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L. Baudrit « Ma seule ambition est de gagner, ou en tout cas monter »

17 Avr 2024 18:44   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE, EQUIPE DE FRANCE SENIOR FEMMES

 

A quelques jours du début de Mondial D1A à Klagenfurt, la capitaine des Bleues, Lore Baudrit évoque les objectifs durant cette compétition, l’état de forme du groupe ou encore son rôle de capitaine !

Crédit photo : Krisztian Horvath


Comment sens-tu le groupe à quelques jours de commencer la compétition ?  

Je le sens vraiment bien ! Nous faisons un super début de préparation, ça se passe vraiment bien dans le groupe. On a récupéré toutes les joueuses, le groupe est au complet. On a mis des choses en place pour créer une dynamique dans l’équipe, et aussi fait pas mal de réunions pour se remettre en tête les stratégies.  

« On a ce tempérament de se dépouiller pour chacune d’entre nous »

Selon toi, quelles sont les forces de l’équipe avant d’aborder ce Mondial ? 

On est une équipe plutôt homogène. Nous avons réussi à construire des lignes avec des forces partout ! Ça peut être vraiment positif, surtout en D1A, où souvent les équipes n’ont que deux bonnes lignes, et ça baisse ensuite. On est vraiment dans la construction d’un groupe solidaire. Tout le monde veut se dépouiller pour le groupe, on veut instaurer cette mentalité. C’est dans notre culture d’équipe et ça se perpétue, c’est vraiment une force. On a différents profils de joueuses, avec des expériences diverses. Sur le papier, on est une jeune équipe au niveau des âges, mais qui a déjà accumulé beaucoup d’expériences communes. On se connaît plus en tant que groupe, ça va nous aider.  

Cet état d’esprit peut faire la différence dans une compétition comme celle-ci ?  

Clairement ! Quand tu es dans un groupe comme la D1 A, avec des niveaux assez proches, ça peut changer la donne. Notre équipe a des niveaux homogènes, avec des tops joueuses qui peuvent faire la différence, ça aide aussi. Cet état d’esprit nous avait permis de remonter les deux dernières fois de D1A en Elite. On n’était pas forcément la meilleure équipe ces deux fois-là, mais on a réussi à concrétiser grâce à ce tempérament de se dépouiller pour chacune d’entre nous.  On a aussi confiance en ce que nous propose les coachs, on suit le plan de match, on est dans la même lignée. 

C’est une fierté d’avoir le « C » en Equipe de France »

Il y a aussi cette confiance entre toutes les coéquipières ! 

Chaque ligne, chaque joueuse sait ce qu’elle peut apporter au groupe. On sait nos forces et on se fait confiance là-dessus. C’est super important ! 

Vous commencez par les Pays-Bas, une équipe qui vous a bien réussie il y a deux ans au Mondial. Que faire pour accrocher une nouvelle victoire face à cette équipe ?  

Ces dernières années, elles nous ont bien réussies. Les observateurs diront que les Pays-Bas sont censés être moins forts que nous, mais à la fois faut rester humble. C’était une équipe, prétendue condamnée à la descente la saison dernière, qui est passée à un but de monter. Elles n’étaient pas loin de la surprise. On sait ce qu’on à faire, on doit suivre le plan de match. Si on fait ça, on doit remporter cette confrontation. Il ne faudra pas les prendre à la légère, je pense que c’est ce qui est arrivé l’année dernière dans leur groupe. Au final, elles ont montré qu’elles pouvaient rivaliser avec des équipes de cette division.  

Tu as pris la succession de Marion Allemoz en tant que capitaine de l’Equipe de France ? Que représente pour toi ce statut en Bleue ? 

(elle réfléchit)  C’est une fierté d’avoir le « C » en Equipe de France. Sur les 15 dernières années, il n’y a eu que deux capitaines : Marion et moi. Après, dans mon rôle de leader en tant que tel, il n’a pas trop changé avec ce statut. Ce capitanat amène un petit plus, car t’es plus regardé. On a construit aussi un bon groupe de leaders, avec les filles, c’est un ensemble.  

Quel est ton rôle au sein de cette équipe, tu es la « grande sœur » de ce groupe ? 

Je ne sais pas si je suis « la grande sœur ». C’est sûr qu’il y a des jeunes avec qui j’ai quasiment 15 ans d’écart. Pour moi, c’est plus l’idée d’être un exemple, de les accompagner pour les mettre en confiance, qu’importe l’âge ! Si t’es dans le groupe, c’est que tu as ta place et que tu as des choses à apporter. L’objectif est d’emmener le collectif et que toutes les joueuses se sentent bien.  

A titre personnel, quels sont les objectifs pour ce Mondial ? 

De gagner ! (rires) C’est ma seule ambition, ou en tout cas monter. Monter en étant championne serait l’idéal, après on peut monter en étant deuxième. Être championne du monde serait parfait ! 

Collectivement, la Mission Bleue sera de terminer aux deux premières places pour la remontée dans l’Elite. Comment y parvenir ? 

Il faut qu’on prenne les matchs un par un. Les deux fois où on termine championne, on n’a pas gagné tous les matchs. Il y a différents scénarii qui peuvent arriver. L’important est de se concentrer toujours sur le jour J, sur le match, sur ce qu’on nous demande de faire. Il faut aussi qu’on joue ensemble, qu’on ait cette cohésion de groupe, qui est vraiment une de nos forces. Dans les moments difficiles, de doute, c’est ce qui pourra faire la différence. C’est le petit plus qu’on a toujours eu. Et puis si tu commences le Mondial par une victoire, tu entames une dynamique positive, ça ne peut être que bénéfique. J’espère qu’on sera dans le monde idéal, qu’on battra tout le monde, qu’on ne sera jamais dans le doute. Mais ça serait mentir car on aura forcément des périodes un peu plus compliquées. Et ce sont dans ces moments que la valeur de cohésion ressort !  

 

Les dernières montées se sont faites en ne remportant pas tous les matchs. C’est un challenge supplémentaire pour ce Mondial ? 

Si j’avais le choix, je préférerais battre tout le monde que monter en ayant le frisson à la fin, c’est sûr. On montrerait aussi que nous sommes les meilleures de ce groupe et qu’on mérite d’être dans l’Elite. Mais on n’en parle pas entre nous. Nous, c’est la montée et prendre les matchs les uns après les autres. Toutes les équipes se regardent. Ce que tu dégages quand tu as une grosse victoire, c’est un message que t’envoies pour la suite de la compétition aux adversaires. C’est un ensemble, il y a une part de mental. On veut montrer que ça sera dur quand les autres équipes joueront contre la France.  

« J’adore jouer au hockey, partager ces moments en équipe »

Tu comptes 214 sélections et plus de 16 ans en EDF. Qu’est-ce qui a changé selon toi dans cette nation durant toutes ces années ?  

On a gagné ce côté professionnel ! On a de meilleures structures, on a un staff plus fourni avec un encadrement, un accompagnement hors-stages. Il y a plus de moyens mis. Du côté des joueuses, on a un passé un gros cap au niveau physique. Quand je suis entré, on était des bonnes joueuses de hockey, mais il nous manquait cette partie. Les jeunes joueuses sont maintenant encadrées plus tôt dans ce développement avec de meilleures opportunités. Le niveau de l’Equipe de France se réhausse grâce à cela. Tout est vraiment bénéfique pour le projet !  

 

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Comment faire pour garder une source de motivation intacte durant toute cette période ?  

C’est simple, je suis une passionnée ! J’adore ce que je fais, j’adore jouer au hockey, partager ces moments en équipe ! Je prends encore plus de plaisir maintenant sur certains aspects de notre sport. Quand j’étais plus jeune, je n’étais pas une adepte de la préparation physique, je n’avais pas compris les bienfaits que cela pourrait procurer. Je n’avais pas fait le lien qu’en étant en forme physiquement, je serais meilleure sur la glace. Je l’ai compris un peu tard. J’ai passé un gros gap au niveau physique, plus tard dans ma carrière. Je continue d’apprendre, c’est ce qui m’anime. J’ai 32 ans mais je pense que je progresse encore. C’est plaisant d’avoir de nouveaux défis. Comme là, je vais jouer au centre, j’ai joué au centre toute la saison en Bleue, mais je n’y avais pas joué depuis 12 ans auparavant, je pense. Je l’avais fait vraiment à mes débuts. Les coachs m’ont demandé cette mission et ça m’apporte un nouveau focus. C’est intéressant et je kiffe !  

Tu te bonifies avec le temps … 

Franchement, j’en ai l’impression (rires). Honnêtement, je fais des meilleurs résultats physiquement qu’il y a 10 ans. Sur la glace, je pense que je suis bien meilleure qu’à cette période aussi. Je prends aussi beaucoup plus soin de mon corps, car à 32 ans, tu ne peux pas faire n’importe quoi. L’enjeu est de rester en forme, et de ne pas connaître de petites ou grosses blessures. Sinon, c’est beaucoup plus difficile de revenir qu’à 20 ans.  

Comment tu vis ce changement de poste avec ce retour au centre ?   

Je le vis bien ! Je suis perfectionniste donc quand ça ne fonctionne pas comme j’ai envie, c’est un peu frustrant.  Mais, c’est un bon challenge pour moi. Je sais ce que je peux apporter à cette équipe dans cette position. On échange beaucoup avec mes coéquipières de ligne. Avec Estelle Duvin, on se donne des tips comme sur les face-off. Elle est très forte sur cette partie donc c’est intéressant de pouvoir échanger avec elle. Je les travaille contre l’une des meilleurs centres qui sera présente au Championnat du Monde. C’est bénéfique pour moi (sourire). C’est un rôle différent, je dois avoir plus de réflexion. Quand je suis à l’aile, mon corps a les automatismes, ici un peu moins. Mais si ça peut rendre l’équipe plus forte dans cette configuration, j’en serais très heureuse.