suis trop vieille maintenant (rires)… mais pour les jeunes joueuses du groupe c’est un bon challenge à relever.
Malgré ton âge, tu viens tout de même d’effectuer un grand pas pour ta carrière en arrivant à Lugano, en Suisse, à l’inter-saison…
Avant, je me disais que je ne pouvais pas jouer à l’étranger car je devais rester à proximité de Briançon pour voir mon fils, qui habite là-bas, le plus souvent possible. Être au Pôle ces dernières années c’était donc la bonne solution car je passais mon début de semaine à Briançon, où je m’entrainais avec les garçons et, à partir du mercredi j’allais sur Chambéry… Mais j’avais envie de découvrir autre chose. J’ai donc demandé à l’une de mes connaissances, qui joue à Lugano, si son club ne cherchait pas encore une étrangère pour intégrer l’équipe, et elle m’a dit d’envoyer un e-mail à la responsable du recrutement. J’ai ensuite passé un essai là-bas qui s’est révélé concluant et les dirigeants m’ont fait signer.
Il y aussi un côté historique avec la signature de ce contrat. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Je suis vraiment contente… Être la première joueuse française à décrocher un contrat professionnel, c’est sûr que j’en suis fière, même s’il y en a qui ont déjà joué en tant que joueuse étrangère. On aspire toute à pouvoir vivre de notre sport et enfin j’en ai l’occasion. Maintenant est-ce que ça va durer au-delà de cette année je ne sais pas, mais je vais tout faire pour en tout cas ! Par contre, cela amène aussi une certaine pression supplémentaire de se dire qu’en tant que professionnelle on attend quelque chose de moi en plus… J’ai en tout cas vraiment hâte d’attaquer les compétitions avec mon club, car avec juste l’entraînement on ne peut pas montrer grand-chose*1. J’espère faire mes preuves dans ce championnat étranger : accumuler des points, être efficace et utile à mon équipe. Je vais tout faire pour prouver qu’une Française mérite d’avoir un contrat professionnel en Suisse.
Au cours de la saison, tu vas notamment te retrouver face à Caroline Baldin, ta coéquipière avec les Bleues, qui joue à Zurich. Es-tu impatiente de vivre ce duel tricolore ?
Oui c’est sûr, en plus on est très proche avec Caro. J’étais d’ailleurs là quand Lugano a joué contre Zurich les semaines passées, et j’étais dans une situation particulière. En ne jouant pas, j’étais plutôt fière de ce qu’elle faisait dans la cage, même si c’était contre mon club (succès 3-0 et 7-1 des Lionnes de Zurich). La prochaine fois, quand je vais jouer ça sera différent évidemment… Je vais essayer de tout faire pour lui marquer des buts ! (rires).
Pour reparler de l’équipe de France, quelle performance espères-tu au Mondial D1A qui se profile au Danemark (à Aalborg, du 25 au 31 mars 2016), après la médaille de bronze obtenue à Rouen en 2015 ?
Notre objectif c’est la 1ère place. L’Allemagne descend de la division élite et est davantage à notre portée que ne l’était la République tchèque lors du dernier Mondial*2. Après, chaque match sera accroché : on peut tous les gagner comme tous les perdre. La compétition est très ouverte, et notre objectif c’est de réussir à monter en élite. Le Mondial sera aussi une bonne étape pour les qualifications olympiques qui auront lieu à partir du mois de novembre 2016. On s’entraine toute la saison en pensant au Mondial. En Norvège, on a bossé sur certains aspects spécifiques et c’est sûr que ça va payer plus tard. Tous ces moments de préparation sont des moments très sympas en équipe et je pense qu’on s’en rappellera longtemps… Dans 10 ans, celles qui seront encore dans le groupe France raconteront sûrement aux « petites jeunes » leur souvenir de cet entraînement en extérieur, un moment très cool à vivre.
*1 Entretien réalisé le 12 novembre, Anouck Bouché a depuis disputé ses premiers matches avec Lugano, inscrivant 4 points (1but et 3assists) en deux rencontres (succès 5-3 et 11-0).
*2 La République tchèque a remporté le Championnat du Monde D1 A 2015 de Rouen en s’imposant dans toutes ces rencontres, y compris contre la France (4-0), gagnant logiquement son accession au niveau élite.
L’équipe de France féminine lors de son regroupement à Skien (NOR), du 2 au 8 novembre 2015.