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La Ligne Bleue N°38

29 Juin 2019 10:00   /   NEWSLETTER

 

De 22 à 20 joueurs sur la feuille match, un petit recul pour une grande avancée !

Parmi les nouveaux règlements validés par les clubs présents à l’Assemblée Générale du 23 juin, la modification du nombre de joueurs inscrits sur la feuille de match est une petite révolution. La régulation des effectifs a pour objectif de renforcer le temps de jeu effectif et la proportion de joueurs français dans toutes les divisions. Jusqu’à présent, une équipe pouvait être composée – au maximum – de 22 joueurs dont 2 gardiens but. Le nouveau format qui entrera en vigueur dès la saison prochaine (septembre 2019) concerne la catégorie sénior masculine D2, D1 et SLM. Changement majeur, le nombre maximum est réduit à 20 dont 2 gardiens. Alors pourquoi ce changement ?

Il faut dans un premier temps, rappeler que les compositions d’équipes doivent comprendre un nombre minimum de JFL (Joueurs Formés Localement). Jusqu’à présent ce nombre était de 11 soit 50% de l’effectif maximum, il sera pour la saison prochaine de 10 (dont un gardien) mais sur un effectif maximum réduit à 20 (2 gardiens + 18 joueurs). Une équipe composée de 18 joueurs aura donc un maximum de 8 « non JFL » dans son alignement.

Dans un second temps, il faut considérer qu’aujourd’hui, une équipe de hockey ne pourra prétendre être compétitive en utilisant trop intensivement les mêmes joueurs (risque de fatigue et de blessures). Une rotation à 15 est plus exigeante qu’à 18. Par cette régulation des effectifs, la Fédération entreprend, non seulement, de modifier le nombre de joueurs non formés dans l’hexagone mais souhaite donner du temps de jeu effectif aux joueurs formés en France.

Si la législation, et plus particulièrement, la libre circulation des travailleurs dans la communauté européenne, est une aubaine pour recruter des joueurs de nations plus ou moins voisines (comme la République tchèque, la Suède ou la Finlande – pour ne citer que des puissances mondiales réputées et à fort contingents de joueurs) il est important de développer des joueurs pour nos équipes nationales. Fruit de réflexions et concertations, cette réforme vise donc à offrir dans les championnats D2, D1 et SLM des conditions favorables à l’épanouissement de nos meilleurs joueurs formés dans nos structures. Opposés et associés à des joueurs issus d’autres pays est, et restera, un moyen de parfaire leur développement sereinement dans des championnats hexagonaux compétitifs.

La prochaine saison sera la première avec ce format. En plein mois de juin, nous sommes allés à la rencontre des techniciens et managers pour évoquer les impacts de ce changement notamment sur le recrutement et la composition de leur équipe. Spontanément à l’évocation de cette réforme, la première réaction est unanimement positive. « Il s’agit d’une excellente nouvelle pour nos jeunes joueurs » dit Alexis Billard (Coach des U20 et coach adjoint des Ducs à Angers SLM). À Bordeaux, Stephan Tartari (Manager des Boxers) ou à Morzine, Stephane Gros (Coach et Manager) saluent une décision qui va dans le sens du hockey français. « Dès la fin de leur carrière junior, il y aura plus de postes offerts aux Français » indique le Manager de Bordeaux dont le club se construit un mouvement junior complet.

En D2 cette saison, Romain Bonnefond, Manager et coach de Roanne se dit satisfait pour son club mais aussi pour l’entente récemment conclue avec Clermont-Ferrand et Lyon, mais également pour la Division 2 : « Les jeunes Français trouveront du temps de jeu de qualité dans un championnat qui convient parfaitement aux années post-junior ». C’est entendu comme cela aussi à Angers, qui utilise des licences bleues avec Cholet, club de D1. « Les moins de 23 ans trouvent avec cette réforme, un accès privilégié au niveau qui leur convient mieux ». Comme Stephan Tartari et Stéphane Gros, il précise que la SLM n’est pas la meilleure ligue de développement, sauf pour les joueurs à maturité précoce. « A ce jour, rares sont ceux qui peuvent prétendre prendre une place dans sur les 2 premières lignes à 19 ou 20 ans » précisent-ils.

Il s’agit donc de regarder cette réforme avec une vue d’ensemble. La règle des accords de libre circulation (licences bleues) que beaucoup de clubs pratiquent depuis plusieurs saisons (Rouen et Caen, Amiens avec Dunkerque et Wasquehal, Grenoble avec Chambéry et Vaujany…) a établi des ponts qui permettent aux clubs formateurs d’offrir du temps jeu aux jeunes séniors. Objectif : les conserver et les faire grandir. Les « contingents » ne se limitent pas aux joueurs sur la feuille de match, et encore moins à partir de cette saison » explique Alexis Billard. « Nous formons des U17 et des U20 pour le hockey français, nous devons leur donner du temps de jeu, en SLM ils peuvent se sentir frustrés, descendre d’une division s’avèrera une option épanouissante ».

À Morzine, impliqué de la première heure dans le HC 74, le passage à 20 joueurs dont 10 français est une formalité. Pour Stéphane Gros : « le vivier de joueurs est dense, les joueurs seront impliqués dans le projet et on fera jouer la concurrence », et il aborde un autre point ; celui des entraînements (plus nombreux en D1 et D2 qui ne jouent qu’un match hebdomadaire) : « Il faut 4 lignes pour construire des séances efficaces, il y aura plus de concurrence à l’entrainement » comme le confirme tous les entraîneurs interrogés. « Je dois tenir compte d’éventuels blessés ou malades » précise Romain Bonnefond, « je dois pouvoir compter sur 24 joueurs pour 22 à l’entraînement, ça mettra mécaniquement de la concurrence »

À Bordeaux, les U20 feront le saut plus tôt. « Nous allons les intégrer au groupe et aux séances d’entraînement, cela leur donnera le rythme » ajoute le Manager des Boxers. Si le joueur est placé au bon échelon, avec plus de passerelles et plus de postes, il y en aura plus de JFL sur la glace. Alexis Billard : « Pour rejoindre le haut niveau international, jouer avec et contre des adultes est une bonne voie pour un junior français ».

Ce format de feuille de match à 20 trouve des soutiens à tous les niveaux. Rares sont les changements de règles qui reçoivent un aussi bon accueil. Les clubs, les officiels, les médias, les fans et tous les acteurs ont salué cette annonce fin février 2019. Et si, comme le souligne Stéphane Gros, pour cette saison, le volume de JFL* sera théoriquement inférieur – un petit pas en arrière (10 JFL* en D1 et SLM en 19/20) – c’est pour faire des pas en avant avec des dispositions déjà validées pour la saison 2020/21 (11 en D1 et 13 en D2). Cela va dans le sens de préparer les staffs et d’identifier les joueurs à potentiel. En effet, si toutes ces dispositions, d’apparence contraignantes, doivent trouver une logique, c’est bien celle de fidéliser et de développer nos meilleurs jeunes dans nos championnats. Les aguerrir le long de leur parcours junior, multiplier les matches, (ils peuvent jouer senior dès 17 ans vendredi ou samedi et U20 le dimanche). Les calendriers le permettent et avec la volonté de tous, le volume de JFL* ne cessera de s’accroître offrant ainsi aux clubs et aux sélectionneurs plus de ressources, plus de qualité et de choix franco-français. CQFD !

*JFL : La définition du Joueur Formé Localement, établie à l’article 8 du règlement des activités sportives, restera inchangée : « un joueur qui indépendamment de sa nationalité ou de son âge, a été licencié auprès d’un ou plusieurs club(s) affilié(s) à la FFHG et/ou FFSG, pendant une période continue ou non de trois saisons complètes (date limite des transferts fixée par la FFHG jusqu’à la date de fin de saison fixée par la FFHG) jusqu’à l’âge de 20 ans ou jusqu’à la fin de la saison pendant laquelle le joueur a son vingtième anniversaire, sans distinction de club. »