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Christine Duchamp : « Nous devons être ambitieux »

21 Juil 2022 12:01   /   A LA UNE, VIE FÉDÉRALE, EQUIPES DE FRANCE

 

Directrice Technique Nationale, Christine Duchamp dresse un bilan positif de la saison des équipes de France, marquée notamment par le maintien des Bleus en Élite et le sacre de l’EDF Féminine au Mondial D1A d’Angers.


Que retenir de cette année pour le hockey français ?

Je retiens un début de saison décevant malgré le sentiment de s’être donné tous les moyens de se qualifier pour les Jeux, ce qui malheureusement n’a pas été le cas pour les deux équipes. Mais aussi, et surtout, une fin de saison très positive avec de bons résultats pour nos équipes de France, même si se maintenir ou monter en Élite n’est pas une fin en soi car on vise toujours plus haut. Nous avons atteint les objectifs pour chaque collectif, ce qui est très satisfaisant. Cela fait beaucoup de bien après deux années difficiles pour le Hockey français.

La saison s’est au fur et à mesure bien goupillée avec en décembre le succès des U20 en Estonie, début avril l’argent pour les U18 Fem et le Bronze pour les U18 Hommes pour finir en apothéose avec les Seniors…

Dès l’été on était sur une très bonne dynamique en termes d’état d’esprit et de jeu produit. On sentait les équipes prêtes à performer et cela s’est confirmé puisque chaque collectif a répondu présent lors de son Championnat du Monde. C’est très agréable de vivre ces moments-là et de voir chaque collectif terminer une compétition avec le sourire.

En Senior Masculin, les Bleus de Philippe Bozon ont réussi la mission de se maintenir. C’était l’objectif dans un contexte particulier…

Nous avons dû nous adapter très vite suite à notre qualification tardive au Mondial. Néanmoins, ce n’est pas le plus difficile d’être invité de dernière minute dans un Mondial Élite ! Nous avions un calendrier et une organisation favorable. Nous n’avions plus joué en compétition officielle depuis 2019 mis à part le TQO d’août, donc il fallait retrouver les repères. On avait vite ciblé les équipes qui devaient terminer derrière nous pour se maintenir, l’Italie et le Kazakhstan. Nous avions l’ambition d’aller chercher une victoire ou deux de plus pour viser les quarts, ce qui n’est pas passé loin contre la Slovaquie et l’Allemagne. Il est très difficile de performer sur cette compétition car chaque match est difficile. C’était un Mondial satisfaisant même si la fin du mondial a été plus difficile.

Comment réduire l’écart qui nous sépare encore des quarts de finale ?

Avec l’aide de l’Agence Nationale du Sport, nous avons fait l’évaluation de notre projet de performance (PPF) et allons apporter des changements significatifs pour mieux préparer la relève, permettre à nos jeunes joueurs de franchir plus rapidement le cap U20 – Senior pour avoir plus de jeunes joueurs du niveau international. Le principe est de concentrer les moyens sur un nombre plus restreint de joueurs, amener plus de concurrence aux meilleurs en pôles espoirs, et proposer un suivi personnalisé à quelques joueurs à très fort potentiel.

Le Mondial D1A organisé à Angers a été une véritable réussite en tout point. Peux-tu nous parler de l’importance de ce Mondial et de l’engouement qu’il a généré ?

L’effet de l’éviction des Russes pour le tournoi féminin a enlevé un peu d’intérêt au tournoi pour les spectateurs, puisque nous avions finalement un groupe de cinq sans la tête d’affiche (ndlr : la Suède a été promue en Élite, laissant le Mondial D1A se jouer à cinq équipes). Nous ne savions pas comment allait réagir le public, notamment après les deux premières éditions reportées et la belle saison des Ducs qui aurait pu apporter de la lassitude chez le public angevin. Cela a finalement été un franc succès, avec notamment une patinoire pleine pour le dernier match. C’était le scénario parfait : gagner la remontée en Élite dans une patinoire pleine, qui est d’ailleurs le nouveau record de spectateurs pour un match féminin en France !

Côté sportif, on savait qu’on était favori pour la montée et il fallait donc répondre présent. La compétition n’a pas pour autant été facile, avec un match particulièrement difficile contre l’Autriche mais les filles ont fait preuve de caractère pour revenir. Le niveau est très serré dans ces groupes, il est toujours très difficile de tout gagner. Ce Mondial fut un réel succès sur et autour de la glace.

Dans ce collectif senior féminin, il va falloir remplacer une génération entière partie pour tenter de décrocher le premier maintien en Elite de l’histoire des Bleues…

On a l’habitude chez les filles de voir les joueuses arrêter leur carrière après les cycles olympiques. Nous avions eu le cas en 2005 et cela avait mis beaucoup de temps pour reconstruire derrière. Cela fait plusieurs années que le staff travaille sur le renouvellement du collectif pour pallier ses départs. Forcément, perdre huit joueuses de qualité va amener du changement mais j’ai confiance en ce groupe et en le staff pour la suite. Les joueuses seniors et U18 viennent de se retrouver pour préparer cette nouvelle saison. Les prochaines confrontations internationales vont être intéressantes pour mesurer le niveau de notre « nouveau » groupe. L’objectif des prochaines années sera de se maintenir en Élite dans un premier temps, en espérant y arriver le plus facilement possible.

Le staff de l’équipe de France avec le Trophée du Mondial D1A obtenu à Angers (Crédit photo : Théo-Bariller Krine)

Le travail du Pôle France, qui vient de voir sept joueuses s’envoler pour le Canada, est prometteur pour l’avenir ?

Totalement. Le Pôle France fait partie du projet global. Dans l’histoire du Pôle on s’est rendu compte que le but même de ce collectif a évolué. À la création on voulait simplement proposer une structure d’entraînement à nos meilleures françaises, alors que maintenant c’est une structure qui permet de se former et d’acquérir les bases du Hockey pour pouvoir évoluer dans les meilleurs championnats étrangers. Plusieurs joueuses s’envolent au Canada cette année et on espère qu’au fil des années ces départs serviront l’équipe de France.

L’année prochaine Angers accueillera encore, cette fois-ci le Mondial D1A des U18 Masculins. Qu’attendre de cette compétition ?

Tout d’abord j’aimerais revenir sur la performance superbe de ce groupe à Piestany en Slovaquie (ndlr : Les Bleuets ont décroché la médaille de bronze). Les U18 Masculins ont été le collectif le plus touché par la pandémie, car ils n’avaient joué aucune compétition depuis 2019 ! En plus de cela, plusieurs stages de préparation ont été reportés/annulés plusieurs fois. Nous avions peu de repères sur ce collectif et finalement ce groupe a su trouver les ressources pour décrocher une médaille, ce qui n’est jamais facile dans cette catégorie. Nos Bleuets ont même tenu la Slovaquie jusqu’à la mi-match alors que la Slovaquie et la Norvège étaient les deux équipes clairement au-dessus de ce tournoi.

Organiser régulièrement des compétitions fait partie de notre stratégie fédérale. Les amateurs de Hockey peuvent ainsi aller voir des compétitions de haut-niveau et s’inspirer. Cela permet aussi de promouvoir le Hockey au niveau local et de voir un public non-connaisseur s’intéresser à notre sport. Nous voulions donc accueillir une compétition et Angers, fort de son expérience avec les filles, a retenu notre attention. Le fait d’évoluer à domicile est aussi une force incroyable pour les joueurs, avec des supporters et souvent sa famille derrière soi. On est très heureux de pouvoir organiser à nouveau une compétition en France.

Peux-tu nous parler de l’intérêt du « Collectif Talent » qui réunira les gardiens de but des différentes équipes de France à l’Aren’Ice en août ?

En collaboration avec Sébastien Beaulieu, nous avons mis en place il y a quatre ans un projet spécifique pour les gardiens de but. Nous sommes ravis que Florian Hardy, tout nouveau retraité, rejoigne la Direction Technique pour mettre en œuvre et renforcer ce programme. Son rôle sera non seulement d’intervenir auprès des gardiens mais également auprès des entraîneurs spécialistes du poste. Le stage d’août fait partie de ce projet. Nous avons identifié un petit groupe de jeunes gardiens à fort potentiel que nous réunissons pour un stage spécifique. Nous allons également démarrer en septembre une nouvelle formation « entraînements gardiens » qui sera plus complète que celle que nous proposions jusqu’à maintenant. Nous espérons à terme que cette formation fédérales en trois niveaux (débutant, avancé, expert) puisse devenir une formation professionnelle.

Cette année marque aussi la création de l’équipe de France de Para-Hockey. Quel est l’avenir de cette nouvelle EDF ?

Nous avons reçu la délégation en 2018 pour organiser le Para-Hockey-sur-Glace. Cette saison s’est terminée avec la première championnat de France organisé et les premiers regroupements pour l’équipe de France de David Lemetais. Il y avait tout un chemin à faire sur le recrutement et l’éligibilité des joueurs. Nous avons l’objectif d’avoir une équipe compétitive pour les qualifications aux Jeux Paralympiques de 2026. Nous devrions participer au premier championnat du Monde de notre équipe de France fin 2022, au sein du groupe C. Ce sera l’entrée de cette nouvelle équipe dans les compétitions internationales.

Globalement que doit-on souhaiter aux équipes de France pour la saison à venir ?

Nous devons être ambitieux alors souhaitons nous des résultats encore meilleurs que ceux de cette année !