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Arbitrage. Entretien avec A.Cheyroux et N.Constantineau

15 Juin 2023 12:30   /   A LA UNE, ARBITRAGE

 

Parcours, expériences, objectifs… retrouvez l’entretien croisé de nos deux arbitres français Alexia Cheyroux et Nicolas Constantineau, récemment sélectionnés respectivement au Mondial Élite U18 féminin en Suède et au Mondial Elite masculin en Finlande et en Lettonie.


Comment avez-vous commencé votre parcours d’arbitre et qu’est-ce qui vous a attiré vers ce rôle ?

N.C : J’ai commencé l’arbitrage en 2012 lorsque j’ai arrêté de jouer. Je me suis donc orienté vers la fédération pour passer les diplômes d’arbitre. J’avais déjà arbitré lorsque j’étais encore au Québec, ce qui fait que j’avais une petite expérience qui m’a aidé pour passer ces diplômes. Exercer en tant qu’arbitre me permet de rester dans le sport que j’aime, parce que ce n’est pas toujours facile de devoir arrêter un sport auquel on joue depuis tout petit.  

A.C : J’ai commencé tardivement le hockey, vers l’âge de 13 ans. Le club où j’évoluais m’a proposé une fois d’arbitrer lors d’un tournoi jeune. C’est une expérience que j’ai réitérée plusieurs fois au cours de la saison et qui a commencé à me plaire. On m’a ensuite proposé de faire un stage national. J’ai alors pu atteindre un niveau de jeu que je n’aurai jamais pu atteindre en tant que joueuse. J’adore la cohésion que j’ai avec mes collègues et les joueurs, mais surtout la passion qui règne. Depuis que la saison s’est arrêtée, j’attends avec impatience la reprise.  

Quelles sont les étapes que vous avez dû franchir pour devenir un(e) arbitre international(e) ?

A.C : On commence de club en club en arbitrant les petites catégories. On suit une formation club, une formation sur les bases de l’arbitrage expliquant ce qu’est un arbitre et quels sont ses devoirs. Au fur et à mesure le niveau monte sur le stage régional, ce qui permet d’arbitrer à un niveau plus élevé. Une fois le stage pré-national terminé, qui distingue les arbitres qui ont le niveau national, on passe au stage national avec des tests écrit et physique pour vérifier nos connaissances et nos conditions physiques. Enfin, il y a la licence internationale qui est un peu le Graal pour les arbitres nationaux. Elle nous offre l’opportunité d’arbitrer sur des compétitions internationales et de représenter la France à l’étranger.

N.C : Je me suis informé auprès de la fédération, qui m’a envoyé sur un stage de sélection U15 dans la Zone Sud-Est à Albertville. Après ce stage, j’ai pu passer les diplômes pour devenir arbitre régional, ce qui m’a permis d’arbitrer en Division 3, en U17 et en U20. Avec quelques matchs en tant qu’arbitre régional, j’ai pu recueillir de l’expérience. J’ai par la suite été invité pour un stage d’arbitre national en 2013. Pendant environ trois ans, j’ai arbitré en D1 et en D2, avant de commencer à arbitrer en Synerglace Ligue Magnus. Quand on commence à arbitrer au plus haut niveau, la fédération nous prend des licences internationales. J’ai donc commencé à arbitrer sur des matchs internationaux lors de la saison 2017/2018, avec un tournoi U20 à Courchevel pour mes premiers pas. En 2018, les choses se sont rapidement enchaînées, puisque j’ai arbitré mes premiers rencontres de Coupe de France et mes premières finales de Synerglace Ligue Magnus. Après l’interruption à cause de la crise sanitaire, j’ai effectué mes premiers championnats du monde élite. Enfin, depuis 2021, j’ai participé à trois championnats du monde élite.

Quelles sont les compétences essentielles dont un(e) arbitre a besoin pour réussir au niveau international ?

N.C : C’est important d’être rigoureux avec les règles de jeu, mais aussi dans sa préparation. Il faut aussi prendre du plaisir dans notre rôle d’arbitre, ce qui n’est pas toujours facile lors de chaque rencontre.

A.C : Cela parait basique, mais il faut savoir patiner ! Il faut savoir le faire de façon intelligente en ressentant le jeu et justement savoir lire le jeu en anticipant l’action. Nous avons bien sûr le devoir de connaître parfaitement les règles du jeu. Ce sont des profils complets qui sont recherchés. Quelqu’un qui patine rapidement ne sera pas forcément un bon arbitre, tout comme quelqu’un qui connait seulement le règlement par cœur. C’est vraiment une combinaison de facteurs qui font d’une personne un bon arbitre. Il faut surtout avoir une grande passion pour ce sport, car on y consacre beaucoup de temps.  

Alexia, quels sont les défis auxquels tu es confrontée en tant qu’arbitre internationale ? Comment les surmontes-tu ?

A.C : Plus le niveau monte, plus il y a de nombreux enjeux financiers ou sportifs qui rentrent en comptent. On n’a donc pas le droit à l’erreur. Même si l’erreur reste humaine, on doit tout faire pour l’éviter. Tout se joue lors de la préparation, qui est indispensable à mes yeux. Il faut rester lucide et concentré durant tout le match pour prendre les meilleures décisions. En cas d’erreur, il faut savoir vite rebondir et mettre l’erreur de côté pour se reconcentrer sur le match. Ça se travaille au fil du temps en grappillant de l’expérience match après match.  

Comment avez-vous vécu les championnats du monde 2023 et qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?

N.C : Ce qui est bien avec l’arbitrage, c’est que peu importe le pays où tu arbitres, cela reste une grande famille. On se fait de nouveaux amis rapidement. Ce qui est intéressant également, c’est que chaque pays à sa “manière” d’arbitrer. On peut donc de voir les choses d’un autre œil et échanger. Ça donne l’occasion d’évoluer et de devenir meilleur à la fin de chaque tournoi.

A.C : J’ai été honorée d’être sélectionnée pour officier à ce niveau là, c’était une première pour moi.  La CARJ m’a donné l’opportunité de beaucoup travailler sur le système à 4 en Ligue Magnus tout au long de la saison et encore plus avant mon départ ce qui m’a permis de partir sereine sur ce point là. Mes collègues expérimentés m’ont beaucoup épaulée dans cet apprentissage. J’avais beaucoup de pression car je savais que la marche serait grande entre le U18 D1A et le Groupe A U18, et cela s’est confirmé sur place. Le niveau de jeu est incroyable, c’est très pro, tout est très bien organisé, nous n’avons qu’à nous concentrer sur nos matchs avec des coachs qui sont à notre disposition pour nous épauler et nous évaluer. Nous n’avons pas d’excuse pour ne pas performer !  Ce tournoi a été une expérience exceptionnelle, d’un point de vue sportif, humain, car au delà du sport, l’arbitrage permet de nouer des liens d’amitié uniques et très forts.

Quelles sont les différences clés entre les matchs nationaux et internationaux ?

A.C : Pour moi la première différence est que je n’arbitre que les féminines au niveau international, alors qu’au niveau national je n’arbitre que les masculins. Ce n’est pas du tout le même jeu… et je dirais même que ce n’est pas le même sport ! Cela n’a rien de péjoratif, c’est juste que le jeu est très différent entre le hockey masculin et le hockey féminin. Étant donné qu’il n’y a pas de contact au hockey féminin, le jeu est plus technique et donc les décisions à prendre ne sont pas toujours les mêmes. 

N.C : La grosse différence réside dans le niveau de jeu. Les matchs internationaux demandent beaucoup de rigueur et de professionnalisme. Il faut savoir suivre les joueurs dans leurs exécutions. C’est beaucoup plus rapide au niveau international, bien qu’il y ait certains matchs plus lents que d’autres (rires).

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui aspire à devenir un arbitre et à atteindre le niveau international ? 

N.C : C’est important de se mettre dans le chemin du travail. Il ne faut pas avoir peur de prendre un chemin différent de ce que l’on avait prévu. Il faut se dire que quoiqu’il arrive on reste dans la sphère du hockey. Cela reste une autre manière de vivre le match et on garde quand même une excitation avant chaque rencontre.

A.C : Mon premier conseil serait de ne pas choisir entre jouer et arbitrer. S’il a la possibilité de continuer à jouer, il faut qu’il le fasse. Il faut qu’il aille au bout pour ne pas avoir de regret. L’important est de connaître les règles, d’être prêts physiquement et de travailler fort tout le temps pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. Et toujours prendre du plaisir !

Pour finir, quels sont tes objectifs en tant qu’arbitre ?

N.C : Mon rêve ultime serait de pouvoir participer aux Jeux Olympiques, notamment ceux de Milan en 2026. Sinon j’aimerais continuer à arbitrer en Synerglace Ligue Magnus et en championnat du monde.  

A.C : En France je voudrais continuer à progresser au plus haut niveau en Synerglace Ligue Magnus et en D1. A l’international j’ai eu la chance de pouvoir goûter au championnat du monde U18 féminin en Suède. J’ai pu découvrir un autre monde, donc l’objectif serait de rester dans cette poule d’arbitres élites. Sur du moyen terme je vise les Jeux Olympiques de Milan en 2026. Je travaille fort pour y arriver et j’espère que ça paiera !