J.Boscq : « Un nouveau défi à relever »
22 Août 2023 17:00 / A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE, BLEU(E)S DE L'ÉTRANGER

A seulement 21 ans, le jeune défenseur de l’équipe de France Jules Boscq s’apprête à s’envoler pour les Etats-Unis afin de vivre sa première expérience à l’étranger. Il se confie sur ce changement de vie à venir, ainsi que sur ses ambitions en club et en sélection après un premier Mondial réussi avec les Bleus.
Crédit photo : FFHG
C’est l’heure du grand saut ! Comment te sens-tu après cette signature chez les Iowa Heartlanders ?
Je me sens super bien. Je suis très content et excité à l’idée de commencer la saison. C’est un nouveau défi à relever. J’appréhende un peu ce départ vers l’inconnu, mais je pense que c’est normal.
Qu’est-ce que tu appréhendes ?
Ce sera ma première expérience en dehors de la France alors forcément je me pose des questions sur la vie là-bas. Je vais me retrouver loin de mes repères, sans ma famille et mes habitudes.
Est-ce que tu peux nous refaire l’histoire de cette signature ?
Les premiers contacts remontent au Championnat du Monde. Après un match le manager m’a contacté pour me demander si on pouvait discuter. Je lui ai dit que j’étais ouvert, puis on a regardé les contrats tout l’été pour finalement signer à Iowa.
Notre défenseur Jules Boscq signe chez les @GoHeartlanders 🇺🇸✈️ #TeamFranceHockey https://t.co/IQMDJeep79
— Équipes de France Hockey (@Hockey_FRA) August 16, 2023
Pourquoi avoir choisi l’ECHL plutôt qu’une expérience européenne ?
J’aime l’idée de me dire que peu de Français ont réussi à percer aux Etats-Unis. J’ai envie de montrer que c’est possible. Partir de tout en bas pour arriver tout en haut, c’est un bel objectif (rires). J’ai un contrat à deux volets donc je peux jouer aussi en AHL même si je suis de base avec l’équipe ECHL. J’espère faire le plus de matchs possible en AHL dès cette saison.
Tu as pu parler du club avec Louis Boudon, qui a fait un bref passage là-bas la saison dernière ?
On a beaucoup échangé cet été, notamment sur la ville et les conditions de vie. J’ai pu avoir toutes les réponses à mes questions grâce à lui. Il sera à deux heures de moi (ndlr : Louis Boudon évoluera cette saison chez l’Iowa Wild), donc on se croisera sûrement dans la saison. Et en AHL aussi j’espère (rires).
Quel est ton programme jusqu’à la reprise avec Iowa ?
J’ai fait toute ma préparation dans une salle de musculation à Anglet, à distance avec le préparateur physique de l’équipe de France Gaëtan Brouillard. Je suis revenu à Bordeaux début août chez mes parents. Je fais le camp avec les Boxers de Bordeaux jusqu’au 20 septembre. Ça me permet de toucher la glace et d’arriver en forme ! Je vais jouer avec eux les matchs de préparation. C’est super pour me mettre dans le rythme et avoir des matchs dans les jambes. Le camp d’Iowa commence le 7 octobre et le championnat débute le 20 octobre, le délai est super court. Il va falloir être prêt rapidement (rires).
Jules Boscq réalise sa préparation estivale avec les Boxers de Bordeaux (Crédit : Boxers de Bordeaux)
Tu sors d’une saison pleine avec les Boxers de Bordeaux, avec 44 matchs de saison régulière et 27 points inscrits. C’était le bon moment de partir ?
Je voulais déjà partir l’été dernier, mais finalement je ne regrette pas du tout cette saison supplémentaire ! Je voulais changer de championnat pour me pousser à travailler encore plus. Ce sera un challenge encore plus haut et c’est ce qui m’attire.
Tu t’attends à quoi sur la glace là-bas ?
Je m’attends à un championnat basé sur la vitesse, qui sera très dur car tout le monde veut monter sur les étages au-dessus ! Chaque joueur voudra se montrer pour décrocher l’AHL voir la NHL. C’est ce qui rend ce championnat difficile à mes yeux. Ce sera aussi très dur physiquement, avec 72 matchs à l’année.
Tu as adapté ta préparation physique à l’ECHL ?
Oui. Au début de l’été je ne connaissais pas ma destination donc je faisais une préparation « normale », avec l’idée que ma saison commencerait en septembre. Dès que j’ai su que je la commençais en octobre, j’ai ralenti un peu la cadence avec l’aide de Gaëtan Brouillard car j’avais encore plus de temps pour me préparer.
Quels sont les points sur lesquels tu dois travailler pour décrocher tes objectifs ?
J’ai gagné pas mal de vitesse à Bordeaux et dans mes précédentes préparations estivales. Cet été a été plus axé sur la force. J’ai perdu beaucoup de poids, donc il a fallu me renforcer musculairement. J’ai aussi beaucoup travaillé sur l’explosivité car c’est pour moi la priorité. Bouger vite les patins, être explosif… Je veux être plus explosif au démarrage. Ça va m’aider sur plein de situations en match, comme quand on doit rapidement sortir d’un coin avec le palet ou simplement prendre un shoot à la ligne bleue.
Comment tu travailles cette explosivité ?
Beaucoup de sprint, d’échelle d’agilité, sauts, parcours de haies. J’ai aussi fait beaucoup d’exercice sur vélo car j’en fais beaucoup l’été. Je commence déjà à voir des progrès sur la glace. Maintenant il va falloir s’adapter à cette nouvelle explosivité. Je vais pouvoir arriver plus vite qu’avant sur mes adversaires, donc je vais devoir changer ma manière de défendre.
Le Mondial 2023, où tu as eu un rôle clé, a dû te donner beaucoup de confiance.
Plus les matchs passaient et plus je me sentais bien sur la glace. Au début je jouais simple, avec surtout l’envie de ne pas faire d’erreurs. A force d’être utilisé, j’ai pris de la confiance et j’ai pu me libérer au fur et à mesure, jusqu’à jouer sans pression. J’ai fait mon maximum pour l’équipe et ça a bien marché. J’attaque cette saison avec une nouvelle confiance en mon jeu que je n’avais pas forcément avant. Après je ne m’enflamme pas, je n’ai pas non plus survolé le Mondial (rires) !
Qu’as-tu pensé de tes prestations au Mondial ?
Je me suis trouvé bon. En revisionnant les matchs j’ai vu des points à améliorer, comme tout le monde en a. Je suis content d’avoir eu autant de temps de jeu et d’avoir pu montrer ce que je sais faire.
Tu as été surpris de répondre présent aussi rapidement au plus haut niveau Mondial ?
Pas vraiment. Je suis sorti d’une bonne saison avec Bordeaux qui m’a mis en confiance, puis je suis arrivé au stage en avril avec beaucoup d’envie. Je me suis dis qu’il n’y avait pas de raison de ne pas être à la hauteur. Les joueurs des grosses nations sont comme nous, avec deux bras et deux jambes. Je me suis concentré sur mon hockey et ça a bien marché !
Qu’as-tu ressenti à l’échauffement du premier match face à l’Autriche ?
J’ai envie de revivre ces émotions tous les jours ! C’était mon premier match en Mondial Senior, alors j’avais une pression… mais elle était vraiment positive. Elle me donnait envie de tout donner. Je me disais « Tu vis un moment magique, joue au hockey, n’aie pas peur et on verra le score à la fin ». Je ne me suis pas mis de pression négative. J’ai tout donné pour en arriver là, alors quand ça arrive j’en profite et ça me motive à faire encore plus.
Les jeunes comme toi ont été très bien intégrés par l’ensemble du groupe.
Le groupe est incroyable. Je connaissais la plupart des gars avec qui on faisait les stages d’été, mais au Mondial il y a plein de nouveaux joueurs qui arrivent de championnats différents. C’était super pour nous les jeunes d’avoir été si bien accueillis par tout le monde. Je garde des superbes souvenirs de ce premier Mondial. J’ai envie de revivre ça chaque année.
D’un point de vue collectif, que retiens-tu de ce Mondial à Tampere ?
Dans l’ensemble on a fait un bon Mondial, même si on aurait pu mieux faire. Sur les deux premiers matchs notamment, où l’on se fait peur alors qu’on doit assurer dès le début. On fait un bon match contre la Finlande aussi (ndlr : la Finlande a gagné 5-3). C’était difficile aussi avec les blessures et malades en fin de Mondial. Avec l’équipe qu’on avait, on aurait pu aller plus loin que le maintien. Si on gagne les premières rencontres, on arrive sur la Finlande avec le plein de confiance et qui sait peut-être qu’on le gagne…
Jules Boscq lors de France – Finlande au Mondial 2023 (Crédit : X.LAINÉ/FFHG)
2024 sera une année charnière avec un Mondial et surtout un Tournoi de Qualification Olympique…
Comme tout sportif je rêve des Jeux Olympiques. On a déjà commencé à parler de ce TQO. On va se préparer toute l’année pour être prêt. Je prends un exemple : comme toute personne qui va au travail, parfois on a moins envie d’aller à l’entraînement pour différentes raisons. Néanmoins, pendant un an il faudra garder cette envie de travailler encore plus, car on a une qualification olympique à jouer. Il faut bosser dès maintenant, pas deux mois avant.
Que représente les Jeux Olympiques à tes yeux ?
C’est le Graal du sport, tout simplement. C’est un rêve de les vivre. On connaît pas mal de sportif de haut-niveau, mais très peu qui ont déjà fait les Jeux. C’est le sommet du sport. Quand Yorick Treille nous parle des Jeux de 2002 comme d’un moment unique, ça donne envie ! Tous les témoignages nous procurent encore plus de motivation pour décrocher cette qualification.
Pour finir, ce serait quoi une saison rêvée pour toi ?
Individuellement, ce serait de faire une très bonne saison avec mon club et de jouer le plus possible en AHL. Collectivement, participer aux playoffs et remporter le championnat, comme chaque équipe (rires). Et avec l’équipe de France d’aller chercher un quart de finale au Mondial !
Entretien réalisé le 21 août 2023.
Jules Boscq en bref :
- Né le 22 février 2002 à Bordeaux
- Carrière en clubs : Anglet (2019 – 2021), Bordeaux (2021 – 2023), Iowa Heartlanders (2023 – ?)
- Participation à 1 championnat du monde avec l’équipe de France (2023)