EDF Fem. A.Bouché : « Le hockey me manquait »
30 Mai 2021 09:00 / A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

Avec 221 sélections, Anouck Bouché est la deuxième joueuse en activité la plus expérimentée sous le maillot bleu, derrière la capitaine Marion Allemoz et ses 229 capes. Attaquante sur la glace, diététicienne de métier et maman épanouie d’un garçon de 11 ans, nous l’avons interrogée à l’occasion de la venue des Bleues à l’Aren’Ice du 25 au 29 mai, à environ six mois du TQO.
Anouck, la dernière fois que l’on t’a interrogée, c’était pour la fin de ta carrière en juin 2017*. Aujourd’hui, tu es de retour sous le maillot bleu. Peux-tu nous expliquer les raisons qui t’ont poussé à rechausser les patins à la rentrée 2019 ?
En 2017, j’avais à la fois un sentiment de lassitude vis-à-vis du hockey et le besoin de m’investir à fond dans mon projet professionnel, en exerçant notamment un emploi à plein temps afin de subvenir au besoin de mon fils. Je souhaitais également revenir dans ma région, en Alsace. Et puis, finalement, au bout de deux saisons, même au bout d’une seule d’ailleurs, c’était très dur de ne pas partir avec les copines en stage, d’autant que j’étais la seule joueuse de ma génération à avoir arrêté… Le hockey me manquait, tout simplement ! C’est mon sport et j’aime le pratiquer. Quand j’ai vu l’équipe réaliser de grandes performances lors des deux championnats du monde que j’ai ratés, cela m’a vraiment donné l’envie et la motivation de revenir jouer à haut niveau.
En 2017, tu exprimais le besoin de passer plus de temps avec ton fils. Aujourd’hui, tu as réussi à trouver le bon équilibre entre vie personnelle, vie professionnelle et le sport de haut niveau ?
Oui, ces deux années de coupure m’ont permis de concrétiser beaucoup de projets, sur les plans personnel et professionnel. J’ai notamment validé mon diplôme et trouver une situation professionnelle compatible avec la pratique du hockey à haut niveau. Mon fils a également grandi et gagné en autonomie, et je peux compter sur mon conjoint et mes parents pour m’aider. C’était d’ailleurs pour me rapprocher d’eux que je souhaitais revenir m’installer en Alsace.
Parmi elles figure une certaine @anouck_bouche, qui sort de sa retraite internationale ? #WelcomeBack #TeamFranceFamily ??? pic.twitter.com/hiTOnE3jPY
— Équipes France Hockey (@Hockey_FRA) October 8, 2019
Comment se déroule ton quotidien en club ?
J’ai trouvé de bonnes conditions d’entraînement en alternant les trois sites alsaciens : Colmar, Mulhouse et Strasbourg. Je m’entraîne avec les effectifs de D2, U20 ou U17 selon les besoins des entraîneurs. Cette saison, j’ai débuté avec les U20 de Mulhouse, avant de faire un match avec les U17 de Strasbourg. Puis, j’ai participé au Challenge Poles Espoirs U18 avec Strasbourg. Même si je n’arrive pas à un total de matches aussi conséquent qu’une saison classique, on peut dire qu’on a limité la casse. J’ai pu garder un rythme de jeu suffisant pour bien préparer les stages et arriver en forme en équipe de France.
Malgré la crise sanitaire, quel bilan tires-tu de ces deux dernières saisons ?
L’absence de compétition internationale est un mal pour un bien de mon côté. Cela m’a permis d’avoir plus de temps pour revenir à mon meilleur niveau, en travaillant bien au niveau de la musculation et de la préparation physique. Aujourd’hui, je suis dans de bonnes dispositions pour donner le meilleur de moi-même.
Est-ce que cela t’amène une motivation supplémentaire de jouer sous le regard de ton fils ?
C’est sûr que c’est quelque chose de particulier. Il est mon premier supporter et il va toujours m’encourager ! Mais surtout, peu importe le résultat du match, il sera toujours présent à la fin et sera fier. C’est ça le plus important.
Est-ce que le fait d’être devenu maman a changé quelque chose dans ton rapport au hockey ?
Oui, cela m’a permis de relativiser et dédramatiser les résultats. La vie ne s’arrête pas si on perd un match. Mentalement, c’est un plus pour moi. J’ai vraiment passé un cap après avoir eu mon fils, rien qu’avec le fait d’avoir réussi à revenir après avoir eu un enfant.
Penses-tu qu’il suive un jour tes traces en pratiquant le hockey sur glace à son tour ?
Je ne suis pas sûr, le sport pour l’instant ce n’est pas ce qui l’intéresse en priorité. Il a d’autres passions, mais il a cependant beaucoup de facilités pour patiner… Il ne resterait plus que le maniement de la crosse à lui apprendre s’il s’y met un jour (rires) !
Reparlons Equipe de France : tu fais partie des 6 joueuses à afficher 200 sélections ou plus**. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
C’est une fierté ! Être dans le Top 3 des sélections, c’est vraiment énorme. J’aurais aussi aimé atteindre les 250, mais avec les deux saisons impactées par le covid, cela risque d’être compliqué… C’est quand même juste fou de se dire que la 1ère sélection date de 2003, il y a 18 ans ! L’équipe de France est une véritable famille et elle m’a vu grandir. Quand je regarde en arrière, c’est tout un pan de ma vie. On partage tellement de choses ensemble, on connaît les vies de chacune.
Entre tes débuts en 2003 et aujourd’hui : qu’est-ce qui a le plus évolué selon toi ?
Beaucoup de choses ont été ajoutées afin d’améliorer nos performances. Analyse vidéo, préparations physique et mentale,… En ce moment, on a même des études sur le sommeil. Bout à bout, tout cela amène plus de professionnalisme et nous rapproche de nos objectifs. Par exemple, avant on avait un préparateur physique uniquement lors du stage d’été, maintenant c’est tout le temps, ce qui est génial pour le suivi des séances et la récupération. Les systèmes de jeu ont aussi évolué et le niveau de l’équipe a progressé. Enfin, le nombre de joueuses à l’étranger a considérablement augmenté et elles ont des rôles importants dans leurs clubs.
Abordons pour terminer le TQO de novembre. Comment appréhendes-tu cet événement ?
Il y a deux côtés. A la fois je vois l’équipe qui progresse et qui se prépare pour quelque chose de grand. Chacune s’améliore au sein de son club et lorsqu’on se réunit, on avance vraiment bien ensemble. Mais il y a aussi l’ombre du Covid, avec la peur d’une annulation de la compétition, y compris au dernier moment. Cela serait vraiment difficile à digérer, car on reste déjà sur deux Championnats du Monde annulés. Pour des joueuses de ma génération, dont c’est peut-être le dernier objectif, on a vraiment envie de défendre nos chances pour la qualification olympique.
*Interview croisée avec Virginie Bouetz-Andrieu, à retrouver en cliquant ici.
**Liste des 6 joueuses affichant 200 sélections ou plus :
- Virginie Bouetz-Andrieu : 251
- Marion Allemoz : 229
- Anouck Bouché : 221
- Betty Jouanny : 217
- Athéna Locatelli : 202
- Deborah Iszraelewicz : 200
Anouck Bouché en bref
Née le 17 septembre 1988 à Colmar (68)
Clubs successifs : Font-Romeu, Bâle (SUI), St Jérôme (CAN), Pôle France, Cergy-Pontoise, Gap, Pôle France, Lugano (SUI), Briançon, Colmar
Equipe de France :
- 221 sélections ;
- 12 Championnats du Monde ;
- 6 médailles dont une d’or au Mondial D1B de Strasbourg en 2013.