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Athéna Locatelli : « Je suis une grande compétitrice »

31 Mar 2023 11:19   /   A LA UNE, EQUIPES DE FRANCE

 

Revenue endosser le maillot de l’équipe de France féminine pour disputer le Mondial Elite à Brampton (CAN) du 5 au 16 avril, la défenseure tricolore Athéna Locatelli (31 ans) s’est livrée sur son grand retour chez les Bleues. La joueuse du Helsinki IFK, tout juste championne de Naisten Liiga, a d’abord évoqué sa belle saison en Finlande, avant de s’exprimer sur le championnat du monde qui commence mercredi prochain.

Crédit photo : Théo Bariller-Krine


Dans un premier temps, comment te sens-tu après avoir terminé ta saison en club avec le titre de champion de Naisten Liiga sous le couleurs du Helsinki IFK ?

Avant tout, je suis très contente. La saison a été très longue pour nous vu que la formule du championnat a changé cette année. On a joué presque 40 matchs en saison régulière avant de commencer les playoffs, donc il y a eu beaucoup d’investissement, de travail et de fatigue. Mais forcément, finir sur un titre cela ramène de l’énergie. Tous les moments difficiles restent derrière nous et ils se transforment en quelque chose de magnifique. Il s’agissait de la suite logique pour moi, sachant que les deux années précédentes j’avais empoché la médaille de bronze (2021) et la médaille d’argent (2022) avec Helsinki. Les émotions étaient fortes, on voulait vraiment aller chercher ce titre. C’était une belle façon de clôturer la saison en Finlande pour rejoindre ensuite l’équipe de France au Canada. 

A présent, tu fais ton retour chez les Bleues pour le Mondial Elite à Brampton (CAN), alors que tu avais décidé de mettre un terme à ta carrière internationale après la montée obtenue à Angers en avril 2022. Qu’est-ce qui t’a donné envie de revêtir le maillot tricolore ?

Il s’agit d’une démarche plutôt morale qui est quand même compliquée pour un athlète. La décision de revenir pour ce Mondial a été difficile à prendre, parce que quand on fait le choix de dire « stop » à sa carrière internationale, c’est quelque chose qu’on acte. Quand j’ai décidé de raccrocher à Angers, je l’ai fait aussi par rapport à ma génération. On était plusieurs à le faire en même temps (avec Marion Allemoz, Caroline Baldin, Anouck Bouché, Lara Escudero, Gwendoline Gendarme, Léa Parment et Morgane Rihet) et pour moi c’était vraiment beau et fort, mais surtout la plus belle façon de partir. En me réengageant sur ce championnat du monde à Brampton, c’est une manière de remettre en jeu mon départ. Ayant posé les pour et les contre, je me suis dit que je pouvais apporter de ma personne à l’équipe de France durant quelques matchs encore. On s’est mis d’accord avec le staff sur mon rôle au sein de l’effectif. Dans le groupe défensif, je suis la seule joueuse à avoir joué un Mondial Elite (ndlr : à Espoo en Finlande en 2019), donc je ferai le maximum pour aider et pour performer. Maintenant, il y aura une autre fin à l’issue de ce Mondial. Reste à savoir comment elle sera ! 

Athéna Locatelli avec les Bleues au Mondial D1 à Angers en avril 2022 (Crédit photo : Théo Bariller-Krine)

On imagine ton impatience de repartir au combat avec tes coéquipières !

J’ai hâte qu’on y soit ! Ce qui nous fait vibrer avec l’équipe de France, c’est de profiter avec le groupe et surtout de vivre des émotions intenses durant les compétitions officielles. Nos matchs de préparation contre l’Université de Toronto et le Japon vont me permettre de reprendre mes marques avec l’équipe (ndlr : l’équipe de France féminine s’est imposée sur le score de 4-3prl à la Varsity Arena de Toronto dans la nuit du jeudi 30 avril), et c’est important avant d’entamer le Mondial. 

Athéna Locatelli lors du match de préparation contre l’Université de Toronto le 30 avril (Crédit photo : Seyran Mammadov)

A Brampton il s’agira de ton 11ème Mondial avec les Bleues depuis 2008. Que représente cette longévité pour toi ?

C’est l’aboutissement d’une carrière et un moment de plaisir à vivre ! Tous les efforts et l’investissement qu’on donne pour l’équipe de France, on ne le fait pas pour jouer au plus bas niveau. Participer à un championnat du monde élite, c’est une sorte de récompense et une opportunité incroyable, d’autant plus qu’on le dispute cette année au Canada. L’organisation sera certainement plus importante que celle d’Espoo (FIN) en 2019. Je suis une grande compétitrice, et je pense que c’était au final un événement à rajouter dans ma saison et ma carrière. 

Athéna Locatelli avec les Bleues au Mondial D1A à Vaujany en 2018 (Crédit photo : Olivier Brajon)

Tu vas côtoyer de nouvelles joueuses au sein de l’effectif, qui effectueront leur premier championnat du monde. Quels conseils t’apprêtes-tu à leur donner pour bien aborder la compétition ?

De ne pas réfléchir au scénario du match et de ne pas penser au résultat final. Il faut vivre le moment présent à fond, match après match, et tout faire à 100% que ça soit dans les bonnes choses ou même dans les erreurs. Être capable de regarder derrière et de se dire « c’était juste incroyable, j’ai tout donné ! ». 

Tu as déjà eu l’occasion de disputer un Mondial Elite, en 2019 en Finlande. Selon ton expérience, sur quels points le maintien va-t-il se jouer à Brampton ?

Les matchs contre la Finlande et la Suède, on ne les abordera pas de la même manière que face à la Hongrie et l’Allemagne. Les stratégies seront différentes. On subira probablement contre les Finlandaises et les Suédoises, même si on sait qu’on est capable de surprendre. Concernant les sélections hongroise et allemande, ce sont des équipes qui se situent plus proches de nous au niveau du ranking IIHF. Le maintien face à ses quatre nations passera par la discipline de nos actions, dans le suivi de plan de match, et aussi sur le sacrifice de soi pour l’équipe. Il faudra également être disciplinées et rester nous-mêmes pour imposer notre jeu. On a notre carte à jouer. Personne ne nous attend et je pense que cette position d’outsider nous correspond. 

La France n’a jamais affronté la Finlande en championnat du monde et va donc être confrontée à ce gros adversaire dès le premier match. Que peux-tu nous dire sur cette nation, toi qui évolues avec plusieurs joueuses internationales à Helsinki ?

C’est un pays de hockey, une grosse cylindrée. Techniquement et stratégiquement, c’est fort ! C’est une équipe qui a complètement contre-performé au dernier championnat du monde élite et qui se retrouve dans notre groupe aujourd’hui (ndlr : les Lionnes ont terminé sixièmes au Mondial 2022 au Danemark). Je pense qu’elles auront à cœur de vouloir regagner leur place. On sait que ça va être du solide ! Avec Clara Rozier (ndlr : attaquante du HIFK depuis 2020), on a la chance de savoir à quoi s’attendre, et c’est un plus qu’on peut partager avec le reste du groupe. 

Vous allez également retrouver la Suède, pratiquement deux ans après le mauvais souvenir de Luleå au TQO. Y’aura-t-il un sentiment de revanche par rapport à ce cours revers qui vous avez privé de jouer les JO à Pékin ?

Il y a toujours un sentiment de revanche après avoir perdu sur une échéance qui était certainement l’une des plus importantes de nos carrières. On n’oublie pas, ça reste dans un petit coin de notre tête. Après, on n’enlèvera pas ce qui s’est passé à Luleå peu importe l’issue contre la Suède. 

Athéna Locatelli avec les Bleues au TQO 2021 contre la Suède (Crédit photo : Xavier Lainé)

La Hongrie et l’Allemagne sont vos deux principaux concurrents dans ce groupe B ?

L’objectif principal est d’être classée troisième de notre groupe en mettant derrière nous la Hongrie et l’Allemagne. Ce sont deux équipes qu’on connaît bien, même si pour ma part je n’étais pas présente lors des derniers regroupements où l’équipe de France a affronté la Hongrie (ndlr : aux Tournois 4 Nations à Vaujany, à Amiens et à Budapest). Notre autre priorité n’est pas d’aller chercher une victoire contre la Finlande, mais peut-être plus d’accrocher des points face à la Suède. 

Après tant d’années chez les Bleues, est-ce qu’un maintien au Canada serait l’une des plus belles récompenses ?

Pour moi la meilleure récompense aurait été une qualification olympique, et je pense que rien ne pourrait remplacer ça. Mais la deuxième place pourrait être attribuée à un maintien ou à un quart de finale en élite (rires). 

Entretien réalisé le 29 mars 2023.


Athéna Locatelli en bref :

  • Née le 16 juillet 1991 à Bourg-de-Péage (Drôme)
  • Carrière en clubs : Université de Montréal (2012-2014), Villard-de-Lans (2015-2018), Pôle France féminin (2018-2019), Villard-de-Lans (2019-2020), Helsinki IFK (depuis 2020)
  • Participation à 10 championnats du monde avec l’équipe de France (2008, 2009, 2011, 2012, 2013, 2014, 2017, 2018, 2019 et 2022)

Autour du Mondial Elite :